L’histoire ne cesse de se répéter en Mauritanie dans bien des domaines.Surtout dans les rapports entre le président et ses sujets pardon, les citoyens.L’image du président comme l’incarnation d’un pouvoir personnalisé, entretient chez l’homme la tentation du culte de la personnalité.
Ould Taya est passé par là.Lui qui avait dénoncé justement dans son premier discours adressé au peuple quand il renversa le pouvoir de Haidalla, le culte de la personnalité érigé en mode de gouvernance Il n’aura fallu que peu de temps pour que Taya se transforme en dictateur.
La moindre phrase prononcée était reprise, commentée comme la pensée d’Epicure. C’est avec Taya que les déplacements du président à l’intérieur du pays étaient financés par l’argent de l’Etat à coup de centaines de millions d’um. « Ne faites pas mes louanges » disait-il d’ailleurs sans conviction. La suite de son long règne sera marquée par des cérémonies orgiaques organisées à son honneur partout où il se déplaçait. Cela faisait le bonheur des flagorneurs qui profitaient de cet argent qui coulait à flot. Cette tradition Tayienne résiste encore mal au changement de décor au palais brun. Si changement il y a ! Aziz écoute aujourd’hui les mêmes tambours qui battaient au rythme des visites de Taya dans la Mauritanie profonde. A voir cette mobilisation faite au prix d’un déplacement couteux , des populations transportées comme des moutons pour venir remplir l’espace du meeting , on admettra sans peine que le pouvoir corrompt et aveugle les dirigeants. Un homme noyé au milieu des mille mains qu’il serre, des youyous qui lui expriment la bienvenue et qui font le louange de son programme. Tout ça c’est du déjà vu. il est très facile à un homme aux commandes de défendre des réalisations chiffrées. Mais quand un dirigeant démocratiquement élu parle, il doit faire la différence entre la réalité et la fiction. Entre le bouffon et le sérieux car il y a au moins dans cette masse d’ignorants et de naïfs des gens avertis capables de discerner et de juger. Un détail faux peut compromettre toute vérité dite dans un discours. Mais un détail vrai ne saurait changer son contraire. Qui n’a pas entendu Taya haranguer les foules au milieu de tonnerres d’applaudissements et des « Eskeys » amplifiés à longueur d’années par les médias. Ses discours hachés, cacophoniques n’ont-ils pas été sacralisés et collés partout comme des références historiques. Les effigies commandées à l’occasion de ses déplacements étaient facturées plus chères que le reste des dépenses consacrées à ses visites. L’histoire se répète avec la venue d’un nouvel artisan de la « révolution rectificative ». Les tambours politiques qui roulent pour Aziz avaient roulé hier plus fortement en Mauritanie. Des inaugurations, des poses de pierres, des promesses infinies. Telle était la Mauritanie d’avant le règne de Aziz. Telle est encore celle qui continue de battre ses tambours avec les mêmes applaudissements, les abandons de poste, les défilés de voitures qui suivent les déplacements du Rais. Des accidents dans les rangs des forces de sécurité comme cela avait encore couté des vies humaines. Tout ça par la volonté d’un homme qui veut consolider son pouvoir !!!
Cheikh Tidiane Dia
Source: Le Rénovateur
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com
