Mohamed Ould Bouamatou : La guerre totale

(Crédit photo : anonyme)

Rien ne va plus entre le président Aziz et son ancien soutien et cousin, l’homme d’affaires Ould Bouamattou. Les impôts s’abattent en cascades sur les entreprises du groupe BSA et les entreprises et sociétés publiques ont reçus l’ordre de retirer tous leurs avoirs de la GBM.

Cette affaire suscite tous les bruits au sein de l’opinion nationale, très engagée aux côtés de l’ancien patron des patrons. En cette période de ‘’disette’’ politique, l’affaire Aziz/Bouamatou remplit tous les espaces et domine toutes les conversations. Même si Mohamed Ould Bouamatou vit depuis plus de deux ans en dehors de la Mauritanie, certains doutaient, jusqu’à hier, de la détérioration de ses relations avec le président. Mais les dernières mesures, tombées en déferlante sur les entreprises Bouamatou, ont clarifié la situation : l’homme est désormais dans le collimateur du pouvoir.
Visiblement, cela a commencé en décembre de l’année écoulée, lorsque les impôts s’intéressèrent subitement à la société de ciment BSA-Ciment. Une entreprise dans laquelle Bouamatou détient des parts à hauteur de 35% du capital, le reste (65%) appartenant à la société française VICACT. Un détail que tout le monde, apparemment, ne savait pas. Particulièrement les impôts qui sommaient la société de payer 1,6 millard d’ouguiya au titre de l’exercice 2011. Ahurissant ! Mais devant la vive protestation, les impôts acceptent de réviser leur chiffre à 1,2 millard ouguiyas. Un montant non négociable, pour la direction des impôts, et toujours insupportable pour BSA-Ciment.
Sans trop attendre la DGI sort son arme fatale : L’ATD (Avis à tiers détenteur). Un papier jaune entre les mains du directeur des impôts qui lui permet d’obliger le contribuable à passer à la caisse. Sans trop de recours. Surtout que, le cas échéant, il l’a envoyé à toutes les banques. BSA-Ciment décide, alors, de recourir à la justice contre la mesure.
Le juge d’instruction convoque les deux parties et exige de la société de ciment de déposer une caution bancaire au trésor. Insuffisant pour les impôts qui, sans chercher à comprendre, passent à l’action et envoient des agents à l’usine de ciment BSA pour la fermer. Là, ils se trouvent devant un problème. L’usine n’est pas une simple boutique qui peut être fermée par la mise d’un cadenas à la porte. D’autant plus que ses responsables ont expliqué aux pauvres exécutant la nécessité d’établir un inventaire en présence d’un huissier avant de pouvoir fermer l’usine.
Devant ce qui était en train de se transformer en imbroglio juridique, les agents des impôts décident de fermer la porte d’un magasin de distribution de ciment BSA à El Mina. Pourtant, plus de deux semaines après l’éclatement de cette affaire, l’usine continue de travailler. Un sursis qui serait du à l’intervention des autorités françaises auprès de Aziz en faveur de leurs citoyens partenaires de Bouamatou dans ladite société …
Mattel, aussi !
La mauritano-tunisienne des télécommunications (Mattel), une autre entreprise où Bouamatou est actionnaire, n’a pas été, elle aussi, épargnée par les impôts. On lui a enjoint de payer au trésor plus d’un milliard d’ouguiya. Une pénalité, explique-t-on à Mattel, pour sanctionner le fait qu’elle n’avait pas facturé la TVA dans les services du rooming. Pourtant, ajoute-t-on, les impôts n’ont jamais noté cela dans les années précédentes. Mais ce problème trouvera un arrangement, lorsque le trésor a révisé la somme à 800 millions ouguiyas que Mattel a versé, tout en déposant un recours auprès du ministère des Finances.

GBM, Attaque en règle!

La générale des Banques de Mauritanie (GBM), la banque de Bouamatou comme l’appellent les gens, est le fleuron des affaires de l’ancien patron des patrons en Mauritanie. Celle-ci n’a pas été épargnée par les attaques fiscales et autres procédés nuisibles.
Au plan des impôts, la GBM est loin d’être gâtée. On lui a notifié un redressement fiscal d’un milliard d’ouguiyas, au moment où les treize banques nationales réunies ont reçu l’ordre de payer 3,4 milliards ouguiyas. Un peu moins de la moitié de cette somme globale échoit à la GBM. Une incohérence notable, crie-t-on, dans la mesure où le redressement était établi sur la base d’un bilan provisoire fourni aux impôts par la BCM. La banque a, dans sa réponse, fourni le bilan définitif pour l’exercice et attend la réaction de la DGI. Sans trop d’illusions…
En effet, depuis mercredi 23 janvier, le groupe Bouamatou doit avoir compris qu’il est désormais dans le collimateur de l’Etat, ou du moins ceux qui le gouvernent. Ce jour-là arrivèrent en trombes les ordres de virements de toutes les entreprises publiques qui avaient des comptes logés chez la GBM. Elles ont donné l’ordre de transférer leurs avoirs à Attijari Bank ou à la société générale en Mauritanie. En attendant, peut-être, de les faire loger dans un ailleurs plus sûr. La SNIM, sa fondation, la raffinerie de pétrole qu’elle gère, les ports de Nouakchott et de Nouadhibou, le programme de développement urbain (PDU)… Tous ont décidé donc de bouder le GBM. Difficile de croire à un hasard de calendrier, mais à une action planifiée de l’Etat pour nuire à Mohamed Ould Bouamatou. Il semble que le gouverneur de la BCM, coordinateur de cette action, aurait pris ce jour-là son téléphone pour contacter les ministres concernés afin de leur passer la consigne : ordonner aux établissements sous leur tutelle de retirer leurs avoirs logés chez Bouamatou. Le port autonome de Nouadhibou, qui ne possédait pas de comptes dans une banque primaire autre que la GBM, a demandé à ce que ses avoirs soient envoyés dans son compte au trésor.

Un non sens !

Quoi qu’il en soit, les hostilités entre Bouamatou et le président Aziz sont lancées. Lancées, au d’un front. Et peuvent ne plus s’arrêter, tant les deux hommes se sont observés pendant deux à trois années pour aboutir à la rupture. Même si Bouamatou n’a encore fait aucune déclaration publique sur la question, ses amis, très nombreux, se sont lancés dans la campagne pour, au moins, gagner la bataille de l’opinion. Ils ont déjà enregistré beaucoup de points, particulièrement au niveau des partis politiques de l’opposition, de la société civile et au sein de la presse. Parmi ses points, il y a le fait qu’ils ont convaincu l’opinion que Mohamed Ould Bouamatou est la victime d’un pouvoir sous la botte d’un homme qui n’hésite pas à régler les comptes de ceux qui aspirent à un retour d’ascenseur ou chez lesquels il avait contracté une dette qu’il ne veut point payer.
Mohamed Ould Abdel Aziz est tout simplement un homme sans états d’âme qui se sert des autres pendant qu’ils lui sont utiles. Un message qui doit être médité par tous ses soutiens…

Mohamed Mahmoud Ould Targui

Source  :  Biladi le 31/01/2013{jcomments on}

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