Dr Brahim Ould Boddé dans un entretien avec « leveridique.info » :

(Brahim ould Boddé. Crédit photo : Le Véridique)

« Il y a un groupe de corrompus qui doit partir avec Ould Abdel Aziz ».

Le Professeur conférencier des universités sénégalaises Dr Brahim Ould Khalil Ould Boddé a indiqué dans un entretien accordé à « leveridique.info » qu’il existe en Mauritanie une bande de gabégistes qui doit partir avec Ould Abdel Abdel Aziz, flattant l’ancien chef d’Etat Ely Ould Mohamed Vall qu’il a qualifié de premier Président africain à remettre le pouvoir à un président élu. Ci-après l’intégralité de cet entretien :

« leveridique.info » : Vous étiez parmi les soutiens de Ould Abdel Aziz. Peut-on savoir le secret de votre ralliement de l’opposition ?

Dr Brahim Ould Khalil Ould Boddé :

Une question pertinente. J’étais l’un des plus grands soutiens de Ould Abdel Aziz, sur la base de ma lecture de son programme électoral. Il m’est apparu aujourd’hui avec certitude que le président est entouré par un groupe de corrompus, dissimilant des volontés malsaines ainsi que des personnalités qui désirent chavirer le pays vers l’abîme ; ce que notre pays rejette totalement.

La Mauritanie est un peuple séculaire, pacifique, vivant en symbiose, n’aspirant qu’à la stabilité. Nous devons couper court devant toutes les tentatives et sabotages qui visent à semer le chaos et à pousser les citoyens à s’entretuer.

Il m’est arrivé d’adresser plusieurs lettres au Président de la république, mais il me semble qu’elles n’ont pas été encore assimilées. Pour cette raison, j’ai rejoint l’opposition. Par ailleurs, Ould Abdel Aziz n’a pas réalisé à ce jour plus de 10% duprogramme sur lequel nous avons voté en sa faveur.

A propos de mon ralliement de l’opposition, il faut dire que je suis membre de la coalition, mais d’aucun parti politique. Je suis convaincu que le sauvetage du pays prescrit le soutien de l’ancien chef d’Etat Ely Ould Mohamed Val, qui est le premier président militaire africain à remettre le pouvoir à un président civil élu. Nous ne sommes contre personne, mais on s’oppose à tout celui qui veut piller le pays comme on apporte notre soutien à tout celui qui veut le protéger.

« leveridique.info » : Il est dit qu’El Ould Mohamed Vall n’était pas le cerveau effectif du coup d’Etat de 2005 et qu’en conséquence, il n’était pas le président réel du pays au cours de cette période ?

BOKB :

Ce qui s’est déroulé dans les coulisses ne nous intéresse aucunement. L’important est que Ely Ould Mohamed Vall était le président officiel du CMJD, lequel a supervisé les élections et remis le pouvoir au président civil démocratiquement élu. Nous pensons que le sauvetage de la Mauritanie de l’impasse politique dans laquelle elle patauge actuellement, nécessite le soutien d’Ely dans cette étape cruciale.

« leveridique.info » : En tant que jeune intellectuel, pourquoi vous soutenez le renversement d’un pouvoir démocratiquement élu ?

BOKB :

L’appel au départ du pouvoir est venu à point nommé. Le pouvoir agonise et c’est lui-même qui a contribué à l’avènement d’un terrain fertile à une demande comme celle-ci, à travers la mainmise des « gros chats » qui entourent actuellement Ould Abdel Aziz sur toutes les articulations de l’Etat. En conséquence, c’est le pouvoir qui s’est piègé lui-même dans le bourbier politique en cultivant la haine, les querelles et érigeant en système le pillage des richesses du pays.

« leveridique.info » : Quel est le mécanisme de départ du pouvoir que vous défendez ?

BOKB :

Nous pensons que le départ du pouvoir doit s’opérer de la même façon qui a présidé aux chutes des régimes tunisien ou égyptien

« leveridique.info » : Mais en Tunisie, en Egypte et en Libye, il y a eu beaucoup de morts avant la concrétisation du rêve du départ. Le même scénario arrivera-t-il à la Mauritanie ?

BOKB :

Nous sommes opposés au versement du sang et aux conflits. Par conséquent, nos appels sont pacifiques comme nos manifestations. Nous estimons que la violence est un comportement primitif auquel nous ne recourons jamais. Le peuple a dit « non ». Le pouvoir doit comprendre et respecter la volonté du peuple. C’est tout.

« leveridique.info » : La commission de suivi et de mise en œuvre du dialogue politique s’est réunie récemment et le président a affirmé sa disponibilité à écouter tout le monde. Pourquoi vous ne voulez pas vous résoudre à l’arbitrage d’élections anticipées ?

BOKB :

Je répète qu’il y a un groupe de personnalités influentes qui sont venues en Mauritanie pour la détruire. Nous ne pensons pas qu’il y a nécessité dans un nouveau dialogue. L’ère de la concertation est révolue avec le pouvoir et il n y a pas d’autre alternative que le départ, – que je précise-, doit être pacifique. Nous sommes contre la violence dans tous ses aspects comme nous somme opposés à l’injustice, à la dictature. Quand la rue se révolte, Ould Abdel Aziz saura que le peuple mauritanien veut qu’il s’en aille. C’est notre message pacifique que nous porterons dans les rues à travers des soirées, des manifestations, des débats, à l’Union Européenne, à tout le monde pour le départ du pouvoir.

« leveridique.info » : Ne pensez-vous pas que c’est le citoyen qui paye la facture des tiraillements entre le pouvoir et l’opposition ?

BOKB :

Je ne plains pas l’opposition pour ses manifestations contre le pouvoir. L’opposition est un acteur indispensable dans le jeu démocratique, sans laquelle, il n y a pas de pouvoir. J’avais écris un article il y a quelques temps dans les colonnes d’un journal gambien paraissant en anglais dans lequel j’avais mis en exergue que c’est le pauvre qui paye toujours la facture. Notre impasse dans le pays est le pouvoir qui a besoin de renouveler sa classe politique, à travers l’élimination des corrompus qui siègent dans les Ambassade et dans le gouvernement et qui sont issus de régimes précédents, qui ne peuvent jamais être un soutien à des réformes. En général, la crise que vit le pays actuellement n’a pas d’autre issue avant le départ du pouvoir en place et de sa bande pourrie, qui doit s’opérer – je le répète- de manière pacifique et civilisée, loin de tout langage du désordre, de la violence et du sang.

Source  :  Le Véridique le 24/04/2012

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