Au moment où la guerre pour la reconquête du Nord Mali est engagée contre les forces islamistes occupantes, des épurations et des exécutions extrajudiciaires sont de plus en plus rapportées.
Est ainsi signalé, le pogrom qui aurait coûté la vie à une quarantaine de Peulhs du Mali accusés de soutien aux Djihadistes, tandis que des appels au secours commencent à sourdre de la communauté mauritanienne qui parlent d’arrestations arbitraires, d’interrogatoires et de menaces d’exécutions.
Selon des sites mauritaniens assez informés sur l’actualité malienne, des cris de détresse s’élèvent de plus en plus au sein de la forte communauté mauritanienne résidante au Mali. Il serait même question d’appels au secours adressés au président Mohamed Ould Abdel Aziz, lancés par des concitoyens dont la situation est qualifiée de grave, à l’heure où l’armée malienne semble être animée par une intense soif de vengeance sur tout ce qui ressemble à l’arabe ou au basané. Ainsi, le samedi 11 janvier dernier serait marqué par plusieurs arrestations au sein de la communauté mauritanienne, certains parlant de menaces d’exécutions alors qu’ils étaient soumis à des interrogatoires serrés. Selon le site « Al Akhbar », un certain Mohamed Lemine Ould Néma aurait contacté la rédaction au téléphone pour lui conter sa propre mésaventure, en compagnie d’un autre concitoyen du nom de Yaarev Ould Boukhary. Selon lui, ils ont été appréhendés par une unité de la police militaire avant d’être remis à l’armée malienne. Soumis à des interrogatoire sous la menace d’armes pointées sur eux avec des menaces permanentes de liquidation physique, ils n’auraient eu la vie sauve que grâce à l’entremise d’un officier d’origine Touarègue qui les aurait conduit vers leur lieu d’habitation à Kati, 15 kilomètres de Bamako. D’après Yaarev Ould Néma cité par le site, les informations à leur disposition démontrent que plusieurs autres Mauritaniens auraient vécu la même mésaventure, ajoutant les difficultés qu’ils rencontrent pour prendre contact avec l’ambassade à Bamako.
Aujourd’hui, les concitoyens coincés au Mali, selon les mêmes sources, ont lancé des appels en direction de leurs propres autorités et à leurs concitoyens restés au pays pour les aider à sortir du guêpier malien. Ils précisent que l’écrasante majorité de la diaspora en place exercent dans le commerce dans la capitale et ses alentours.
Selon un étudiant mauritanien à Bamako, Hacen, nombreux sont ses condisciples qui semblent en vouloir à la Mauritanie pour son non engagement dans la guerre au Mali. En effet, le refus des autorités mauritaniennes d’appuyer les efforts déployés pour la libération du Nord, est interprété par certains Maliens comme un soutien tacite aux Djihadistes du Nord. D’où le sentiment de plus en plus xénophobe nourri à l’égard de ses ressortissants en place. Cette situation est exacerbée par la position officielle de la Mauritanie au début de la conquête du Nord Mali par les islamistes d’Al Qaïda et les séparatistes du MNLA. Nouakchott avait en effet servi de base arrière à la rébellion malienne et couvert sur son territoire, notamment à Nbeïket Lehwach, une réunion tribale à laquelle avaient pris part les Touarègues du MNLA, mais aussi des Brabiches et des Arabes du Mali. D’autre part, la déclaration à cette époque du ministre des Affaires Etrangères, qui tentait de séparer entre les terroristes qu’il fallait combattre et la légitimité des revendications des populations de l’Azawad à respecter, avaient jeté de l’eau sur le feu des relations. S’en est suivi des incompréhensions qui aboutiront à l’exécution des prêcheurs mauritaniens, puis aux arrestations épisodiques qui continent de cibler des éleveurs ou autres commerçants qui se risqueraient sur le territoire malien.
C’est ainsi un véritable dilemme auquel est confrontée la Mauritanie, exposée entre le refus de sa classe politique et de ses options géostratégiques à participer à la guerre dans le Nord Mali, et ses propres devoirs envers la communauté internationale et envers ses relations avec le Mali, avec au passage, la vie de ses milliers de ressortissants qui risquent de payer cher les indécisions de ses gouvernants.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique le 16/01/2013{jcomments on}
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