Mauritanie : le quinquennat de Ould Aziz au ralenti

(Crédit photo : Bakala Kane)

Le président mauritanien est en convalescence dans une clinique privée à Nice sur la Côte d’Azur en France depuis sa sortie de l’hôpital militaire de Percy le 24 octobre dernier suite à sa blessure par balles le 13 octobre dernier à la base militaire de Tweila non loin de la capitale mauritanienne.

Ould Aziz souffrirait vraisemblablement d’une anastomose intestinale autrement dit d’une grave blessure à l’intestin grêle. Il serait donc indisponible au moins 2 à 4 mois s’il s’avérait que ce sont les forces vitales du patient qui sont affectées. Pour les observateurs ce nouveau diagnostic soulève des points d’ombre sur la santé du président et par ricochet le débat sur la crise institutionnelle en Mauritanie.

Finalement Ould Aziz n’est pas rentré en Mauritanie le 28 octobre dernier pour des raisons médicales .Le président a suivi le conseil des médecins français pour sa convalescence dans une clinique privée à Nice l’une des meilleures en France pour soigner sa blessure à l’intestin grêle ou l’appellation scientifique anastomose intestinale. Le chef de l’Etat pourrait être indisponible pour 2 voire 4 mois. Une information non officialisée par les sources médicales françaises et par Nouakchott pour des raisons d’Etat. Cet empêchement provisoire au sommet de l’Etat soulève des points d’ombre sur la santé de Ould Aziz et pourrait révéler une vacance de pouvoir à court terme si les raisons de santé sont plus graves qu’on ne le croyait. Et cette confusion qui soulève un débat sur la crise institutionnelle à trois niveaux de la suppléance du président de la République .Le premier en cas de vacance de pouvoir l’intérim est assuré par le président du Sénat Bâ Mbare mais aujourd’hui lui aussi peut-être empêché parce qu’ en consultation médicale en France. Sinon c’est le président actuel de l’assemblée nationale Ould Boulkheir. La route est longue. La suppléance concerne aussi la situation où pour des raisons de santé ou de voyage. C’est le cas actuel où Ould Aziz ne peut exercer provisoirement ses fonctions. Les charges courantes sont assurées par le chef du gouvernement. Le troisième cas est utopique parce qu’il concerne l’impossibilité de tous les intérimaires potentiels de droit, les deux présidents du parlement. Il n’y a pas de dispositions légales à ce sujet à l’heure actuelle. Aujourd’hui les mauritaniens ont l’impression de vivre au ralenti avec une gouvernance de Ould Aziz par militaire interposé comme en témoigne l’audience cette semaine du Général chef d’Etat major national Ould Ghazwani accordée à l’ambassadeur du Qatar à Nouakchott. C’est clair depuis la blessure du chef de l’Etat le 13 octobre dernier ce sont les militaires qui veillent au grain et distillent la communication. Une gestion de la crise que les observateurs assimilent à un transfert indirect du pouvoir. Ce qui ne plait pas bien sûr à l’opposition dont le fil conducteur est de créer de nouvelles conditions pour le départ enfin précipité de Ould Aziz malgré cet incident de Tweila qui marque un coup d’arrêt au quinquennat. Cette nouvelle situation risque d’impacter sur les années à venir à condition que les blessures du chef de l’Etat se cicatrisent assez rapidement pour couper court aux rumeurs et à la confusion institutionnelle .L’empêchement provisoire pourrait devenir vacance de pouvoir c’est-à-dire que la Mauritanie n’est pas à l’abri d’une seconde crise semblable à celle de 2008 dont Ould Aziz était lui-même le grand bénéficiaire et qui avait profité aux dérapages du parlement qui avaient conduit après à l’intérim forcé de Bâ Mbare comme premier président noir pour quelques semaines. La parade aujourd’hui c’est de dire la vérité aux mauritaniens. C’est le sens de l’appel cette semaine à Nouakchott du leader de l’opposition mauritanienne Ould Maouloud pour de larges consultations avant une période transitoire pour régler cette absence prolongée du président de la république. La rétention de l’information ne sert que les ennemis de la république et fragilise davantage le pays qui a besoin dans les moments difficiles d’être soudé. C’est le prix à payer pour redémarrer un quinquennat au ralenti depuis un mois.

Bakala Kane

(Contribution reçue Kassataya le 04/11/2012){jcomments on}

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