C’est aux alentours de 13 heures en cette chaude journée du 26 février que le président Biram Ould Dah a fait son entrée au siège du Fonadh, littéralement envahi par les militants et sympathisants de l’Initiative pour la résurgence de mouvement abolitionniste (IRA).
En l’absence totale de toute présence des forces de l’ordre et face à la considérable affluence, les gosses en chemise blanche du «Comité de la Paix» ont transféré le lieu de la conférence de presse de la salle du Fonadh, vers un hangar de la cour, plus spacieux.
«IRA» ! «IRA» ! «Vive le président Biram» ! criait la foule que le service d’ordre ne parvenait plus à contrôler à l’arrivée de Biram accompagné de Balla Touré ,Cheibany ould Bilal et Mangane le père du jeune homme abattu lors d’une manifestation en septembre dernier, à Maghama. La foule se rapproche, met le service d’ordre sous pression. Jibril Diallo qui vient de convoler en juste noces avec «une fille IRA » précise-t-il est partagé entre la satisfaction de l’importance de l’affluence et l’exigence d’une bonne organisation de la conférence de presse.
Il aura fallu que Biram commence à parler pour que la foule se calme. Elle voulait des messages forts apparemment.
Et Biram sait en donner. Lui, le tribun hors pair, et avec qui il faut compter, dans une nouvelle Mauritanie Nouvelle. Ou dans une Mauritanie Poubelle.
«Votre présence jeunes, femmes, vieux, de toutes races, constitue un démenti à la propagande du dictateur Mohamed Ould Abdel Aziz. Elle traduit la défaite du régime devant IRA, qui sera à l’avant garde de la lutte des mauritaniens libres qui feront chuter le régime Aziz et la junte militaire qui asphyxie le pays» lance-t-il.
Et d’enchainer : «Moi Biram Ould Dah, je dis que nous allons délivrer la Mauritanie de la gouvernance militaire, esclavagiste et raciste ».
«Je lance un appel à Al Qaida au Maghreb islamique pour accorder un délai pour le gendarme Ely Ould Mokhtar, à nous, et pas à Mohamed Ould Abdel Aziz qui ne se préoccupe pas de la vie des mauritaniens qu’il engage dans une guerre par procuration livrée au nom de pays étrangers, afin de blanchir son coup d’état continu » poursuit-il.
«Ce délai nous permettra de nous débarrasser de Ould Abdel Aziz et de retirer nos troupes engagées à l’extérieur».
Et Biram d’exprimer , sous les applaudissements, sa solidarité avec les victimes de la répression : « Je demande à tous les mauritaniens de se lever comme un seul homme pour libérer les étudiants du SNEM détenus ainsi que les victimes de l’emprisonnement arbitraire. Nous sommes également solidaires des étudiants de l’ISERI maltraités et réprimés»
Et Biram d’appeler à la révolution : « Nous demandons aux forces de l’opposition de traduire les paroles en actes et de descendre dans la rue pour que nous puissions être comme les pays qui ont mené des révolutions populaires et démocratiques. Devant le pillage, le mensonge, la manipulation et la falsification, nous devrons accepter de payer le prix. Nous devons abandonner nos foyers et investir la rue »
Le Président de l’IRA donne ensuite des précisions sur le CNT en gestation : «La mise en place d’un conseil national transitoire (CNT) est imminente. Ses préparatifs vont bon train à l’intérieur et à l’extérieur. Il est soutenu par de masses, des mouvements et des pays progressistes »
A l’adresse du père du jeune Lamine Mangane tué à Maghama, il lance : «Il faut que les auteurs de ce meurtre soient traduits en justice tout comme ceux de Ould Bezeid ( qui s’est immolé récemment, ndlr) et dont les parents ont saisi IRA ».
Biram se prête par la suite aux questions des journalistes venus nombreux .
A une question sur un éventuel contact avec Aqmi pour faire libérer le gendarme otage et à la personnalisation de sa gestion d’IRA soulevée par le dissident El Houssein Dieng reçu il y a quelques jours par le président Aziz, Biram réagit : «Nous menons des tentatives pour libérer ce fils de la Mauritanie mais c’est une tache difficile avec ce genre d’organisations. Je ne veux pas m’exprimer sur le deuxième aspect de votre question, car c’est un détail. IRA n’a jamais eu de secrétaire général ».
Balla Touré prend la parole : «Si vous voulez parler du pseudo-secrétaire général, referez vous à mon interview donnée à L’Authentique. Aziz mesykine ne comprend rien. Des nègres de service lui ont vendu du vent !»
Sous la pression des journalistes, Biram accepte de revenir sur la question et reprend la parole : « Dés que El Houssein Dieng a commencé à fréquenter le bureau de Aziz, nous l’avons su et exclu. Je ne suis pas contre le fait que ce gosse profite. Il a eu 2 millions d’ouguiyas».
Et d’ajouter. « Aziz ne dort plus, à cause d IRA, il s’est rabattu sur El Houssein Dieng comme somnifère, mais il n’aura pas le sommeil »
A une nouvelle question sur le délai de 3 mois accordé à Aziz pour entamer des reformes, Biram indique que le pouvoir n’a aucune volonté de dialogue et a sombré dans la manipulation comme celle distillée à travers des sénateurs comme quoi Aziz pourrait ne pas se représenter.
«Le CNT est en voie d’asséner les coups qu’il faut à Aziz qui a entamé une répression ciblée de certaines communautés, en excluant l’IRA de celle-ci, et ce, pour terroriser des catégories mauritaniens avant la manifestation du CNT ».
A une autre question sur les résultats du dialogue et sur le plan d’urgence «Emel 2012», Biram répond : « C’est de la poudre au yeux ! A quoi bon, tous ces articles sur l’esclavage si les esclavagistes restent protégés et si les communautés nationales restent marginalisées. Le plan d’urgence est destiné à engraisser des chats déjà gras.»
A propos des refugiés maliens, Biram annonce sa solidarité avec ceux, parmi eux, qui sont non armés, car ils sont victimes, a-t-il dit, d’une «guerre imposée par Mohamed Ould Abdel Aziz qui a accueilli et fourni des armes à des maliens pour une stratégie personnelle qui va mettre la sous région à feu et à sang, s’il n’est pas neutralisé à temps»
Après les journalistes, Biram se déplacé à l’extérieur du Fonadh pour tenir un mini-meeting en pleine rue dans lequel, il a remercié les militants pour leur patience et leur a demandé de se préparer car Ould Abdel Aziz opprime tous les mauritaniens. « Même les hommes d’affaires sont exilés à l’étranger parce qu’ils ne peuvent plus travailler en Mauritanie et les éleveurs souffrent car il a abandonné leur cheptel le laissant mourir entre leurs mains. Tout cela, pour les appauvrir en vue de les dominer» dit-il. Le mini-meeting comme la conférence de presse prennent fin.
Le cortège du président de l’IRA s’ébranle en direction du centre ville sous les cris enthousiastes des gosses à chemises blanches : «Le Basep de Biram», dit un confrère, en plaisantant
IOM
Source : Tahalil Hebdo le 27/02/2012
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