Après leur départ fracassant de l’offshore mauritanien, les compagnies australiennes se sont retrouvées sur leur nouveau terrain de prédilection, l’offshore marocain, au large des côtes du Sahara occidental.
En décembre 2011, après le traitement de données sismiques 2D, le consortium composé de l’australien Tangiers Petroleum, Galp Energia (Petróleos e Gás de Portugal) et l’état marocain par le biais de l’ONHYM identifie trois nouveaux prospects sur le bloc Tarfaya. Nommés Apollo, Hermes et Hercule, ces nouveaux prospects se situent dans des intervalles du Crétacé inférieur, dont des relevés antérieurs avaient laissé espérer des réservoirs d’excellente qualité et une porosité facilitant l’exploitation. Une étude précédente avait permis d’évaluer les réserves à prés 875 millions de barils pour quatre autres prospects (Assaka, Trident, TMA et La Dam). Le bloc Tarfaya couvre au total 8 permis sur 15 041 km2 à une cinquantaine de kilomètres des îles Canaries, avec des profondeurs de moins de 200 mètres. La licence d’exploration de Tarfaya Offshore appartient à 50% à Galp Energia (Petróleos e Gás de Portugal), à 25% à la compagnie australienne Tangiers Petroleum et à 25% à l’Etat marocain (ONHYM). Sans doute échaudé par le fiasco qu’avait constitué l’annonce prématurée d’énormes gisements au début des années 80, le gouvernement marocain continue à garder un silence prudent. Selon les premières évaluations, ces gisements conséquents pourraient produire 100 000 barils jour, soit 10% de ses importations actuelles de l’Espagne. Côté ibérique, le gouvernement espagnol a autorisé la prospection de pétrole au large de l’archipel des Canaries. L’opération a été menée par le groupe Repsol avec les groupes australien Woodside (30%) et allemand RWE (20%). Ce consortium a pour objectif de réaliser les premiers forages d’ici environ deux années. Des explorations précédentes avaient été menées dès 2001 mais la justice espagnole les avait interrompues en 2004. Elles avaient cependant eu le temps de révéler plusieurs gisements, à environ 70 kilomètres des côtes, près de la frontière maritime avec le Maroc, à la limite du Sahara occidental.
Devant ce regain d’activités pétrolières dans la région, le gouvernement local des Iles canaries affiche son inquiétude. Paulino Rivero, chef du gouvernement autonome des Canaries ne veut pas entendre parler d’exploitation pétrolière dans la région de l’archipel, considérant qu’elle serait de nature à compromettre la principale activité économique des iles à savoir le tourisme. Selon lui, si le Maroc envisageait d’entreprendre ce type d’exploitation dans la zone qui s’étend des eaux marocaines aux cotes des Canaries, il agirait auprès de Bruxelles pour conditionner tous les accords économiques liant le royaume à l’Europe au respect d’une réglementation environnementale qui interdirait de fait ce projet. Les autorités des Canaries affichent d’ailleurs la même détermination à tenter de dissuader la compagnie espagnole Repsol de venir travailler dans cette même région. De son côté, le lieutenant général César Muro Benayas, chef du Commandement militaire des îles Canaries, estime que les Forces armées de son pays doivent se préparer à gérer un regain de tensions entre l’Espagne et le Maroc suite à cette découverte de gisements de pétrole et de gaz au large du Sahara occidental. « La question du pétrole, qui va prochainement se poser, sera une source d’instabilité et augmentera la tension » a-t-il déclaré. D’autres compagnies comme la britannique Wessex Exploration, qui sera très probablement englouti par Total, s’est adressée via sa filiale Maghreb Exploration, à la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pour signer des contrats de partage de production pour le bloc offshore Imlili (6550 km² pour des profondeurs d’eau allant jusqu’à 150 m) dont elle détient 50% en tablant sur une proche résolution par l’ONU du conflit territorial pour entrer en action. C’est dire que les prochaines années, il ne sera pas étonnant qu’une vive tension prévale sur la frontières Nord ouest de la Mauritanie. Quel impact cela aura-t-il sur les forages prévus dans le bassin côtier mauritanien et sur l’activité de pêche et de commerce avec les iles canaries. Personne ne sait, personne en Mauritanie ne semble d’ailleurs s’y intéresser !
BC
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 09/01/2013{jcomments on}
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