Le porte-parole de C&R à Kassataya: Les enfants de Aziz à l’école française, un désaveu pour l’école mauritanienne

Hacen Ould Lebatt, porte-parole de C&RHacen Ould Lebatt a été désigné nouveau porte-parole du mouvement Conscience et Résistance à l’issu du troisième congrès tenu à Nouakchott fin décembre 2011. Par ailleurs consultant en matière de défense et de sécurité, il a une parfaite connaissance d’Aqmi. Au micro kassataya d’Abdoulaye Diagana, il revient sur la situation politique tendue en Mauritanie et dans la sous-région.

Abdoulaye Diagana : En décembre dernier votre mouvement Conscience et Résistance a tenu un congrès à l’issu duquel vous avez été désigné nouveau porte-parole, quels en sont les autres résolutions majeures ?

Hacen Ould Lebatt : A l’issu de son congrès tenu à Nouakchott, en décembre dernier, Conscience et Résistance a pris plusieurs résolutions dont certaines concernent le plan intérieur. Nous avons par exemple décidé d’abandonner totalement la clandestinité et de nous inscrire dans un plan légal, c’est-à-dire une mutation vers un parti politique, seuls ou avec d’autres, nous y reviendrons sans doute.
Nous avons aussi fait des constatations sur l’architecture de la domination ethno-sociale que nous avons toujours dénoncée depuis maintenant dix ou quinze ans et nous avons réaffirmé notre encrage dans l’opposition. Nous avons également demandé au gouvernement de revoir sa diplomatie en essayant de rattraper ce qui s’est déjà passé avec la Libye et que cela ne se répète pas, notamment avec la Syrie et le Sénégal. Nous avons enfin demandé à ce que la Mauritanie ratifie pleinement les statuts de la Cour Pénale Internationale, de manière à ce que les auteurs de crimes à caractère raciste…

Abdoulaye Diagana : Alors, comment se fait-il que vous n’ayez pas été entendu, médiatiquement parlant, alors que vous avez été à la pointe de la lutte contre Ould Taya il y a quinze ans comme vous venez de le rappeler ? Pourquoi vous entend-on de moins en moins, aujourd’hui ?

Hacen Ould Lebatt : C’est assez simple à expliquer et aussi assez paradoxal. Mohamed Ould Abdel Aziz, l’actuel président de la République pratique, avec brio, ce que l’on appelle la technique de la triangularisation, c’est-à-dire qu’il récupère les arguments de l’adversaire pour mieux les utiliser contre lui. Sauf que lui, il bénéficie d’un appareil médiatique beaucoup plus puissant que nous. Et donc, depuis son arrivée au pourvoir, il a récupéré nos mêmes arguments ; on retrouve aujourd’hui Mohamed Ould Abdel Aziz qui lutte contre la gabegie, qui lutte contre le racisme et qui lutte contre l’esclavage. Mais en même temps il protège toujours à la fois ceux qui détournent les biens publics, il protège les auteurs de crimes esclavagistes, quant à la dernière question des crimes racistes, j’espère que nous allons y revenir.

Abdoulaye Diagana : Mais n’est-ce pas aussi parce que le mouvement Conscience et Résistance a toujours revendiqué son caractère élitiste ? Au moment où les mouvements de masse font vaciller des dictatures au point de bouleverser la géopolitique du monde arabe, le moment n’est-il pas venu, pour vous,  de remettre à jour votre logiciel ?

Hacen Ould Lebatt : Hélas je ne peux que récuser cet argument, il y en aura certainement d’autres qui expliquent nos insuffisances et nos carences, mais pas celui-là. Je vous rappelle tout de même que le printemps arabe a été initié par des mouvements effectivement de masse. Mais, derrière ces mouvements il a fallu quand même une certaine élite pour je ne dirais pas éduquer mais au moins encadrer et diffuser le message. Les jeunes qui étaient sur leurs ordinateurs, sur les réseaux sociaux, jour et nuit, n’appartenaient pas forcement à la masse, même si le mouvement en lui-même a été porté et amplifié par les masses.

Abdoulaye Diagana : Mais votre position en retrait aujourd’hui, ne s’explique-t-elle pas aussi par le dynamisme de mouvements comme Touche Pas A Ma Nationalité ou IRA ?

Hacen Ould Lebatt : Nous considérons que ces mouvements sont exactement dans la stricte continuité de ce que nous avons toujours fait et nous ne considérons pas du tout IRA, loin de là, comme des concurrents. Si leur message passe mieux que le nôtre, franchement, je ne puis que m’en féliciter et si tel est le cas l’essentiel est que le message passe puisque, in fine, c’est le même message.

Abdoulaye Diagana : Je vous ai entendu parler de la situation politique en Mauritanie. Quelle lecture en faites-vous aujourd’hui en tant que porte-parole de Conscience et Résistance ?

Hacen Ould Lebatt : Il y a ce qui relève du symbole et il y a ce qui relève de la gestion au quotidien. Comme je vous ai dit sur les trois grands axes, le président de la République était parti sur une bonne lancée, en dénonçant l’esclavage, en dénonçant les crimes racistes et en dénonçant le détournement des biens de l’Etat et on voit où est ce qu’on en est aujourd’hui.
Concernant les symboles, lui-même se place dans une situation où il peut difficilement se défendre. Rien qu’à y regarder de plus près, dans son entourage immédiat, et je peux en donner des exemples si vous le souhaitez…

Abdoulaye Diagana : Allez-y…

Hacen Ould Lebatt : L’on se rend compte par exemple, que ce soit sur le plan de la justice, que ce soit sur le plan de l’éducation, ou que ce soit sur d’autres plans, l’on se rend compte par exemple que, au sommet du pouvoir, les leçons que le président de la République impose au peuple, ces leçons-là, il a du mal à se les appliquer à lui même.

Abdoulaye Diagana : Par exemple quoi ? Vous restez vague ! On ne vous entend pas dire de choses concrètes. C’est comme un procès d’intentions, vous dites qu’il ne se les applique pas, ces leçons là, mais concrètement avez-vous des exemples à nous donner ?

Hacen Ould Lebatt : Soyons concret. Lorsque Mohamed Ould Abdel Aziz a visité une école à Arafatt, de manière surprenante et qu’il a pris la place du maître d’école en disant que l’école mauritanienne doit reprendre sa place, il a dit que cette école-là doit reprendre sa place comme un vecteur d’éducation des enfants, mais ses propres enfants à lui il n’ose pas les confier à cette école.
Que peut-on dire par exemple d’un président de la République qui travaille pour l’amélioration de l’école mauritanienne nationale et qui place en même temps ses propres enfants dans l’école de la République française ? C’est-à-dire que lui, ses propres enfants, il les met à l’école de l’ambassade de France, parce que l’école mauritanienne n’est pas suffisamment bien eux. C’est quand même un aveu d’échec de la part d’un président de la République ! Même Maaouiya Ould Taya…

Abdoulaye Diagana : Encore faut-il que ce soit prouvé que ses enfants soient bien à l’école française…

Hacen Ould Lebatt : C’est quelque chose de très facile à vérifier et d’ailleurs n’allons pas jusque-là. Si les enfants de Mohamed Ould Abdel Aziz ne sont pas inscrits à l’école française, alors je suis prêt à ce qu’on m’intente un procès en diffamation.

Abdoulaye Diagana : Vous avez parlé de cette situation politique en Mauritanie. IRA est à la pointe de la lutte contre l’esclavage -ou ses séquelles selon le camp où l’on se trouve- il y a eu aussi, à la fin de l’année 2011, ce mouvement Touche Pas à Ma Nationalité, qui s’est mobilisé contre un recensement jugé discriminatoire. Est-ce à dire aujourd’hui que ces deux maux -le racisme et l’esclavage- qui ont gangrené la politique mauritanienne ces dernières années ne sont toujours pas éradiqués ?

Hacen Ould Lebatt : Jugez-en par vous-même et on va reprendre un par un : la situation de l’esclavage, lorsque des militants se sont déplacés dernièrement à Ain Varba, pour dénoncer un cas flagrant, à la limite on peut dire qu’ils n’ont même pas fait leur travail de militants, ils ont fait leur travail de citoyens en portant à la connaissance de la force publique un manquement grave à la loi. Au lieu de cela, on les a mis en prison, sans même se poser la question de savoir est ce que le cas d’esclavage dont ils parlent est avéré ou pas. On les a mis en prison, on les a torturés, les preuves ont circulé largement…

Abdoulaye Diagana : On a vu des photos mais certains ont dit que c’était des photomontages…

Hacen Ould Lebatt : On pourra toujours le dire, on pourra toujours dire que c’est des photomontages, on peut toujours mettre le doute là ou il n’y en a pas. Mettons qu’ils n’ont pas été torturés, admettons cette hypothèse d’école, il n’empêche qu’ils ont été mis en prison juste parce qu’ils ont dénoncé un cas d’esclavage.
Quant à la situation de touche pas à ma nationalité, dernièrement il y a eu des manifestations à l’université. Tous les étudiants qui étaient à la pointe de cette manifestation ont été interpellés par la police, mais lorsqu’il a fallu en prendre les meneurs pour les déférer devant le parquet, on a trié comme par hasard les six négro-africains du groupe et on les a déférés devant le juge. Franchement, des preuves du racisme pratiqué au sommet de l’Etat, plus flagrantes, moi j’en ai rarement vu.

Abdoulaye Diagana : A vous entendre il y a de très graves problèmes en Mauritanie, pourtant nous ne voyons pas de mouvements, on entend de temps à autre des actions conduites ça et là. Mais pourquoi la Mauritanie reste-t-elle à l’abri de ce qui s’est passé dans le reste du monde arabe ? Existe-t-il une spécificité mauritanienne ?

Hacen Ould Lebatt : Ce qui se passe dans le reste du monde arabe est porté par une vague régionale. Il se trouve que, en Mauritanie, et ça c’est peut être la chance du président de la République, il est arrivé au pouvoir récemment,…  il n’y a même pas quatre ans, alors que dans les pays arabes les masses se révoltent contre des dictateurs qui sont là depuis vingt, vingt-cinq, trente voire quarante ans dans le cas du mentor de Mohamed Ould Abdel Aziz, je parle de feu Mouammar Kadhafi. Alors que dans notre cas il est là depuis quatre ans. Il est vraiment difficile d’arriver à médiatiser le cas d’un dictateur qui opprime son peuple et qui n’est là que depuis quatre ans, c’est ça qui freine pour le moment la propagation de cette question.

Abdoulaye Diagana : M. Ould Abdel Aziz a dit lors d’un entretien avec kassataya qu’à entendre certaines personnes « on a l’impression que la Mauritanie est à feu et à sang alors qu’il n’en est rien », ce sont ses propos que je rapporte. Ne grossissez-vous pas un peu trop le trait alors que, dans les faits, ce n’est pas tellement ça ?

Hacen Ould Lebatt : Depuis l’entretien auquel vous faites allusion il s’est passé pas mal de choses, notamment les grèves à l’université et la tentative de déménagement de l’Institut des études islamiques et surtout les affaires qui ont émaillé la justice, concernant son entourage immédiat à lui. Il y a eu aussi des jeunes qui se sont immolés par le feu et il y a eu, comble du comble, le propre fils du prédisent de la République qui tire sur une pauvre jeune fille et qui ne passe même pas 24 heures en prison. Il est aujourd’hui libre de ses mouvements alors qu’elle [la victime], elle est entre la vie et la mort.

Abdoulaye Diagana : L’actualité de la sous-région c’est aussi l’instabilité avec notamment le réveil de la rébellion touarègue au Mali voisin, quelle est votre réaction par rapport à ce point ?

Hacen Ould Lebatt : C’est un scandale ce qui se passe au Mali tout simplement, parce que c’est une situation qui était en train de se calmer et Mohamed Ould Abdel Aziz a sauté sur l’occasion de la chute de Mouammar Kadhafi et du réarmement des Touareg qui constituaient une partie des milices de Kadhafi. Depuis, il a reçu des leaders Touareg en Mauritanie, au vu et au su de tout le monde, il a fait en sorte de souffler sur les braises alors que son rôle était de ne pas s’immiscer dans les affaires d’un pays voisin.

Abdoulaye Diagana : Vous êtes en train de relayer des accusations graves qui ont été portées notamment par la presse malienne, qui a tiré à boulets rouges sur la Mauritanie qu’elle accuse, en sourdine, de soutenir la rébellion Touarègue. Est-ce fondé ? Pouvez-vous prouver ce que vous avancez-là ?

Hacen Ould Lebatt : Les accusations de la presse malienne ne sont pas une nouveauté. Bien avant le décès d’Ibrahim Ag Bahanga, il était reçu à Nouakchott, par le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz et par son chef de la sécurité Mohamed Ould El Hadi. Ces deux là se sont employés depuis trois ans à attiser les braises et à faire provoquer une guerre au Mali parce que, pour eux, un Mali instable, c’est une AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique, ndlr) instable. De toute façon eux pensent, peut être à raison peut être à tort, selon moi à tort, que la déstabilisation de ATT (Amadou Toumani Touré, ndlr) impliquerait, à terme, une déstabilisation d’AQMI, ou alors l’installation d’un régime qui serait plus favorable à Nouakchott.

Abdoulaye Diagana : Vous êtes un fin connaisseur de la région et des mouvements terroristes, ces accusations de collusion entre la rébellion touarègue et AQMI sont-elles crédibles à vos yeux ?

Hacen Ould Lebatt : Il est peu probable que les deux mouvements qui cohabitent dans un seul désert (le désert est poreux par nature) il est peu probable qu’ils cohabitent sans qu’il y ait un minimum de rapport. De là à parler de rapport organique ou de croire qu’en attisant le feu de la guerre au Mali on réussirait à circonscrire AQMI, il y a de la marge à mon avis.

Abdoulaye Diagana : M. Ould Abdel Aziz a-t-il eu raison finalement de s’attaquer au terrorisme à la racine, y compris en territoire malien ?

Hacen Ould Lebatt : Mohamed Ould Abdel Aziz s’est attaqué au terrorisme tout seul, c’est-à-dire que, la première fois qu’il a attaqué à AQMI à l’intérieur du territoire malien, il a violé l’accord signé entre le Mali, l’Algérie, le Niger et  la Mauritanie. Cet accord stipulait que chaque armée peut poursuivre AQMI, sans avoir à demander l’autorisation au préalable mais pas au delà de 150 km ; ils [les Mauritaniens] se sont bien incrustés en territoire malien, en l’absence [d’une autorisation] du président malien ; ce dernier malheureusement a dû avaler la couleuvre, sous la pression de Paris.

Abdoulaye Diagana : Revenons-en, si vous le permettez,  à la Mauritanie, où l’opposition vient de demander le départ de M. Ould Abdel Aziz, que pensez-vous de cette position ? Raisonnable et légitime ou va-t-en-guerre et anti républicain ?

Hacen Ould Lebatt : Je pense malheureusement qu’elle est un peu prématurée, puisque la Mauritanie a tout de même connu des élections en 2009 et Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu. Ne répétons pas la même erreur que nous avons faite avec Sidi Ould Cheikh Abdellahi [président élu en 2007 et renversé par un putsch militaire dirigé par le général Ould Abdel Aziz en 2009 ndlr]. Nous avons malheureusement l’habitude de ne pas laisser les gens terminer leur mandat. Maintenant, le combat politique de mon point de vue, ce n’est pas de faire en sorte que Mohamed Ould Abdel Aziz tombe dans le tumulte des révolutions arabes mais de faire en sorte que les prochaines élections, prévues dans deux ans, armons nous de patience, les prochaines élections soient organisée dans des conditions…

Abdoulaye Diagana : C’est une position officielle de Conscience et Résistance ? Vous n’emboîtez pas le pas à l’opposition qui demande le départ de Ould Abdel Aziz ?

Hacen Ould Lebatt : Nous demandons le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz par les urnes.

Abdoulaye Diagana : Donc à la fin de son mandat ?

Hacen Ould Lebatt : A la fin de son mandat sauf s’il souhaite partir avant.

Abdoulaye Diagana : Ould Abdel Aziz n’est qu’à mi-mandat aujourd’hui, sur la foi de ce que vous avez vu depuis qu’il est au pouvoir, fondez-vous quelques espoirs sur la suite ?

Hacen Ould Lebatt : Personnellement je n’ai pas le moindre doute qu’il fera comme Ould Taya à chaque élection et qu’il essayera de se maintenir par la fraude, en passant dès le premier tour. Là, une demande de départ immédiat, par la rue, sera légitime.

Abdoulaye Diagana : Et par rapport à ce qu’il a posé comme actes depuis le temps qu’il est là, vous pensez que c’est quelqu’un qui peut apporter quelque chose à la Mauritanie pour ce qui lui reste de ce mandat ?

Hacen Ould Lebatt : Malheureusement, le début de son mandat et surtout la dernière année a été émaillée de déception en déception, sur tous les plans. Maintenant, Mohamed Ould Abdel Aziz est un président comme je vous ai dit qui a été élu, et l’opposition, en son temps, a été incapable d’apporter la moindre preuve sur les fraudes même s’ils en ont parlé en long et en large. Une fois que sa victoire est reconnue, reconnue d’ailleurs par le président de l’assemblée nationale M. Messaoud Ould Boulkheir et par la plupart des chefs de l’opposition, qu’ils le laissent terminer son mandat et à partir de là ils commencent à s’organiser pour une réelle transition en Mauritanie.

Abdoulaye Diagana : Mohamed Ould Abdel Aziz, vous le savez sans doute, a joui d’un certain soutien -au début de son mandat et même avant- de la classe politique, qui semble aujourd’hui avoir été ringardisée d’ailleurs… Il ne chemine plus avec quelqu’un comme M. Ahmed Ould Dadah mais M. Messaoud Ould Boulkheir qui est le président de l’assemblée nationale, comme vous l’avez dit, est avec lui, Boidiel Ould Houmeïd aussi, une autre grosse pointure de la scène politique mauritanienne. Vous avez été proche, à un moment donné, de M. Messaoud Ould Boulkheir, comment voyez-vous son positionnement aujourd’hui ?

Hacen Ould Lebatt : Ce qui est quand même navrant avec toute la classe politique, y compris ceux que vous avez cité, c’est leur incapacité à faire face aux tentatives de séduction de  Mohamed Ould Abdel Aziz. Il est quand même censé être le moins diplômé de tous, à les entendre le moins intelligent de tous et de toute façon le plus jeune de tous. Et malgré cela, il n’a qu’à claquer du doigt et celui à qui il a claqué il vient. Souvenons-nous : Ahmed Ould Daddah a été l’un des premiers à reconnaître son coup d’Etat et à participer à ses assises pour la démocratie, organisées peu après le putsch contre le président Ould Cheikh Abdellahi. Une fois que Ould Abdel Aziz n’avait plus besoin d’Ahmed Ould Daddah il lui a dit « maintenant tu t’en vas ».
Il a refait la même chose avec Jemil Ould Mansour, il a refait la même chose avec Sarr Ibrahima, avec Saleh Ould Hanena et maintenant c’est le tour de Messaoud Ould Boulkheir et peut être demain ce sera le tour d’un autre et à chaque fois il en fait ce qu’il veut et par la suite il les jette comme un vieux paquet de kleenex.
C’est quand même navrant qu’il n’y au aucun de ces leaders politiques qui s’est dit un moment donné : « non, moi je ne vais pas tomber dans le même panneau dans lequel mes camarades sont tombés, moi je vais essayer de faire quelque chose de plus intelligent » ; et ben non, à chaque fois ils tombent dans le même panneau et Ould Abdel Aziz en fait ce qu’il veut et une fois qu’il a fini avec eux ils les jettent.

Abdoulaye Diagana : Une dernière question, Ould Abdel Aziz qui vient d’arriver au pouvoir, qui vient même d’atterrir sur la scène politique, qui se joue de vieux turbans –passez-moi l’expression- de la scène politique mauritanienne, est-ce à dire qu’il est temps qu’il y ait un changement générationnel en Mauritanie, y compris au sein de l’opposition ?

Hacen Ould Lebatt : Je le souhaite ardemment,  même si la dernière parution dans les librairies, peut-être que vous l’avez noté, d’un livre du président Ould Taya me fait craindre que, peut-être, lui-même pense qu’il a toutes ses chances de revenir et, vraiment, avec la carence de l’actuelle classe politique, je ne serais pas étonné qu’il revienne, un jour, au pouvoir, et là ce ne serait plus du tout un renouvellement de la classe politique mais un désolant retour en arrière.

Abdoulaye Diagana : Vous avez des perspectives sombres M. Ould Lebatt. En tout cas merci d’avoir accordé cet entretien à kassataya, merci, au revoir.

Hacen Ould Lebatt : Merci à vous.

Abdoulaye Diagana : C’était donc Monsieur Hacen Ould Lebatt, porte parole de Conscience et Résistance. Votre mandat court pour combien de temps ? Vous êtes porte-parole pour combien de temps encore ?

Hacen Ould Lebatt : Jusqu’au prochain congrès, c’est-à-dire si tout se passe bien dans trois ans.

Abdoulaye Diagana : Et la présidence est assurée aujourd’hui par ?

Hacen Ould Lebatt : Par Monsieur Balla Touré.

Monsieur Balla Touré qui est aussi au FLERE et à IRA.

Hacen Ould Lebatt : Absolument.


Propos recueillis pas Abdoulaye Diagana pour Kassataya

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