Mauritanie : Ould Boulkheir fait son mea culpa

Après  quatre années de médiation politique entre le pouvoir et l’opposition, le président de l’APP  reconnaît pour la première fois ses erreurs politiques. Ould Boulkheir a choisi cette semaine une télévision privée dans la capitale pour pointer du doigt sa mauvaise appréciation sur la mise en place de la CENI et sa précipitation pour les accords de Nouakchott en 2011 qui ont permis à Ould Aziz de fixer aujourd’hui unilatéralement le calendrier électoral.

 

Pour les observateurs le président de l’assemblée nationale est pris à son propre piége et semble peut-être regretté sa participation au scrutin. La session ordinaire parlementaire prochaine pourrait lui donner l’occasion de se racheter en proposant par exemple le report des élections. Mission difficile au moment la campagne électorale bat son plein dans tout le territoire.

 

Pour la première fois depuis les accords de Dakar de 2009 qui ont conduit aux présidentielles de 2009, le président de l’APP s’est confié  cette semaine à une télévision privée mauritanienne pour avouer ses échecs politiques à la veille du coup d’envoi de la campagne électorale. Ould Boulkheir regrette que ses conseils aujourd’hui pour mettre en place la CENI   ont mal servi le processus démocratique du pays. En choisissant des personnalités proches du pouvoir la CENI est devenue une chambre d’enregistrement du président Ould Aziz  qui lui a permis de fixer unilatéralement le calendrier électoral au détriment de la classe politique et en particulier l’opposition qui a décidé de boycotter le scrutin du 23 novembre prochain. Plus les jours passent plus le président de l’assemblée a l’impression d’avoir peut-être trahi la Coordination démocratique dont il faisait partie avant d’intégrer une autre alliance la CAP à l’origine des accords de Nouakchott en 2011 pour sortir le pays de la crise politique depuis 2009.Ce sont ces deux erreurs fondamentales qui pèsent aujourd’hui sur sa conscience au moment où la campagne électorale bat son plein mais sans effervescence populaire  entre une opposition décidée à en découdre avec le pouvoir et ce dernier en perte de vitesse et de confiance des  militants et cadres de l’UPR, le principal parti de la majorité.

La vraie inquiétude des observateurs tient au fait que l’APP fait partie des 71 partis en lice. Cet écart de langage entre ce qu’il dit et ce qu’il fait peut être interprété par les observateurs comme le reflet d’une double personnalité de l’ex militant d’El Hor dont les héritiers au sein de l’IRA l’avaient d’ailleurs accusé d’avoir trahi la cause  des Hratins. C’est donc une habitude chez Ould Boulkheir dont les propos pour lancer sa campagne sur l’unité nationale frisent le double langage comme en témoigne d’ailleurs cette vraie fausse contestation quand il avait dénoncé la trahison des accords de Nouakchott par Ould Aziz qui n’avait pas hésiter de se lancer en campagne avant l’heure et d’utiliser à cet effet l’argent public et les médias publics. Le président de l’APP surjoue  sur la scène médiatique en faisant ce mea  culpa un cheval de bataille pour sa campagne et perd  ainsi de sa crédibilité aux yeux de l’opinion publique. Cet aveu de faiblesse qui intervient tardivement pourrait apporter un bol d’air au boycott actif de l’opposition dont le pari est d’empêcher pacifiquement le déroulement des élections dans plus de deux semaines.

 

 Bakala Kane

Reçu à Kassataya le 9 novembre 2013

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