Ce que certains qualifient de tir « accidentel » contre le chef de l’Etat mauritanien pourrait bien être lié à sa longue campagne contre al-Qaida, affirment certains observateurs.
Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz se remet de ses blessures dans un hôpital militaire à Paris, et ne devra subir aucune autre intervention chirurgicale, a fait savoir l’AFP le lundi 15 octobre.
Le chef de l’Etat a été la cible de tirs par une unité de l’armée, samedi dans la soirée, alors qu’il rentrait à Nouakchott en provenance de Tweila, à quarante kilomètres au nord de la capitale.
« C’est un tir par erreur contre le cortège du Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui revenait de l’intérieur du pays. L’unité militaire ne savait pas qu’il s’agissait du convoi présidentiel », a déclaré le ministre de la Communication Hamdi Ould Mahjoub.
Le Président a reçu les premiers soins à l’hôpital militaire de Nouakchott, où il a été opéré pour retirer une balle. Ould Abdel Aziz a ensuite été transféré à l’hôpital militaire du Percy à Clamart, en banlieue parisienne, selon le ministère français de la Défense.
Avant de s’envoler pour Paris, Ould Abdel Aziz s’est adressé à la nation depuis son lit d’hôpital à Nouakchott. « Je veux tranquilliser tous les citoyens mauritaniens. L’opération que j’ai subie hier soir (samedi) a été un succès, grâce à l’efficacité de l’équipe médicale », a-t-il déclaré.
L’agence AMI a cité le médecin du Président, le Dr Ahmed Ould Sidi Mohamed, expliquant lundi que la santé du Président « s’améliore après l’opération subie à Nouakchott, et aucune autre intervention chirurgicale ne sera nécessaire ».
Selon le quotidien Al Akhbar, les autorités de Nouakchott ont arrêté deux officiers de l’armée qui avaient ouvert le feu contre le chef de l’Etat. Mais cet incident a soulevé de nombreuses questions au sein de la classe politique et parmi les observateurs.
Interrogé à ce sujet lors du sommet de la Francophonie à Kinshasa, le ministre mauritanien des Affaires étrangères Hamadi Ould Hamadi a déclaré que « la situation n’a rien d’inquiétant, ni pour le pays ni pour le Président qui exerce la plénitude de ses pouvoirs ».
L’union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, a souhaité un prompt rétablissement à Ould Abdel Aziz. L’un de ses opposants les plus féroces, le leader de Tawassoul, Jemil Ould Mansour, a également espéré qu’il ira bientôt mieux et pourra rentrer auprès de sa famille.
Pour l’analyste Ahmed Ould Soueid Ahmed, « les déclarations du ministre de la Communication ne font qu’aggraver l’inquiétude des Mauritaniens quant au sort non seulement du Président, mais pour la stabilité du pouvoir qui est concentré entre les mains d’un seul homme, même si Aziz a toujours montré qu’il avait une confiance absolue en son système de sécurité, y compris sa garde la plus rapprochée. »
Pour sa part, le journal Aqlame se demande : « Quelle erreur a pu conduire un militaire à vider toutes ses cartouches sur la voiture du Président de la République ? Que faisait cette unité sur le trajet du Président ? Quelles informations avait-elle obtenues sur la voiture privée du Président de la République pour être hostile à ce point-là ? »
Certains observateurs suggèrent qu’il pourrait s’agir d’une attaque planifiée. Elemine Ould Mohamed, professeur de sciences politiques, souligne que « en 2011, AQMI avait menacé de le tuer, l’accusant de mener une guerre par procuration contre les Moudjahidines pour le compte de la France. Mais il a régulièrement rejeté ces accusations des djihadistes. »
Le Président a mené une campagne militaire contre al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et a été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat de la part de ce groupe terroriste.
« Nous ne faisons que nous défendre, protéger nos frontières, et la France n’a pas besoin de nous pour combattre à sa place », avait déclaré Ould Abdel Aziz en mars dernier à Nouadhibou.
Bakari Guèye
Source : Magharebia le 16/10/2012{jcomments on}
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