Le gouvernenemt, via la CNDH, a réagi à la remise du Prix des Droits de l'Homme au leader de l'IRA.
Les mots furent amers et durs, outranciers et ridicules quand la présidente de la CNDH est allée jusqu'à comparer les propos et les discours de Biram ould Dah ould Abeid à la propagande meurtrière de Radio Mille collines au Rwanda, propagande qui avait appelé aux massacres et aux pogroms.
La teneur de la protestation officielle est à la mesure de la cécité de notre gouvernement, arc bouté jusqu'au bout dans une bataille des mots et une appréciation des réalités sur le terrain.
Dans la grande bataille de communication entreprise par les 2 camps ennemis, le pouvoir avait tout tenté.
Avec, même, une reconnaissance « tacite » par nos gouvernants de la persistance de l'esclavage dans notre pays, « reconnaissance » timide passée quasi inaperçue,. Lors d'une déclaration de la CNDH à la 109° session de la commission des Droits de l'Homme en Octobre 2013, pour la première fois, aux côté du mot « séquelles » de l'esclavage, était apparu le mot « pratiques » esclavagistes… Un glissement sémantique qui est arrivé trop tard et qui reste, par sa généralité, trop vague et trop flou pour changer quoi que ce soit.
L'esclavage existe bel et bien chez nous et n'est pas « esclave que celui qui veut l'être » ( propos tenus par Mohamed Ould Abdel Aziz dans une interview à Kassataya).
La servitude est une réalité tristement banale dans nos sociétés stratifiées par un système de castes, de rang social, d'appartenance précise à un espace social…
La loi a « libéré » les esclaves et les a transformés en Haratins, fardeau tout aussi lourd à porter, chaînes perverses de la dépendance économique, de la pauvreté, de la misère, du désespoir.
Du travail servile au service de maîtres, les Haratins sont passés à la servitude de l'exploitation, alimentant les flots de tâcherons sous payés, maltraités, otages de la survie, les circuits des domestiques, les mafias de la prostitution, la mendicité…
La Loi a « libéré » sur papier mais n'a pas « libéré » les esprits, n'a pas pris la mesure des réalités de l'esclavage.
La justice a eu du mal à reconnaître les cas d'exploitations humaines. Pour cela il a fallu le combat d'un Biram pour pousser, enfin , la justice à appliquer la loi, dans de rares cas.
D'un Biram et d'autres activistes des droits de l'Homme réunis en ONG, comme SOS Esclaves.
Notre pays a du mal à se regarder dans les yeux et à reconnaître que Loi et réalités ne font pas bon ménage dès lors que le discours politique se cantonne dans le déni mis en mots.
Le déni camouflé sous de pieux sentiments quand il s'agit de ce que l'on appelle pudiquement et de façon très politiquement correct le « passif humanitaire », réduisant ainsi les drames et les atrocités des années 89/90 et 91 à un simple « passif ».
Le déni quand il s'agit de voir que la Mauritanie est divisée, que les mauritaniens n'ont plus le sentiment d'être citoyens d'une seule et même Nation, quand une partie de nos concitoyens sont ostracisés, ôh de façon subtile et perverse, mais encore plus meurtrière que les mots.
Le déni quand il s'agit d'hommes et de femmes encore maintenus en esclavage.
Le déni quand, patiemment, on a détricoté l'histoire de notre pays pour n'en faire qu'une vitrine culturellement unicolore…
La volonté politique peut tout. A condition qu'on le veuille…..
Mariem mint DERWICH{jcomments on}
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