Le ciel menace toujours de déverser ses pluies diluviennes sur Nouakchott, exposant les habitants de la ville à des sinistres de plus en plus alarmants.
Attendu en vain à la première forte pluie de la semaine passée puis à celles qui ont suivies aggravant la situation, le gouvernement vient de se ressaisir et de prendre les choses en mains.
Si plutôt, cette décision prise serait venue à point nommée, quoique tardive aujourd’hui, elle vaut incontestablement mieux que jamais.Un réveil de lion qui intervient après ces appels lancés par les opposants, interpellant les autorités à déclarer Nouakchott « ville sinistrée », qui tirera la capitale du climat de grande désolation dans laquelle elle se trouvait depuis début septembre.
Le Premier ministre, Dr. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a présidé hier lundi, un comité interministériel. A la lumière de l’indifférence manifeste des autorités devant le calvaire des populations sinistrées de Nouakchott des dernières pluies diluviennes qui se sont abattues régulièrement sur la capitale, notamment sur les quartiers où des inondations ont laissé des sans abri, cette réunion i avait été perçue avant de dévoiler ses mobiles, comme strictement d’ordre politique, visant à apaiser la tension entre le régime et l’opposition.
Mais, finalement à la grande satisfaction de l’opinion, et malgré le gros retard accusé, le but de ce conclave interministériel est de faire le suivi des actions pour faire face aux problèmes actuels de Nouakchott, en particulier ceux dus aux dernières pluies dans les quartiers et les espaces publics.
Il s’agit également de décider de nouvelles actions s’inscrivant dans la même optique secouriste des citoyens devenus otages de l’eau qui a envahi les marchés, les maisons, les bureaux, les routes entrainant une réelle paralysie de la vie socioéconomique.
Selon l’AMI, le comité interministériel précité a décidé de mettre à la disposition de la Commission chargée de mener les actions précitées, tous les moyens matériels et logistiques nécessaires à la mise en œuvre des opérations.
Selon ce plan de secours, les autorités soulignent qu’un nombre suffisant de camions bennes, de camions hydro cureurs et de chargeurs ont été affectés aux neuf Moughataa de Nouakchott pour alléger les impacts des inondations et des pluies diluviennes.
Plusieurs opérations seront entreprises par cet arsenal de secours dont le pompage des eaux stagnantes, le déblayage et le remblayage des rues et des espaces publics où stagnent ces eaux (libérer les voies et combler les places de retenue d'eau) et le nettoyage des ordures et des dépôts pour prévenir les épidémies.
Selon le comité interministériel, la priorité sera donnée aux voies publiques (les rues et les espaces publics) dans tous les quartiers, aux hôpitaux, aux marchés et autres édifices publics. Parallèlement à ces interventions des tentes, des couvertures et des vivres seront distribuées aux familles les plus touchées.
Avec ce ressaisissement, tardif certes, les pouvoirs publics viennent de se déculpabiliser de la plus manière des charges accablantes portées contre eux par leurs opposants particulièrement le RFD et l’UFP, qui ont indexé le gouvernement d’amateurisme devant les souffrances des citoyens.
Ainsi vaut-il tard que jamais, pour des autorités qui certes habituées à des hivernages plutôt secs sont prises de court par une saison plutôt généreuse en précipitations mais catastrophique pour les habitants de ces villes mauritaniennes construites suivant des normes désertiques, n’intégrant pas dans leur architecture des réseaux de drainage des eaux de pluies vers des espaces inhabités.
Des villes sahariennes plutôt menacées par l’ensablement d’où l’engouement des pouvoirs depuis quelques années à ceinturer la capitale d’une muraille verte pour fixer les dunes.
Avec les changements climatiques et probablement le passage progressif de la Mauritanie de l’ère aride à la période tropicale doit alors s’accompagner d’une réorientation des fonds destinées à la lutte contre la désertification vers la mise en place de réseaux propres aux villes modernes où il pleut beaucoup.
L’élan international de 2009 reverra-t-il le jour ?
Ce n’est pas la première fois que les autorités se mobilisent pour venir au secours des sinistrés des inondations, notamment en sollicitant l’appui de la communauté internationale pour faire face à ce type de calamités.
En effet fin septembre 2009, après des tergiversations, la Mauritanie se ressaisie enfin face à la catastrophe, soutenue en cela par l'aide internationale. On se souvient, à l’époque, l’assistance a afflué pour secourir le un million des habitants touchés par les crues dont cinq personnes étaient mortes et des milliers d'autres déplacées à Rosso, Nouakchott, Aleg, Boghé et Sélibaby.
Plusieurs quartiers à la périphérie de Nouakchott avaient été particulièrement touchés, parmi lesquels Basra, Sebkha, El Mina, Socogim PS et Dar Naim.
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré à l’époque la nécessité pour le gouvernement de procéder à "une évaluation exhaustive de l’ensemble des dégâts occasionnés par les intempéries, en vue d’apporter une assistance aux populations éprouvées.
" Selon maghrebia, les efforts du gouvernement avaient été aidés par le soutien international. L'Algérie avait envoyé plus de 33 tonnes de produits alimentaires de base et 100 tentes et le Niger un chèque de près de 56 000 dollars.
La Tunisie avait fourni 15 tonnes de denrées alimentaires et de médicaments, 20 tentes et 430 couvertures. Pour leur part, les Etats-Unis avaient annoncé un programme d'aide global de 55 000 dollars.
Sur ce montant, 25 000 dollars avaient été envoyés à l'UNICEF pour la mise en place de systèmes d'écoulement, la fourniture d'eau potable et la coordination des mesures d'hygiène dans un camp de personnes déplacées par les inondations à Rosso.
Un montant supplémentaire de 30 000 dollars devrait être alloué pour des produits alimentaires, l'eau potable et des systèmes d'écoulement en faveur d'autres personnes déplacées.
Le gouvernement mauritanien avait distribué quant à lui 127 tonnes de nourriture et 300 tentes entièrement équipées. Quarante camions avaient déversé du sable dans les mares d'eau qui s’étaient formées dans les rues de Nouakchott, vingt citernes d'aspiration des eaux ont été envoyées sur place, et d'autres véhicules ont été chargés de nettoyer la boue dans les rues, les places et les marchés.
Du personnel municipal parcourt les rues à pied pour les désinfecter.
Lors de sa visite du 25 septembre 2009 à Rosso, où près de 3 500 personnes ont été déplacées par les inondations, le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf avait promis de mettre un terme au "phénomène récurrent des inondations au niveau de l’ensemble des grandes villes de la Mauritanie".
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 10/09/2013{jcomments on}
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