Campagnes électives mauritaniennes : Que demande le peuple ?

Les partis participant aux élections ont clairement et plus ou moins activement fait part de leur volonté d'accéder aux pouvoirs communaux ou législatifs. Mais pour y faire quoi? Que demande au quotidien ce peuple, dont même les élus actuels et à venir se préoccupent finalement peu. Petit tour dans les rues de Nouakchott, et confrontation avec les programmes des candidats des partis en lice.

 

La campagne électorale pour les élections du 23 novembre est révélatrice du vide au niveau des débats d'idées politiques régnant pour cette campagne électorale : des khaïmas vides, ou avec des gamins éparpillés, des voitures luxueuses des quartiers chics qui arborent l'image du cousin, oncle, tante, sœur, mère ou père qui pérennisera l'aisance familiale en accédant à la mairie ou la députation, des "votez pour" affichés à tous les coins de la capitale, mais rien sur les programmes.

"Que ce soient les postulants à la députation ou à la mairie, beaucoup sont inconnus des gens. De jolis costumes, de beaux boubous ou Melaffas, mais rien sur le terrain" déplore Seydou, un jeune de Tevragh Zeina, qui ne votera pas lors de ce "simulacre d'élections ouvertes".

Des maires, complètement inexistants durant leur mandat ont même "le culot de se représenter pour des habitants de commune qui ne les ont parfois, jamais vus" insiste Seydou.

C'est le cas de Raby Haidara, qu'il cite par exemple. Elle est la maire sortante de Sebkha, et a dû faire face à la colère de jeunes habitants de sa commune il y a quelques semaines, après les inondations qui ont laissé une grande partie de ses foyers sans ressources, inconsidérés, méprisés par l'état et surtout par sa propre mairie.

"Elle n'a été à la mairie que pour se remplir les poches. Le peu d'initiatives qu'elle a pu avoir au niveau communal était pour ses intérêts, comme les places du marché 5eme réaménagées pour son propre bénéfice pécuniaire" soutient Amadou Sall, jeune étudiant résidant dans le quartier du cinquième.

La preuve de son impopularité ? Amadou pointe du doigt, près du cinéma Saada, à l'entrée du cinquième, quartier périphérique de Nouakchott, puis au carrefour de Khouva, où les inondations ont été les plus terribles à Nouakchott, les voitures de gardes stationnées… Près des khaïmas de Raby Haidara. "Elle ne pourra gagner qu'en trichant" continue convaincu le jeune Amadou.

Que demande le peuple ?

Les volontés des habitants dans tout ça? Elles sont légion et pas un de ces candidats n'arborent une esquisse de projet dans les milliers d'affiches déversées dans cette commune de quelques dizaines de milliers d'habitants.

"Aujourd'hui les infrastructures sont les choses les plus importantes à couvrir. Les goudrons d'Aziz n'étaient que de la peinture sur du sable. Toutes les routes sont bousillées. Il n'y a pas d'eau courante, l'électricité n'est pas stable. Les récentes inondations ont montré que si rien n'est fait dans les deux-trois ans, le manque d'assainissement rendra cette commune inhabitable" énumère N'Diaye Diop, ancien étudiant reconverti en menuiserie près du garage sénégalais du cinquième.

Dans les zones des quartiers populaires de PK sur la route de Rosso, les demandes s'orientent pour la plupart vers la sécurité. "Les vols ont augmenté ces dernières années, particulièrement depuis un an et demi. Et les agressions violentes" dit Bouna El Mehdi, commerçant, et habitant au PK9. Il aimerait voir des propositions concrètes des candidats à sa commune, plutôt que des slogans creux dignes plus de campagnes présidentielles, que communales.

Les propositions des partis

"Pour un changement, votez pour…". Les 3/4 des candidats aux communes ont dans leurs campagnes d'affichages publics, des slogans débutant par ce bout de phrase, qui ne veut plus rien dire dans la Mauritanie d'aujourd'hui.

Concrètement un seul candidat propose lors des débats ou sur ses affiches des alternatives à des franges de la population, comme à la jeunesse (15-25) qui représente 60% de la population nouakchottoise.

"Tevragh-Zeina, aujourd’hui est une ville habitée, majoritairement, par les jeunes. Ce sont eux qui en constituent l’épine dorsale. Je vois très mal un programme qui néglige cette frange vivante et dynamique au sein de la cité. Mon objectif est d’abord de réconcilier la cité avec la jeunesse. Mettre en place des projets qui parlent à cette jeunesse" clame Dey Ould Dey, le candidat tête de liste du PRDR pour la mairie de Tevragh Zeina, quartier huppé de la capitale.

A Dar Naim, quartier populaire au nord-est de la capitale, Tawassoul, le principal parti (islamiste) de l'opposition participant à ces élections (boycottées par une majorité de l'opposition) bat le pavé pour garder le strapontin communal.

Le maire sortant, Cheikhane Ould Boyba, candidat Tawassoul, et à sa propre succession, dit continuer dans le sens duquel il œuvre depuis son accession à la mairie : les infrastructures communales et la formation et l'insertion professionnelle des jeunes chômeurs.

"Depuis cinq ans, avec l'aide de Caritas-Mauritanie, nous développons un partenariat avec le lycée de formation professionnelle de Nouakchott pour y former 30 jeunes annuellement, et à la sortie de leurs formations, nous tentons de les insérer dans un milieu professionnel le plus rapidement possible" explique Cheikhane Ould Boyba. "La jeunesse ne doit pas rester oisive et surtout on ne doit pas leur montrer qu'on ne leur offre pas d'alternatives. Parallèlement leurs lieux de vie et de leurs proches doivent être entretenus et développés, d'où les trois centres de loisirs créés durant ces six dernières années, et surtout les opérations régulières d'assainissement avec l'aide des populations que la mairie organisé et espère continuer à faire, si les habitants nous confortent lors des votes" conclut le maire.

MLK

 

(Photo : Affiches de campagne de différents candidats à la commune de Sebkha, au sud de Nouakchott. Crédit : Noorinfo/MLK )

 

  

Source : Noorinfo

 

www.kassataya.com

 

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