La guerre de la barbe risque-t-elle de laisser des poils?

(Crédit photo : mohamed Weddoud / Maghrebia)

A la fin du règne de Taya le port de la barbe était assimilée à une sorte de délit politique dans une religion qui recommande de laisser l’homme pousser au maximum la barbe.La chasse aux barbus avait ainsi contraint ceux qui en avaient une qui descendait au dessus de la poitrine de s’en débarrasser.

Les grosses barbes se sont pour la plupart réduites en barbichettes.Ceux qui ne voulaient plus s’en encombrer ont tout simplement tout rasé, histoire de ne pas se laisser tracasser par des rafles policières.
Ceux qui ont tenté de résister à la pression politique causée par la barbe ont continué à s’envelopper toutes les parties où elle se développait. La guerre contre les barbus musulmans en Mauritanie avait entamé l’image du pouvoir de Taya aux yeux des frères musulmans notamment l’aile la plus radicale. La barbe qui passait jusque-là inaperçue a commencé à avoir une connotation religieuse plus prononcée. Les discussions sur la barbe s’invitent de manière accrue dans les débats politiques où les positions sont tranchées entre les défenseurs de la barbe et les adversaires d’une idéologie taxée de fanatique et intolérante. Les mauritaniens qui étaient à l’abri d’une polémique aussi inédite dans les sujets de société ont mesuré l’ampleur de cette question qui pouvait être exploitée comme fonds de commerce politique par les pouvoirs publics qui en usent comme une arme de répression contre les barbus. A chaque fois que le système Taya sentait la montée du phénomène de prêche dans les mosquées, il tirait le taureau par la barbe. Plusieurs personnalités religieuses ont été la cible du pouvoir politique. Des vagues d’arrestations ont frappé les milieux islamistes assimilés à une menace politique pour le régime. Cela suffisait pour que les opportunistes et tous ce que le pays comptait comme béni-oui lance une campagne contre les barbus. Taya usa de ses talents oratoires limités pour s’attaquer aux barbus sans ménagement. Les partis d’obédience islamistes seront frappés d’interdit de reconnaissance par le régime de Taya. Pour se faire entendre les figures de cette mouvance se rallient à l’opposition radicale pour exprimer leurs frustrations. Ce sale temps vécu par les barbus sous la période de Taya a certes dissuadé les réseaux de recrutement démantelés à chaque coup de filet contre les intégristes, mais n’avait pas coupé « la barbe du serpent ». Les barbes allaient s’épanouir comme des fleurs du printemps avec l’arrivée de Sidioca qui, sans être trop de barbe vêtu, tolérait les prêches dans les mosquées et se rapprocha des islamistes malgré des attaques meurtriers commis par des groupes de Aqmi. Une tentative de pactiser avec des chefs religieux pour tenter de solder le dossier des salafistes contre leur repentance n’a pas eu de réels succès pour le président Aziz lors d’un dialogue engagé entre le pouvoir et les détenus Salafistes. La rupture est maintenant nette avec cette guerre des barbes qui barbouille le débat politique entre Aziz et le parti Tawassoul. Pour vu que cela ne laisse tomber des poils !

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 22/03/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page