Que le temps passe vite ! Voilà des années que je n’avais plus remis les pieds en Mauritanie et le besoin se fait sentir d’y retourner. Pour revoir des proches, des amis, des confrères et aussi me rendre compte de ce qui a changé ou pas. Et s’il faut être sur place pour constater de visu certaines choses, pour d’autres, on est tout de suite plongé dans la réalité sans même franchir les frontières.
Ainsi, pour solliciter un visa, je me rends fin août à l’ambassade de Mauritanie à Paris après avoir vérifié sur son site internet les horaires d’ouverture et les documents à fournir. Et à ma grande surprise, on me signifie, à mon arrivée aux alentours de 14h, que le service chargé des visas était fermé depuis 13h alors qu’il est sensé ouvrir jusqu’à 16h. Et pourtant, une fenêtre donnant sur la rue était toujours ouverte et on voyait un bureau vacant. Peut-être que les horaires avaient changé ; si c’est le cas alors l’information n’a pas été actualisée sur le site web de la représentation diplomatique et le public peut être induit en erreur-Mais qui s’en soucie vraiment ?
Bref, je discute avec un employé qui me conseille de revenir le lendemain. Mais le souci est qu’on ne sait plus à quel horaire se fier et j’avais perdu du temps et de l’argent, moi qui venais de la province… Bon je vais passer par le Sénégal – le visa m’a été délivré en une journée après avoir effectué des formalités sur le net – et sur place je vais effectuer les formalités nécessaires pour me rendre en Mauritanie.
Micmac au consulat de Mauritanie à Dakar
A Dakar, un taxi me conduit à travers les rues défoncées de Colobane avant de me déposer aux Allées Centenaire où se trouve le consulat de Mauritanie. Je passe d’abord par une boutique d’à côté pour faire quelques photos, etc. Et le gérant me dit que si je voulais obtenir rapidement le visa il fallait contacter un tel, juste à la porte du consulat. Tout de suite je flaire quelque chose d’anormal car il y avait un guichet officiel par lequel on doit passer pour déposer la demande, remplir un formulaire…
Curieux d’en savoir un peu plus, je m’approche de la grille et demande le monsieur et on me dit d’attendre à quelques mètres de l’entrée. Quelques minutes plus tard un homme s’approche et me demande de le suivre tout en rouspétant « haya ma touwassi, ça ne se fait pas, il faut cacher ces documents que tu as dans la main ! Ça c’est un business, je le fais depuis longtemps mais il faut être discret.»
Je lui remets le montant à payer pour le visa en plus de photos, par contre pas besoin de remplir un formulaire. Il me donne rendez-vous dans l’après-midi. A l’heure convenue, je récupère mon passeport et m’apprête à partir et le monsieur me dit « pas aussi vite, c’est un service que je vous ai rendu alors il faut faire un geste ». Il y avait d’autres personnes qui attendaient également et ils avaient mis la main à la poche. « Désolé monsieur, répondis-je, mais il ne me reste plus que mon billet de taxi ». C’était faux bien sûr mais je n’avais aucune envie de payer. J’avais déjà déboursé le montant prévu pour le visa alors pas question de verser un bonus que vont se partager quelques employés et diplomates véreux- à coup sûr, c’est un réseau.
J’étais en position de force car l’homme n’avait aucun intérêt à ce que l’affaire soit ébruitée et que son business vole en éclats. Il s’énerve et s’éloigne en faisant de grands gestes avec ses bras. Mais peu après je m’aperçois qu’il y’avait une erreur : le visa est valable du « 9/09/13/au 8/09/13 », c’est-à-dire qu’il est déjà périmé avant même d’avoir commencé ! Et juste en bas on avait écrit en lettres qu’il est valable un mois. Alors vu comment se sont passées les choses, je décide quand même de jouer sur cette contradiction et de me rendre au point de passage de Rosso… (A suivre)
Ibrahima Athie
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