Bras de fer Pouvoir- IRA : Qui aura le dernier mot ?

Le nouvel An 2014 s’annonce très périlleux pour l’ONG Ira et le pouvoir en place, qui se livrent une guerre de tranchées sans merci, tantôt à travers des communiqués de presse, des déclarations d’accusation et de dénigrement réciproques, tantôt par des accrochages violents, mettant en tenaille les forces de l’ordre aux activistes de l’organisation abolitionniste.

L’IRA vient de tenir samedi dernier une conférence de presse s’inscrivant dans le cadre de cette bataille musclée pour la suprématie de son discours militantiste sur celui du régime.

Ce dernier étant plutôt orienté dans le sens annihilateur des messages de l’ONG et annonciateur d’une nation résolument engagée dans la voie de l’éradicateur des cruelles disparités sociales entre ses composantes.

Dans cette rencontre avec les médias, l’IRA a dénoncé ce qu’elle a appelé des tracasseries violentes exercées à l’encontre de ses militants, dans le but de les contraindre à renoncer à leur serment de lutte contre l’esclavage jusqu’à l’avènement d’une société mauritanienne totalement juste et où les citoyens sont indifféremment égaux devant leurs droits et leurs obligations.

Cette guerre de longue haleine entre le pouvoir en place et l’IRA, qui se jouait hier sur les tribunes des Nations Unies, consacrant la sélection du leader de l’ONG abolitionniste de l’esclavage Biram Ould Dah Ould Abeid de lauréat au prix des Nations Unies pour les droits de l’homme pour l’année 2013, vient de connaître récemment son prolongement à l’intérieur du pays, augurant des batailles d’envergure dans les prochains mois pour s’imposer dans le ring de défense des droits de l’homme.

En effet, après les fortes contreoffensives menées par la CNDH à travers sa dame de fer Irabiha Mint Abdel Weddoud contre l'IRA, notamment l'attribution 'constestée" à son avis du prix des NU à son leader, suivies de la sortie sur des médias internationaux du Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf accusant implicitement l’IRA et son président de jouer par voie de procuration le jeu des israéliens, en remuant fortement toutes les plaies sociales et économiques qui peuvent faire mal à la Mauritanie, pour déstabiliser le pays ainsi que pour discréditer davantage ses dirigeants, l’Ong abolitionniste a déploré l’acharnement illimité dont elle dit faire constamment l’objet de la part des autorités ainsi que des violences faites à ses activistes.

Dans cette rencontre avec les médias, précédée la semaine passée par des sorties virulentes contre le gouvernement mauritanien d’autres consœurs de l’IRA telles l’AMDH, SOS-Esclaves, au cours desquelles des propos du Premier ministre mauritanien recuiellis par une chaine TV étrangère ont été qualifiés de choquants et d’indignes, l’ONG a dénoncé ce qu’elle a appelé la répression de ses militants « venus exprimer, paisiblement, leur soutien aux veuves et orphelins de la fosse commune de Wothie » , rappelant que « le droit de visite et de recueillement sur les cimetières est sacré parmi la société mauritanienne ».

L’IRA a lancé par ailleurs un appel à toutes les organisations de la société civile nationale et internationale à l'aider à localiser et à dénombrer l'ensemble des fosses communes disséminées pendant les régimes d’exception, soulignant que les victimes « ont droit à une sépulture digne de leur sacrifice » et que les ayant-droits ont droit aussu à faire leur deuil.

C’est vendredi dernier que des militants des droits de l’Homme de IRA Mauritanie, Sos Esclaves, AMDH, COVIRE, Kawtal Yelitaré et le collectif des veuves et orphelins ont fait le voyage de Wothy aux environs de Boghé, a un peu plus de 300 kilomètres de Nouakchott.

Objectif : se recueillir sur les fosses communes ou ont été enterrés des negromauritaniens tués pendant les années 89-91.

Pendant ce pèlerinage, les militants, orphelins et veuves ont été réprimés par des éléments des forces de l’ordre. Ironisant à propos de ces brutalités, les conférenciers faisant allusion aux sorties gouvernementales se sont demandés si les autorités iront dans leur diabolisation de l’IRA jusqu’à dire que ce recueillement à Wothy est l’un de ces plans concoctés discrètement par Tel-Aviv avec ses hommes de confiance en Mauritanie pour sombrer le tableau gouvernemental des droits de l’homme sur le plan international.

Jusqu’à l’heure, les pouvoirs publics n’ont pas réagi à ces insinuations, mais il est encore tôt pour des autorités désireuses de promouvoir les droits de l’homme de ne pas donner leur version des choses sur ce voyage de l’IRA à Boghé et si le pouvoir mauritanien n’est pas tenté d’anéantir par son présumé maintien de l’ordre l’effervescence populiste recherchée par l’IRA pour grossir ses rangs et imposer son activisme aux autorités déjà en proie à d’importants élans politiques et socioéconomiques.

Quoiqu’il en soit, ce bras de fer, opposant le pouvoir en place et l’IRA, aux allures de celui mettant en duel la COD et le régime de Ould Abdel Aziz, montre si besoin est, que malgré des élections législatives et municipales globalement acceptables si le reste du processus électoral et raffiné, que le pays n’est pas encore totalement sortie de l’auberge des impasses. 

Amadou Diaara

Source :  Le Rénovateur le 05/01/2014{jcomments on}

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