Quand les femmes souffrent en silence de MGF, on ne peut parler de développement

Si on dit que les jeunes sont les moteurs de changement et l’avenir du pays pourquoi 66% de jeunes  filles continuent  de souffrir de pratiques traditionnelles néfastes à leur santé et à leur vie. Le mariage précoce et les mutilations génitales  féminines (MGF) sont  des formes de violences récurrentes en Mauritanie et celà dans les zones les plus reculées du pays.

 

Si des politiques et mesures sont mises en place pour éradiquer la pratique des mutilations génitales féminine, il reste à savoir comment réduire ce phénomène qui continuent son envol dans certaines zone de la Mauritanie. Au Guidimakha plus de 96% des jeunes filles sont excisées, au Tagan 81%  malgré l’interdiction de cette pratique, la déclaration des personnels de santé sur les conséquences sanitaires et l’existence d’une  fatwa qui remet en cause les mauvaises interprétations  des textes religieux.  Le milieu rural  aujourd’hui souffre énormément de cette pratique, parce que les causes sont encore plus profondes et parce que la sensibilisation ne touche pas  la totalité des couches vulnérables. Il y’a tant de  facteurs qui se reposent sur les réalités socio-culturelles, les coutumes, qui ternissent la survie de beaucoup de femmes, et  qui ralentissent leur autonomisation mais aussi  le développement de toute une société.

S’il y’a des conséquences immédiates  comme  l’hémorragie,  infections,  traumatisme, choc émotionnel, ou décès, ils en existent d’autres  qui  peuvent être catastrophiques  tout au long de la vie d’une femme. La fistule obstétricale est  une des conséquences qui tue aujourd’hui en silence  et  pourtant les MGF et les mariages précoces continuent  d’être pratiquer dans beaucoup de  milieux.

Madame Yandé Sall présidente de l’association  Agir  pour le Bien Etre des Enfants et Personnes Agées et Déficientes (ABEPAD),  lors d’un atelier sur le renforcement des capacités des jeunes  leaders,  sur la stratégie  nationale  pour la promotion de l’abandon des MGF et des mariages précoces,  explique.

Quelles sont les actions primaires d’ABEPAD dans la promotion de l’abandon des MGF ?

Pour comprendre les actions primaires de l’ABEPAD pour la promotion de l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines(MGF), il faut faire un détour sur son approche. Cette approche  consiste à mener un combat au niveau des représentations culturelles qui justifient et légitiment la pratique des mutilations génitales féminines et cela s’articulent autour de quatre AXES :

(1)La formation des jeunes filles leaders aux stratégies de lutte pour la promotion de l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (2) Le choix libre de faire  la formation(3) la responsabilisation des parents (4) L’engagement citoyen. En effet, nous pensons que la formation et l’éducation sont les deux piliers pour promouvoir l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (MGF). On ne peut pas lutter contre la pratique des mutilations génitales féminines sans déconstruire et délégitimer dans l’imaginaire des populations. Ce contre argument culturel qui s’accompagne des arguments religieux, sanitaires et juridiques constitue notre crédo. C’est la raison pour laquelle, nos actions primaires sont  la formation et la sensibilisation pour déplacer la question de la pratique des MGF de la sphère privée à la sphère publique.

Quelles sont les mesures de préventions et de lutte qu’engage ABEPAD dans le milieu rurale ?

Au niveau du monde rural, nous avions les personnes dont le discours exercent un impact hégémonique c’est-à-dire les personnes qui sont écoutées, il s’agit des Imams, des chefs de villages, des femmes leaders, des élus locaux et enfin des jeunes filles.

Il reste qu’en amont pour prévenir cette pratique, nous avions rencontré les exciseuses traditionnelles et le personnel de santé notamment les infirmières et les sages-femmes pour leur faire savoir que cette pratique est interdite. Nous avions choisi des personnes ressources locales pour pérenniser la campagne de sensibilisation. Il convient de noter que toutes ces personnes ressources se servent d’un message uniforme pour éviter la confusion. La pratique des MGF est une mauvaise pratique culturelle, elle est dangereuse sur la plan de la sante, elle n’est pas une recommandation religieuse et elle constitue une très grave violation des droits des fillettes et des femmes.

La Mauritanie comme tant d’autre pays en Afrique,  soumet son intérêt d’accompagner la promotion de l’abandon des MGF, en signant  et ratifiant la convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (CEDAW) , mais aussi le projet de loi sur les violences basées sur le genre, qui a été refusé par le parlement.

 Cependant combien de conventions va-t-elle  encore signer si c’est pour remettre dans le tiroir ?  Adopter que des lois compatibles avec la Shari’a.  Et pourtant la Mauritanie  a adopté la loi portant sur la protection pénale de l’enfant mais est-elle applicable  ou sanctionne  -t-elle  les coupable de cette pratique ? Les femmes  sont-elles condamnées  à subir toutes les formes de violences en silence.  En attendant il faut continuer cette  lutte et  dire Stop. Il convient de noter que les responsabilités sont partagées et la lutte est commune et inclusive. Que faire ? Il s’agit là d’affiner le langage de sensibilisation à l’endroit de ceux qui pratiquent ce phénomène, aux parents, aux jeunes porteurs de messages mais aussi acteurs de demain. Et pour y parvenir il faut responsabiliser  tout une société, l’inculquer de connaissances des textes, et des arguments afin d’éradiquer cette pratique mais aussi tant d’autres qui ternissent  la vie de la femme.

 

Houleye kane

(Reçu à Kassataya le 01 novembre 2019)

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