{jcomments on}Alors que le président mauritanien se trouve sur les terres de Ould Taya à Atar, les dix partis de la COD ont anticipé cette rencontre avec les populations du Nord en signant une charte dans laquelle ils insistent sur son départ précipité du pouvoir et leur refus de participer à toute élection non transparente comme seule réponse à la crise politique que connaît la Mauritanie.
Les analystes politiques sont partagés par ce coup de semonce pour Ould Aziz qui aurait peu d’effet sur son quinquennat en raison de la perte de crédibilité de l’opposition depuis les accords de Dakar en 2008 lesquels ont permis de légitimer l’élection du président Ould Aziz en juillet 2009.Grande forme et petite riposte des chefs des dix partis de la COD. A moins d’une semaine, ils ont concocté une charte de bonne gouvernance pour jouer plus vite que les violons en raison de la gravité de la situation économique et des urgences sociales en Mauritanie. Les principaux leaders se sont entendus sur un socle commun pour insister sur le départ précipité de Ould Aziz du pouvoir seul préalable à tout dialogue politique. Ils entendent également boycotter toute élection non transparente et anti démocratique comme réponse également à cette crise. Cette détermination anticipée des opposants intervient au moment où le chef de l’Etat se trouve au coeur de la capitale de l’Adrar pour rencontrer les populations. Un coup de semonce pour Ould Aziz qui compte se refaire une santé politique avec cette visite capitale pour les prochaines élections législatives et municipales par conséquent pour la suite de son quinquennat. La COD appelle même à un gouvernement de transition provisoire au cas où le nouveau locataire quitterait la Maison brune. Pas si simple car les faits sont têtus. C’est bien la COD qui avait signé les accords de Dakar en 2008 suite au coup d’Etat du général Aziz. Ce processus a permis l’élection du président Ould Aziz en juillet 2009.Ce piège tendu par les principaux signataires est la source de la crise politique que la COD aujourd’hui profondément divisée a contribué grandement .A deux ans de la fin du quinquennat, Ould Aziz a réussi contre vents et marées une révision partielle de la constitution grâce à un dialogue avec trois partis de l’opposition. De même à renvoyer sine die les législatives et municipales pour gouverner avec une majorité de nomades de l’ancienne législature. Une mal gouvernance ou dictature que la COD arrive mal à digérer et oppose des sit-in et des manifestations pour changer le cours de l’histoire. Mais comment peut-elle rompre avec les syndromes de Dakar pour recevoir l’adhésion de toutes les populations ? Dans ce contexte difficile où la Mauritanie est menacée par la guerre contre l’AQMI, la crise économique et sociale, la COD n’a pas non plus de recettes miracles pour restaurer la paix et le développement. C’est le débat contradictoire que le pays a besoin et non d’une incitation au départ précipité d’un président dont elle a participé à l’élection. Cette conduite laisse penser que ces opposants sont obsédés par le pouvoir. Pour retrouver la crédibilité il s’agira d’un débat perpétuel sur les véritables questions nationales suivies d’actions appropriées pour amener le régime Ould Aziz à réconcilier tous les mauritaniens et à lutter contre les séquelles de l’esclavage. Cette charte de bonne gouvernance a l’inconvénient de ne pas garantir la diversité et les droits des minorités ethniques en Mauritanie gage de la stabilité politique. Faire mine de croire à la cohésion sociale et à l’unité nationale sans prendre en compte cette dimension c’est empêcher la Mauritanie d’aller vers plus de justice et d’équité. A sa mesure la COD devra combattre les effets d’un tel manquement au quotidien pour réduire le fossé entre les déclarations des chefs et leur réelle capacité d’action. Autrement on ne règle rien. Si leurs déclarations continuent d’être médiatisées c’est parce que les principaux problèmes du pays ne sont pas encore résolus. Il faudra rompre avec les politiques du passé et penser à renouveler les générations gage de la santé des partis et de la démocratie interne. Une nouvelle stratégie s’impose à tous pour plonger dans les souffrances et les préoccupations des populations surtout les plus démunies.
Bakala Kane
(Contribution reçue à Kassataya le 05/08/2012)
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