Le palais présidentiel : l’autel des immolations

Quand l’homme choisit le chemin du suicide par le feu, il livre sa vie en pâture aux atrocités d’une épreuve qui dévore la chair et consume l’existence dans les profondeurs sécrètes du néant.

Il ne s’agit pas de vivre dans l’imagination ce que subit le supplicié pour en mesurer toute l’ampleur de la douleur qui rogne un corps fumant et crépitant sous l’incandescence des flammes nourries par le sang de la victime.Le drame est indescriptible.Entre la mort et la vie le choix est sans commune mesure.Mais quand la vie devient absurde, certains sont gagnés par la tentation de se donner la mort.
Un acte de désespoir , de désespérance et d’échec de la raison et du triomphe de l’instinct forcé d’une disparition provoquée par les tourments d’une vie qui n’en vaut plus à son auteur la peine d’être vécue. Mais quand on transpose cette réflexion sur le plan religieux, le suicide est la pire des décisions que prend le croyant pour transgresser les frontières interdites aux fidèles. Mais de tous les temps, les scènes de suicide font partie de la misère humaine et toutes les sociétés croyantes ou pas, enregistrent ces genres d’actes qui ont des significations différentes en fonction des cultures et des croyances. Si de tels cas surviennent dans un pays musulman comme la Mauritanie, les positions s’orientent sans ambigüité vers la condamnation de l’acte quelque soit ce qui la motivé. Les débats sur la question ne souffrent pas de contradictions religieuses mais ouvrent la voix non pas à la défense des auteurs de la mort par suicide mais sur les causes liées à une épreuve aussi terrible aussi bien pour celui qui la endurée que pour ses proches. Le testament que peut laisser le candidat à « l’examen » du suicide ne suffit pas pour justifier aux yeux des croyants son geste. Il y a une année, le jeune Dahoud s’est immolé devant la présidence. L’histoire vient de se répéter avec Bezeid, jeune instituteur de son état. L’espace n’est pas fortuit pour un message délivré par la mort en direct à travers le geste qui choqua les esprits tant par sa témérité que par ce qui se rattache à la responsabilité morale de l’autorité publique dans sa provocation. Mais n y ‘avait –il que cette solution pour faire entendre sa voix ? C’est là où le geste du suicidé devient dans une société musulmane un pêché capital. Personne ne se hasardera à tomber dans le sacrilège en tentant de valoriser l’épreuve à moins de prendre la responsabilité de répondre de ses actes. La situation est grave. Ses répercussions sur la jeunesse incalculables. Dans une société qui perd de plus en plus ses repères les actes les plus absurdes peuvent inspirer bien de jeunes à la recherche de modèles d’indentification même abominables. Faut –il se taire et laisser continuer la spirale des immolations ou faut-il agir religieusement, politiquement, socialement pour éteindre ce feu importé des foyers du printemps arabe qui n’arrête pas de faire de remplir les séries noires des immolations. La Mauritanie a déjà enregistré deux cas en une année devant un palais devenu l’autel des sacrifices !

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 14/02/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n’engagent que leurs auteurs. Elles reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page