Kass Kronik : Confessions d’un voleur

(Crédit photo : Ibrahima Athié / Kassataya)

Dans un espace de liberté comme Kassataya, chacun a droit à la parole, que soit un président convalescent, un ministre, un chômeur ou même un voleur. Ce dernier nous intéresse particulièrement aujourd’hui et le cas qui nous interpelle est celui de ce filou appréhendé récemment à Dakar dans une mosquée.

C’était en plus un vendredi et les fidèles lui ont bien sûr fait la fête. Et je me suis dit qu’il serait intéressant d’imaginer un tête-à-tête avec cette personne.

Bonjour, Monsieur, avant d’aller plus loin, reconnaissez-vous les faits qui vous sont imputés ?

Bah oui, attendez suis quand même un homme et en tant que tel je prends mes responsabilités et je confirme la réalité de ces faits quoiqu’il m’en coûte.

Pourquoi avez-vous choisi de commettre votre larcin dans une mosquée et surtout un vendredi ?

Justement, ce jour n’a pas été choisi au hasard car je savais qu’il y aurait une grande affluence ; et là où il y a du monde, il y a forcément des choses à subtiliser.

Mais le risqué était quand même grand, non ?

Si, mais qui ne risque rien, ne vole rien. En fait, en tant que voleur professionnel, j’avais bien préparé  mon coup en venant faire un repérage il y a quelques jours. Sauf que le jour J, l’imam a fini vite la prière et je n’ai eu ni le temps de chiper quoi que ce soit, ni de prendre la fuite.

Et certainement ni le temps de prier…

Mais non ! J’étais venu pour voler alors il fallait que je me concentre uniquement sur mon objectif.

Mais vous étiez quand même dans une mosquée, n’êtes-vous pas croyant ?

ça se voit que vous ne pourrez jamais devenir voleur car vous n’y comprenez rien. Dans ce métier on n’a pas d’états d’âme et on ne se soucie pas non plus du mal qu’on peut faire aux autres. Quant à la justice divine je me suis dit que je pourrai toujours à l’âge de la retraite demander pardon et me racheter une bonne conduite.

Hélas la justice des hommes, elle, est moins compréhensive…

Tu parles ! J’ai demandé qu’on me livre à la police mais les gens ont refusé, se sont rués sur moi et m’ont tabassé comme un malpropre alors que je ne faisais que mon travail.

Voler, un travail ?

Bah oui,  il y a, entre autres, des ingénieurs, des présidents, des voleurs aussi. Il faut un peu de tout pour faire un monde…

Alors après cette mésaventure, à défaut d’arrêter de voler, vous allez certainement prendre des précautions pour ne pas être pris la main dans le sac…

Arrêter vous dites ? Dans vos rêves ! C’est un métier qui me permet de gagner des sous sans se fatiguer. Changer de tactique c’est sûr et je viens d’ailleurs de m’inscrire à des cours de boxe pour apprendre à mieux encaisser des coups. Après je pense aller rôder autour d’un marché…

En voilà un voleur intrépide et surtout sans cervelle. En effet en voulant commettre ses forfaits dans un lieu public, il agit comme une poule qui, au risque de se dénuder, place son derrière dans le sens du vent…

Ibrahima Athie

(Chronique de l’émission  » le débrieff de l’actu » du dimanche 25/11/2012. Le « débrieff de l’actu », tous les dimanche dès 22H00 heure de Paris, 21 H00 GMT sur www.kassataya.com)

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