Des envoyés de l’UA auprès des réfugiés en Mauritanie

(Il faut faire davantage en faveur des réfugiés maliens qui se sont abrités dans les pays avoisinants, selon les organisations humanitaires. Crédit photo : Abdelhak Senna / AFP)

La détresse de milliers de réfugiés maliens, au cœur de la Mauritanie, attire l’attention de la communauté internationale.

Une délégation de la commission de l’Union Africaine (UA) est arrivée en Mauritanie pour s’enquérir des impacts de la crise malienne.

Elle a été reçue le 25 août par le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamadi Ould Hamadi, et par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boilil.

Le groupe était conduit par Kouhavé Amako Holadem, ambassadeur du Togo en Éthiopie, et comprenait Cheick Camara, ambassadeur de la République de Guinée en Éthiopie, et Olabisi Adeleye Dare, chef de la division de l’aide humanitaire, des réfugiés et des personnes déplacées au sein de la commission de l’UA.

« Nous venons pour nous enquérir des conditions des réfugiés maliens en Mauritanie, » a déclaré Holadem.

La mission s’est rendue auprès des réfugiés maliens, dont la présence se concentre à Bassiknou, dans le sud du pays. Ils sont presque 500 000 maliens à avoir dû fuir le conflit, avec des centaines de milliers de personnes qui se sont abritées en Mauritanie, en Algérie et au Niger.

A la fin du mois de juillet, quelque 72 000 personnes logées dans le camp de M’berra, à proximité de la frontière avec le Mali, ont reçu du Croissant-Rouge mauritanien et du CICR des articles ménagers et d’hygiène (couvertures, nattes, moustiquaires et kits de cuisine).

La Mauritanie compte aujourd’hui près de 100 000 réfugiés maliens dans les camps de M’Berra et de Bassiknou.

« En plus de ces réfugiés pris en charge par le HCR et les organisations humanitaires, des familles de Touaregs s’implantent dans les banlieues de Nouakchott et vivent dans des conditions économiques difficiles », remarque Ba Cheikh Sidi, consultant international.

Parce qu’elles sont entrées par la frontière sud de la Mauritanie, ou qu’elles ont voulu rejoindre des parents réfugiés et restés à Nouakchott après les conflits du début des années 90 au nord du Mali, des familles maliennes se trouvent aujourd’hui dans la capitale. Contrairement aux réfugiés du camp de M’Berra, ces familles ne bénéficient pas de prise en charge et vivent dans des conditions très précaires, selon l’expert.

« Le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter et nous sommes passés de 200 à 1 500 arrivées par jour depuis le 5 avril », affirme Médecins Sans Frontières (MSF) qui signale qu’à l’heure actuelle « les milliers de réfugiés doivent partager 100 latrines et ils disposent chacun de 9 litres d’eau par jour ».

Médecins Sans Frontières a déjà convoyé, à bord de deux cargos, d’importantes quantités de médicaments destinés aux refugiés maliens en Mauritanie, en plus de la mise en place d’équipes médicales sur place dans le camp de M’Berra.

MSF s’attend encore à un flux massif de réfugiés et à un rythme croissant, et redoute également la précarité des installations sanitaires et les difficultés liées au ravitaillement en eau du camp de M’Berra, dont la population ne cesse d’augmenter.

Le gouvernement mauritanien, dont l’action a été saluée par le Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), a mis en place un corridor humanitaire pour acheminer l’aide destinée au réfugiés maliens.

Mais, malgré tout cela, le besoin d’aide se fait toujours sentir.

Au début du mois d’août, lors de son déplacement de trois jours au Burkina Faso, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), António Guterres, a appelé les pays donateurs « à accroître leur soutien à l’opération d’aide aux réfugiés maliens, qui manque cruellement de financements, dans une région qui peine à nourrir sa propre population ».

« Ces gens ont dû franchir les frontières de pays très pauvres soumis eux-mêmes à des problèmes dramatiques dans le domaine de la sécurité alimentaire : le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso. Les réfugiés maliens ont trouvé beaucoup de générosité dans leurs pays d’accueil qui partagent avec eux tout ce qu’ils ont, mais ils attendent toujours un geste de la part de la communauté internationale », avait alors déclaré Guterres.

Bakari Guèye

Source  :  Magharebia le 05/09/2012

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