Le patron de la CIA démissionne sur des soupçons de liaison extraconjugale

David Petraeus avait pris les rênes de l'agence de renseignement américain en juillet 2011. | REUTERS/YURI GRIPASLe héros d’Irak est tombé de son piédestal. Le directeur de la CIA, David Petraeus, a démissionné de son poste vendredi 9 novembre. Dans un message aux employés de l’agence, M. Petraeus admet avoir eu une relation « extraconjugale ». « Un tel comportement est inacceptable », y écrit-il.

« Après avoir été marié pendant plus de trente-sept ans, j’ai fait preuve d’un manque de jugement en ayant une relation extraconjugale. Semblable attitude est inacceptable à la fois comme époux et comme patron d’une organisation telle que la nôtre », explique l’ancien général, qui avait pris les rênes de l’agence en juillet 2011.

Lire : Un héros de la guerre en Irak, choisi par Obama pour la CIA

Selon plusieurs médias américains, la biographe de l’ancien militaire, Paula Broadwell, serait sous le coup d’une enquête du FBI pour avoir eu accès à des documents confidentiels envoyés à M. Petraeus. La plupart des médias l’ont d’ores et déjà désignée comme la briseuse de couple.

Selon le New York Times, tout a commencé par la plainte d’une tierce personne, dont l’identité n’a pas été révélée, au sujet d’un harcèlement dont elle aurait fait l’objet par le biais de courriels que lui a adressés Paula Broadwell. Cette personne n’appartient ni à la famille de Broadwell, ni au gouvernement, indique le journal, précisant néanmoins qu’il s’agit d’une femme. Petraeus ne serait donc apparu dans l’enquête qu’après, lorsque le FBI a repéré une correspondance électronique entre Broadwell et lui. Il ne s’agit pas d’une affaire de moeurs, mais de sécurité informatique, ont fait valoir des officiels du FBI et de la CIA interrogés par le NYT.

Paula Broadwell en janvier 2012.

Mais l’affaire est en train de tourner au polar. Le site d’information américain Huffington Post évoquait samedi une lettre anonyme envoyée au NYT en juillet, et qui pourrait être l’œuvre du mari de Paula Broadwell. L’auteur, qui s’adresse à une rubrique que l’on pourrait qualifier de « courrier du cœur », y demande conseil pour gérer l’infidélité de sa femme avec un « membre de l’exécutif » dont « le rôle est de conduire un projet dont l’avancée est perçue, à l’échelle mondiale, comme une démonstration du leadership américain ».

Si plusieurs médias soulignent qu’il ne pourrait s’agir que d’une coïncidence, beaucoup remarquent que les détails que contient cette lettre ainsi que la temporalité des événements qu’elle relate correspondent parfaitement avec « l’affaire » Petraeus. Il n’en faut pas plus pour faire marcher l’imagination et alimenter les théories du complot, comme le souligne The Atlantic Wire.

OBAMA SALUE SON TRAVAIL

Selon une source interne au renseignement américain, le directeur-adjoint de la principale agence américaine d’espionnage, Michael Morell, assurera l’intérim. Barack Obama, fraîchement réélu à la présidence des Etats-Unis, a accepté cette démission et a salué son travail. David Petraeus avait été reçu jeudi, soit quarante-huit heures après l’élection présidentielle, par le président Barack Obama.

« David Petraeus a servi les Etats-Unis depuis des décennies de façon extraordinaire », a affirmé M. Obama dans un communiqué, en disant sa confiance au numéro deux de la centrale du renseignement, Michael Morell, pour assurer l’intérim.

L’une des personnes susceptibles de remplacer M. Petraeus est l’actuel conseiller de Barack Obama pour l’antiterrorisme, John Brennan, « un homme d’expérience qui jouit de la confiance du président », et dont le nom avait déjà été évoqué par le passé pour ce poste, a affirmé dans un entretien à l’AFP Bruce Riedel, ancien de la CIA, désormais analyste à la Brookings Institution.

POPULAIRE ET MÉDIATIQUE

David Petraeus était arrivé à Langley, siège de la CIA, auréolé de sa stature de héros de la guerre en Irak et de commandant de la coalition internationale en Afghanistan. Rompu au jeu politique de Washington, il était populaire et médiatique. Sa nomination avait été perçue comme la conséquence naturelle du rapprochement, ces dernières années, des missions traditionnellement dévolues aux forces spéciales avec les missions clandestines assignées à la CIA.

De nombreux observateurs lui prêtant une ambition politique – ce qu’il démentait -, sa nomination à la tête de la CIA était aussi pour la Maison Blanche une façon de le contraindre au silence. S’il n’a passé qu’un an à sa tête, Petraeus aura « commencé à faire vivre l’agence dans un monde post 11-Septembre » en continuant sa mission antiterroriste mais en revenant à ses missions traditionnelles, selon M. Riedel.

Source: Le Monde

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