La commission régionale de l’Union Pour la République (UPR) envoyée, au Brakna, pour superviser le choix des candidats aux prochaines élections législatives et municipales, n’oubliera pas de sitôt les montagnes de difficultés rencontrées sur le terrain.
Quasiment partout, dans les cinq départements de la wilaya, les gens du parti-Etat étaient à couteaux tirés. A titre d’exemple, il ne s’est trouvé, dans toute la commune de Boghé, qu’une localité, celle d’Ould Birome, capable de s’en tenir à une seule liste. Autrement dit, les commissions départementales n’auront, finalement, servi qu’à assister, en direct, à des sorties, parfois insolentes, de groupuscules uniquement soucieux d’avoir pignon sur rue, à travers un parti au pouvoir dont les méthodes, les pratiques et les approches ne tranchent guère avec celles du PRDS sur les cendres duquel il a pris naissance. C’est donc les sacs bourrés de complexes divergences, liées à des facteurs de tous ordres, que les missionnaires du parti-Etat sont revenus à Nouakchott.
Aleg: guerre de lobbies
Dans la capitale régionale, les coups de poings et les insultes n’’ont pas été de trop pour faire entendre sa voix. L’unité de l’UPR a été mise à rude épreuve. Au moins cinq listes candidates à la candidature se sont manifestées. Puis, de conciliabules en apartés, de réunions en dîners, chapeautés, parfois, par de hautes personnalités officielles, les acteurs politiques locaux ont pu réduire les ambitions et calmer les ardeurs, sur fond, tantôt d’alléchantes promesses de promotion, tantôt d’actions plus « concrètes » et plus « immédiates ». Au finish, deux listes ont été retenues et mises à la disposition de la direction centrale du parti. D’un côté, celle de la nouvelle tendance de Dechra, conduite par Samba Ould Blal, cadre à la SOMELEC, dont un des grands soutiens, Abass Sow, directeur de l’audit et du contrôle interne, au ministère des Finances, nourrirait des ambitions au poste de député. De l’autre côté, une liste née d’alliances contre-nature, avec, à sa tête, l’ancien député d’Aleg, le baroudeur et inoxydable Sidi Ould Youma, actuel comptable de l’ambassade de la Mauritanie au Sénégal.
« Très rapide est celui qui court seul », nous enseigne l’adage populaire. Jusque là, aucune autre formation politique ne s’est encore manifestée. De grands barons de la scène politique d’Aleg, comme Sidamine Ould Ahmed Challa ou Cheikh Sid’El Moktar Ould Cheikh Abdallahi, font encore profil bas et observent le terrain… de loin. Alors que le second serait dans une logique d’organisation de son électorat, le premier, dont le jeune frère est maire sortant d’Aleg, pourrait choisir un autre parti pour présenter sa liste, remettant en cause tous les calculs de l’UPR, vu la grande popularité de l’ancien ambassadeur de la Mauritanie au Mali. Dans les autres communes de la moughataa, seul le général Ould Megett a réussi à colmater les brèches, en rassemblant les gens de l’UPR derrière la candidature de Mohamed Ould Boubacar. A Aghchorguitt, deux listes – l’une est parrainée par l’administrateur directeur général de la SNIM – croiseront le fer. A Male, le doyen Smael Ould Amar essayera de reconquérir la mairie, contre deux listes UPR, respectivement parrainées par le directeur du cabinet du Premier ministre, Alioune Ould Issa, et par Zeïni Ould Ahmed Hadi et Sid’Amar Ould Sidna. Du côté de Bouhdida, un candidat unique, Abdi Ould Maouloud, défendra les couleurs de l’UPR.
Boghé et Magta Lahjar : En avant pour deux listes UPR !
Dans ces deux départements, les efforts des commissions départementales chargées de ces deux villes ont été, tout simplement, vains. A Boghé, une liste, dirigée par Dia Hamadi Assimiou, un assistant d’élevage à la retraite et grande notabilité Halaybé, est présentée au choix de la direction centrale du parti, contre celle conduite par Ndiaye Daouda, un ancien gendarme Thioubalo pour qui les autochtones de Boghé doivent avoir enfin mot à dire, dans les affaires de la cité. Les VF (Venants de France) – Ngaidé Lamine Kayou, Diallo Mamadou Bathia et consorts – ne seraient pas loin de la liste de Ndiaye Daouda. Selon les analystes-maison, la composition de sa rivale prouve, éloquemment, qu’elle bénéficie de la bénédiction et du soutien des trois généraux de Boghé (Ndiaga Dieng, Félix Négri, Dia Adama Oumar) et du secrétaire général du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, Macina Mohamed El Hadi. La liste retenue devra, cependant, se retrousser les manches, pour espérer désarçonner le puissant maire UFP, Bâ Adama Moussa, qui rempile pour un troisième mandat et dont le parti vient d’envoyer une mission, présidée par le professeur Lô Gourmo, dans le département, pour, dit-on, « recueillir l’avis des populations, quant à la participation ou non », aux élections de novembre prochain. Comme Boghé, la moughataa de Magta Lahjar présente deux listes UPR : l’une conduite par le maire sortant, Taher Ould Varwa, un ancien « cavalier du Changement », élu sous les couleurs de Hatem qu’il a quitté depuis, et l’autre, par Baba Ould Moustapha, cadre à la SNDE.
Bababé et M’Bagne : Faire tout comme…
Si, à M’Bagne, les manœuvres de la commission départementale ont fini par faire mouche, en parvenant à confectionner une seule liste, dirigée par Sarr Bowté, un immigré qui serait de nationalité française, les gens de Bababé en ont présenté deux : l’une conduite par le maire sortant, Bâ Abdoulaye dit Blé ; l’autre, par un ancien lieutenant de Sall Boubou (l’ancien brigadier de police expulsé), Sow Ibrahima alias Ibou, transfuge, depuis plusieurs années, de l’UDP, vers les rangs du pouvoir.
Du côté de Bagodine, l’ancien ministre Bâ Bocar Soulé prend la tête d’une liste contre un cadre du ministère des Finances, Ngam Amadou, de l’UDP. A Aéré Mbar, le maire sortant, Dieng Mamadou Abdoulaye, qui nourrissait des ambitions de député, devrait faire contre mauvaise fortune bon cœur, en étant le seul candidat de l’UPR pour briguer, à nouveau, le poste de maire. Un autre candidat à la candidature de l’UPR, Sy Moussa, un jeune comptable, aurait été (ar)raisonné d’abdiquer, par le ministre des finances, Thiam Diombar. Comme quoi, les grands peuvent, parfois, jouer aux pompiers, en s’efforçant de rester tapis dans l’ombre. Pour conclure, on dira qu’au Brakna, le parti au pouvoir ira aux élections de novembre très divisé, au point que certains groupes menacent, déjà, de votes- sanctions, si rien n’est fait pour les satisfaire, tant qu’il est temps…
Source : Le Calame le 28/08/2013{jcomments on}
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