{jcomments on}Depuis que le Sénégal a décidé, il y a quelques semaines, de dissoudre le Sénat que le Président Wade avait dissolu avant de le etablir, une partie de la classe politique mauritanienne est montée au créneau pour demander que pareille chose soit aussi adoptée chez nous.
Le dernier à monter au créneau sur cette question est Mohamed Ould Borboss, président du tout nouveau parti, le Parti de l’Avenir, qui n’est, en réalité, que la dissidence de l’APP. Ou si vous voulez, l’aile engagée haratine qui continue à proclamer l’existence et la pertinence des révendications du mouvement El HOR.
Au-delà de Ould Borboss et ce qu’il incarne et pèse aujourd’hui sur la scène politique nationale, l’idée mérite d’être débattue et discutée. Le Sénat, nous le savons tous, ne sert pratiquement à rien. Sauf peut-être à nous permettre de faire recours à son président en cas de vacance du siège du président, comme ce qui s’était passé en 2008-2009. Et lá, tout le monde se rapelle que Bâ M’Baré s’était contenté du rôle de l’ephemère effacé qui récevait ses ordres et instructions de celui qu’il était censé avoir remplacé. Et dans tous les cas, il était manifeste que durant son court magistère, l’état-major tenait le Sénat en lieu.
En dehors de celá, ce qui passe pour être la chambre haute de ce que nous appelons « Parlement » chez nous, n’est autre qu’un gros gouffre financier pour entretenuir des chefs de tribus, des notables de villages et de vieux caimans de l’administration et de l’armée qui refusent de cracher le sucré morceau qu’ils ont dans la bouche depuis la nuit des temps ! Oui, le Sénat en Mauritanie ne sert à rien. Il est juste une chambre à coucher supplémentaire pour le pouvoir. N’importe quel pouvoir. Ses « sages » ne savent qu’aquiescer et appaluadir. Ils n’ont jamais le courage de dire non. Même pas d’un timide mouvement de la tête. Ceux et celles qui y tiennent tête au délire et à la folle diarhée législative de la majorité sont issus des rangs de « Satan », tropicalisés par la COD ! N’eût été la présence de respectables dames comme Maaluma Mint El Meidah et Yaye N’Daw Coulibaly et l’honorable Mint Dedda, beaucoup de Mauritaniens auraient vécu sans savoir qu’il arrivait que Bâ M’Baré ouvre sa bouche !
Le Sénat, on oublie même qu’il existe. Rares sont les activités qu’il mène, excepté ses ennuyeuses et longues séances de cogitations sur des projets de lois que la plupart de ses membres ne prennent même pas la peine de lire. D’ailleurs, c’est à voir même que la majorité de cette écurie de vieux étalons saît lire ou que si elle le savait, pouvait comprendre les lois, les interpreter et les analyser pour faire des propositions. De mémoire de mauritaniens, le Sénat n’a amendé, depuis sa greffe sur notre corps institutionnel, qu’une seule loi. C’est celle relative aux émoulments et privilèges de ses membres. Au moins, ici, ils ont défendu l’intégrité de leurs poches et la dignité de leur réputation de vautours dépeceurs des biens de la collectivité !
Pire, la sortie la plus médiatisée de cette chambre a été dans la honte et l’humiliation de ses membres, quand ils ont accepté d’être instrumentalisés comme des poules dans le coup d’Etat de 2008. Poussant subitement des ailes, les cousins de certains généraux et colonels putschistes dans ce sénacle, avaient mis en place une commission d’enquête sur l’origine des fonds et de la gestion de la fondation de l’ancienne Première Dame. Les vieux renards de l’arrivisme et de l’opportunisme sautèrent sur l’occasion et se sentirent, pour la première fois dans leur vie, devenir des hommes. Ils ordonnèrent des descentes musclées et des actes violents contre une pauvre femme et ses enfants dont le seul crime était d’avoir voulu servir leur pays à leur manière, à partir de leur position. Gênés, visiblement agissant sur ordre, leur commission fera flop le jour où les putschistes décideront, sans avertir personne des acteurs-marionnettes de cette mascarade, que c’était plié. Et depuis, nous attendons les résultats de cette commission.
Et à propos commissions, pourquoi le Sénat n’en constitue-t-il pas pour tirer au clair l’affaire Sanoussi et les fonds illicites évoqués comme préalable pour sa remise à la Libye ? Les morts extra-judiciaires de Lamine Manguane, Mechdhoufi et Moualaa ? Pourquoi ne s’érige-t-il pas en rempart contre les violations réccurentes des droits des citoyens un peu partout à travers la Mauritanie et interpeller le gouvernement à travers des commissions d’enquête au lieu de squatter un vieux palais à proximité de la Présidence à siroter le thé et à s’adonner au trafic d’influence ?
Tous comptes faits, le Sénat n’a pas sa place dans une société comme la nôtre. A l’image de beaucoup d’institutions et de conseils qui ne sont que le receptacles d’amis et de courtisans à caser pour s’assurer leur soutien futile.
Amar Ould Béjà
Source : L’Authentique le 12/09/2012
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