Ironie du sort !

NETTALI.NET – Quelle actualité violente ! Les journaux de notre espace médiatique sénégalais et les sites d’infos qui le constellent se sont emparés de l’affaire Cheikh Yérim Seck et d’Aïssatou Tall. Avec gourmandise confraternelle et violence terminologique, les commentaires vont bon train sans qu’on ne sache la vérité sur cette affaire. Et les conclusions sont tirées selon !

 


 


Les fuites distillées dans la presse, ont tout cas fixé les débats au-dessous de la ceinture. Ce qui dans le cas d’espèces, est somme toute logique. Les thèses se focalisent sur les termes virginité, défloraison, rapports brutaux, et plus ou moins forcés. Le pire est qu’on va sans doute en rester là, à ce niveau horizontal de réflexion et qu’on va passer à côté d’une grande lessive morale salutaire pour notre pays. Cheikh Yérim Seck a été imprudent, c’est vrai ! Il a sous-estimé l’importance qu’avait son rang de journaliste écouté et surtout ce qu’attendent de lui, des tas de gens qui buvaient ses paroles et ses articles, comme paroles d’Evangile.

Cheikh Yérim Seck a été aussi victime d’un calendrier médiatique qui a fait se télescoper une émission de télé-vérité où il étalait sa foi et sa générosité religieuse, avec ce fait divers scabreux. Dévastateur télescopage ! Il n’aurait jamais dû au regard de ses propos, faire ce geste adultère, et impitoyable vis-à-vis d’une jeune fille, fut-elle irrésistiblement belle ! Certes, CYS a perdu les pédales, devant une beauté, pour le coup, fatale. Tromper ses deux femmes en même temps, est-il un fait singulier qui ne s’applique qu’à lui ? Qui d’entre nous, n’a pas déçu sa mère ? « Que celui qui n’a jamais pêché, lui jette la première pierre », aurait crié un célèbre prophète. Cheik Yérim, est-il coupable ? C’est à la justice de le déterminer, sans faiblesse, mais aussi sans a priori. Séducteur, sans doute, mais violeur ? Reste à prouver.

Nous n’allons pas ici nous attarder sur les modalités rances d’une romance consentie qui a viré au cauchemar pour les deux tourtereaux, car pour elle aussi, convenons-en, c’est une dure épreuve à traverser. Laissons passer les sordides détails de cette affaire qui pollue l’atmosphère et attardons nous sur nos mœurs actuelles d’un pays schizophrène, écartelé entre traditions séculaires et attirances des brillances jouissives. Attardons-nous sur cette hypocrisie constante qui nous fait admettre à notre corps défendant que bien des choses ont changé. Il y a vingt ans, lorsqu’une jeune fille de 18 ans croisait un homme avec les cheveux blancs, elle baissait le regard si elle n’avait pas eu le temps de changer de trottoir, mais aujourd’hui, il est vain de le nier, elle vous regarde droit dans les yeux, parfois plus bas d’ailleurs, et d’un œil incandescent vous susurre : « Yaye Bagne ! » (ça dépend de toi »).

Il y a actuellement un véritable marché de l’adultère et du vice. Combien de maisons transformées en auberges dans Dakar au point d’avoir alerté les autorités du ministère du tourisme, abritent-elles des aventures adultérines ou coupables ? Toutes nos jeunes filles ne sont pas des dévergondées, loin de là. Mais, tout de même, certaines devraient nous dire comment elles font pour s’acheter avec l’argent de poche que leur donnent leurs parents, même en étant magistrats ou haut fonctionnaires, pour rentrer chez elles avec sur la tête, des cheveux qui valent le salaire de leurs parents, le dernier i-phone à la main, et les derniers mocassins de chez Gucci aux pieds ? Ce sont peut-être de généreux et gentils donateurs, mais il faut vraiment se pincer pour y croire. Ou alors des cadeaux de leurs petits copains aussi désargentés qu’elles, ce qui n’est pas crédible.

On a tous vu, il y a quelques années de cela, une publicité qui vendait les cellulaires d’une célèbre boîte de télé, mettant en scène deux jeunes filles dont l’une ayant reçu en cadeau, le dernier portable, voyait l’autre s’extasier en criant : « Yow amga base dé ». En clair, « toi, le mec qui t’entretient, il se moque pas de toi !!! ». Une véritable publicité pour le « mbaranne » (les femmes qui vivent aux crochets des hommes, sans amour véritable), officialisé et socialement admis. Qui s’en est plaint ? Personne ! Des jeunes filles encore au lycée, logent dans des meublés, très bien meublés d’ailleurs, au vu et au su de parents auxquels elles déposent des sous le matin en allant à l’école.

Mais, peut importe le beurre qui agrémente les épinards, même s’il provient des dessous de culotte de leurs filles… On en est là, à cette époque où celui qui vient demander la main de votre fille est plus regardé avec ce qu’il apporte plutôt que son pedigree social. Les jeunes filles ont besoin de ressembler aux filles des clips de Trace Tv, et cela coûte du fric, alors qu’importe la manière de se le procurer. Ce qui ouvre à cette forme de prostitution sans carnet de santé exigé.

L’amour est un marché. Offre et demande s’y côtoient allègrement. Parlons à présent de la virginité, avec tous les artifices connus pour la préserver, et qui ont donné lieu à un vocabulaire fleuri, de « badigeon », à « lasso », etc , mais on sait tous qu’un sexe n’a pas d’épaules et que parfois ça glisse !!!! On pratique le sexe, mais on ne veut pas blesser l’honneur des parents, qui en mourraient, les pauvres, si les voisins savaient, que leur fille n’est plus vierge. C’est en tous cas l’aspect qu’elles se donnent, pour être rentables et bancables, celles de filles auxquelles on ne la fait pas. Regard de pestes et de biches offertes en dehors et âmes prudes en dedans. Vous vous étonnez que parfois le vernis craque et que…

Juger Cheikh Yérim Seck, c’est porter un regard cru sur notre société. Si nous ne sommes pas capables de le faire, laissons Dieu le faire. Ou alors construisons de nouvelles prisons pour accueillir tous les hommes qui ont fait la même chose et surtout les jeunes filles qui sont passées maîtresses en art de faire chanter des tendres pigeons. Il faudrait peut-être commencer à sévir contre ce chantage permanent au viol et aux actes sexuels filmés par des portables embarqués dans des ébats douteux et consentis, voire tarifés.

Nettali

 

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