Ernesto Guevara a toujours souhaité appuyer les peuples du Tiers-Monde contre ce qu’il nommait « l’impérialisme ». Pour cette lutte interminable et périlleuse, le leader internationaliste a parcouru le monde, et bien évidemment l’Afrique lors de sa décolonisation. Parmi ses multiples étapes, une lui tenait tout particulièrement à cœur : Alger, surnommée « La Mecque des révolutionnaires ».
Symbole d’après lui, de la victoire contre les « impérialistes ».
Che Guevara a effectué deux visites en Algérie, une en 1963, un an après l’indépendance du pays, puis une autre en 1965.
Lors de son premier voyage, le Che vient tout d’abord pour féliciter le Front de libération nationale (FLN) algérien pour sa victoire contre les « impérialistes français » et tisser des liens d’amitié avec celui-ci. Cependant, sa visite a de même un autre objectif. Il s’intéresse en effet à un combat de libération auquel Ahmed Ben Bella, alors Premier ministre algérien, est également sensible : celui du Sahara occidental, contre les colons espagnols. Il travaille donc à la formation d’une organisation révolutionnaire, avec le soutien de La Havane : le Mouvement de libération du Sahara (MLS), l’ancêtre du Front Polisario. Plusieurs centaines de Sahraouis hispanophones vont alors suivre une formation politique à Cuba et faire l’apprentissage des méthodes de lutte révolutionnaire.
L’alliance entre Cuba et l’Algérie est effective. La petite île révolutionnaire ne manque d’ailleurs pas de soutenir militairement l’Algérie lors de la guerre des Sables (octobre 1963-février 1964), qui l’oppose au Maroc. Fidel Castro envoie de l’artillerie, des avions, des blindés et même un contingent de plusieurs centaines d’hommes. En échange, les autorités algériennes acceptent de transformer Alger en base arrière des mouvements de libération d’Amérique latine, La Havane étant alors truffée d’espions américains.
Le discours de la polémique
La seconde venue du commandant cubain intervient à l’occasion du Séminaire économique de solidarité afro-asiatique, organisé à Alger du 22 au 27 février 1965. Le Che y prononce un discours, resté dans les annales. Il critique la politique du grand frère soviétique (sans jamais le nommer) envers les pays sous-développés et son manque d’ardeur dans la lutte contre l’impérialisme dans le monde : « Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les exploiteurs de l’Ouest. Il n’est pas pour nous d’autre définition du socialisme que l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme. Il est entendu que les pays socialistes doivent payer le développement des pays sous-développés. »
Ce discours, bien que reflétant une opinion largement partagée dans le Tiers-Monde, embarrasse Fidel Castro au plus haut point. Ce dernier doit composer avec l’allié soviétique, afin que Cuba continue de bénéficier de son soutien. Un appui tant économique que politique et militaire. L’île étant pratiquement dans une situation de perfusion, particulièrement depuis la mise en place de l’embargo américain en 1962. Cet évènement entraîne le divorce du couple révolutionnaire : le Che disparaît de la vie publique, puis démissionne en octobre 1965 en renonçant à sa nationalité cubaine pour continuer sa Révolution. « Non seulement je ne suis pas modéré, mais j’essaierai de ne jamais l’être » affirmait-il. Le Che est mort, deux ans plus tard en Bolivie.
Renaud Towe
Source : Afrik.com le 02/12/2012{jcomments on}
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