Sénégal : l’autre « Françoifrique » à Dakar

(Crédit photo : Bakala Kane)

En route pour le 14èmesommet de la Francophonie qui s’est ouvert ce samedi à Kinshasa en RDC, le président français était l’hôte le vendredi dernier du président sénégalais Macky Sall .

Une étape très importante pour François Hollande en visite pour la première fois dans le pays de la « Téranga » depuis son élection il y a quelques mois pour décréter verbalement la mort de la françafrique.

Le choix de l’assemblée nationale sénégalaise par le président français François Hollande pour délivrer ce message est significatif à plusieurs titres .D’abord c’est le symbole de la démocratie sénégalaise valeur commune aux deux pays. Ensuite c’est une réponse voilée à son prédécesseur le président Sarkozy qui s’était exprimé devant un parterre nombreux dans le temple du savoir, l’Université Cheikh Anta Diop. Et enfin c’est pour donner plus de poids au discours sans faire aucune allusion au discours inique de Sarkozy sur l’Afrique et les peuples africains il y a tout juste plus de 5 ans sur la nouvelle politique africaine de l’Elysée qu’il tentera de distiller auprès des 15 chefs d’Etat et de gouvernement présents au sommet francophone dans la capitale congolaise. Il s’agit d’abord pour le nouveau locataire de l’Elysée de revisiter l’histoire du continent africain berceau de l’humanité avec une visite à l’Ile de Gorée qui abrite la Maison des esclaves symbole de cet odieux commerce triangulaire entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. Une histoire commune aux deux pays qui interpelle les deux chefs d’Etat et au-delà toute l’humanité à ne pas oublier le passé pour mieux regarder l’avenir. Dans cette perspective François Hollande s’engage personnellement pour la défense de la dignité humaine. Auparavant le président français a fait montre de plus de lucidité en rappelant les grandes figures politiques du Sénégal qui ont mené l’indépendance du pays et le rôle important des anciens combattants africains dans la libération de la France. On est donc bien loin de cette négation de l’homme africain sans histoire et qui n’est pas rentré dans l’histoire faute de technologie. A Dakar le président français s’est tourné vers l’avenir des relations avec l’Afrique avec un nouveau regard de gagnant-gagnant cher à la Chine et aux pays dits émergents Inde, Brésil par exemple .Pour cela il faudra de nouveaux rapports politiques. Il ne suffit pas de décréter verbalement et unilatéralement la fin de la françafrique pour qu’elle disparaisse. Ce vieux réseau occulte qui fait des dirigeants africains et français, des entrepreneurs et financiers des complices de paradis fiscaux ,de détournements de deniers publics, de coups d’Etat militaire ou d’élections gagnés d’avance, d’arrestations arbitraires et d’emprisonnements de leaders politiques et syndicaux et parfois d’exécutions sommaires. Au final ce sont de graves atteintes aux droits de l’homme et de l’Etat de droit, deux dossiers pendants que le chef d’Etat français a soulevés à Dakar et à Kinshasa lors de l’ouverture du sommet de la francophonie. Au de-là de cette volonté de François Hollande de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué complètement le principal souci reste dans la décolonisation de tous les esprits français et africains. Le retard technologique de l’Afrique et son retard économique sont devenus pour la France un devoir de sauver l’homme africain. Il faut parler maintenant à égalité dans un nouveau cadre de partenariat que désigne le vocable l’autre « Françoifrique » à Dakar qui a beaucoup de chemins à parcourir, 5 ans avant que Macky Sall et les autres chefs d’Etat africain l’aident certainement à enterrer la françafrique.

Bakala Kane{jcomments on}

(Contribution reçue à Kassataya le 13/10/2012)

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