Les Mauritaniens aussi ont faim : « Regardez les autres pays… et regardez le nôtre… »

Ce discours que nous avions l’habitude d’entendre de la bouche de nos dirigeants qui vantaient notre pays, semble relever de l’histoire.

En fait, tout porte à croire que nos leaders se sont aperçus que nous sommes comme les autres, nous sommes pauvres comme les autres et surtout, nous avons faim comme tous les autres.

Pendant longtemps, une certaine pudibonderie bédouine nous a empêchés de reconnaître certaines réalités. Avant, on n’acceptait pas de reconnaître notre pauvreté. La pilule était dure à avaler mais on a fini par dépasser cette étape. Notre pauvreté est actuellement le meilleur produit que nous avons si bien vendue, qu’on fait partie des premiers pays à bénéficier de la réduction des dettes. La pauvreté effrayante qui sévit actuellement en Mauritanie, n’est plus une honte. Nous ne tentons plus de la draper du voile sombre du non existant.

D’ailleurs, le commun des visiteurs de la Mauritanie, découvre dès qu’il franchit les frontières du pays. Partout, la face hideuse de la misère vous happe, où que vous vous dirigez, à Nouakchott comme dans les régions intérieures : l’eau stagnante qui envahit les rues, les façades ternes des maisons, les casbahs dépenaillés qui défilent le long des principales artères, la masse hirsute des populations qui jonchent les rues, regards éteints et silhouettes rabougries, vous signalent que vous êtes dans un patelin où les gens ne pètent pas de bonheur.

Le phénomène est pourtant récent. C’est depuis le début des années 2000, que la situation générale des populations a commencé à se dégrader. La détérioration des conditions de vie a atteint son point fatidique ces deux dernières années. On n’accuse personne, on constate. Dans les villages les plus éloignés de la Mauritanie, la sévérité des conditions a dépouillé les populations de leur dignité. Là, on n’hésite plus à livrer à l’étranger, n’importe lequel, la misère d’une vie, avec des mots qui ont perdu toute leur pudeur.
Nouakchott est devenue ainsi depuis quelque temps, le déversoir de toutes les misères de la Mauritanie, le lieu où affluent des centaines de populations fuyant des bleds où plus rien qui ressemble à la vie n’existe plus. Impossible de franchir deux pas ou de rouler quelques mètres dans cette grande capitale, sans être assailli par des grappes de gueux qui vous exposent leur douleur. Mains tendues, ils bloquent les grosses avenues ; d’autres pleurent, ou font semblant de pleurer, devant les vitres relevées des étrangers, exprimant la faim qui les tenaille, avec des gestes sans équivoques. Dans les restaurants chics de Nouakchott, les mendiants de plus en plus nombreux et audacieux, forcent les portes d’entrée, importunent des visiteurs de passage attablés. D’autres plus cyniques, brandissent des feuilles et des seringues, arguant d’une femme ou d’un enfant retenu à l’hôpital, sans soins.

Aujourd’hui, au risque de voir les populations mourir et la Mauritanie effacée de la carte du monde, des mesures énergiques doivent être initiées pour améliorer les conditions de vie des populations, assurer les services sociaux de base, veiller à la répartition équitable des richesses nationales, créer des emplois et de la richesse.

MOMS 

Source  :  L'Authentique le 02/10/2013{jcomments on}

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