Crise régionale : Il était une fois, la Mauritanie, le Mali et le Sénégal

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Une guerre entre rebelles touarègues et armée régulière du Mali dont les répercussions se font sentir aux frontières est, une crise politique sans précédent au Sénégal qui fragilise la paix au sud du pays, la Mauritanie pourrait bien, à terme, se retrouver sur des charbons ardents si elle ne se prononce pas au plus tôt de manière claire et sans équivoque sur la situation qui ébranle ses deux voisins immédiats.

Sur le plan extérieur, notamment par rapport aux relations entre la Mauritanie et le Mali d’une part et de l’autre, entre la Mauritanie et le Sénégal, le pouvoir est en train de passer pour être maître dans l’art du suicide diplomatique. Ses alliances sont inexplicables et ses inconditionnels alignements sur des régimes mis au banc de la communauté internationale, sont pour nombre d’observateurs, maladifs. Tout le monde l’a constaté : récemment, dans plusieurs dossiers brûlants, il a multiplié des déclarations confuses et surtout vagues donnant aux malintentionnés l’occasion de leur donner des explications qui ne servent pas forcément nos intérêts. L’illustration de cette affirmation est clairement démontrée par les sorties intempestives du ministre des affaires étrangères à Addis-Abeba au sujet de la situation au Mali. Le clou a été enfoncé par le Président Aziz en personne dans une interview accordée au quotidien français « Le Monde« .

Alors que le nord Mali brûle, nos dirigeants ne trouvent pas mieux que d’ajouter à la confusion qui alimente les spéculations sur un soutien supposé que la Mauritanie officielle apporterait aux dissidents touarègues. Pourtant, notre position doit être clairement déclinée et exprimée avec autant de transparence et de cohérence, car la paix en Mauritanie dépend aussi de la stabilité de notre voisinage. Et toute déstabilisation d’un pays voisin nous atteindrait aussi. A preuve, la présence de milliers de réfugiés maliens dans notre pays qui ébranlent toute nos populations de l’Est du pays, la fermeture des voies de pâturage au Mali voisin qui cantonnent notre bétail à l’intérieur de nos frontières et la rupture de la chaine des échanges entre les villages des zones frontalières communes.

La position de la Mauritanie dans cette partie du continent semble prêter à équivoque. Elle ne devait pourtant pas l’être dans des situations comme celle qui se déroule dans ce pays voisin. Notre jeu ne doit pas dépasser le rôle du médiateur dans lequel toutes les parties peuvent avoir confiance. Et pour ce faire, nous ne devons pas donner l’impression d’épauler une partie contre l’autre. Notre devoir de frères, de voisins et nos engagements internationaux nous dictent d’accueillir les populations qui fuient l’enfer de la guerre dans leur zone, mais cette générosité doit être régie par les règles du droit international et les bénéficiaires de notre hospitalité doivent observer la réserve nécessaire et s’abstenir de porter des armes ou d’aller commettre des actes de guerre et de rébellion en territoire étranger à partir de notre sol.

Pour avoir failli à certaines de ces règles, par mégarde ou par ignorance, notre gouvernement est en train d’accentuer son déphasage dans la sous-région. Les déclarations contradictoires de ses responsables sur la situation au Mali décrédibilisent toutes ses professions de bonne foi dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, déclarations qui justifiaient que l’État malien lui accorde le droit de poursuite sur son sol. Maintenant qu’un terrorisme politique occupe l’espace, l’addition deviendra plus salée pour nous. Du moins diplomatiquement et stratégiquement.

Au Sénégal qui menace lui aussi de brûler, nous avons, jusque-là, observé une attitude plus ou moins raisonnable. Hormis le fâcheux empressement de l’Ambassade enjoignant les commerçants de quitter ce pays frère, tout reste acceptable. Seulement, évitons de prendre ouvertement partie avec ou contre quiconque. Les élections sénégalaises sont d’abord et avant tout une question interne à ce pays. Celles-ci ne nous concernent en rien tant que nos frères sénégalais n’ont pas exprimé le souhait de nous voir intervenir en médiateurs pour éviter un drame.

Face à toute situation assez confuse, les pouvoirs publics de Nouakchott doivent inspirer confiance à l’endroit de leurs populations d’abord en assurant la paix à leurs frontières puis à l’endroit des pays voisins qui ont toujours été d’une aide pour la Mauritanie. Le cas contraire, ce serait le pire. L’usure, la confusion des rôles et l’approximatif dans la gestion des dossiers nous coûtent toujours cher.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 16/02/2012

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