Activités de surveillance : Subvention déplacée!

 

Neuf cents millions d’ouguiyas. C’est le pactole que devrait se partager quelques officines de gardiennage mises en place par d’anciens officiers supérieurs de l’Armée.

C’est à se demander si l’Etat a de l’argent à jeter par la fenêtre d’autant plus que la plus part de ces anciens officiers ne sont pas dans le besoin. Certains d’entre eux sont d’ailleurs notoirement soupçonnés de s’être déjà servi dans les deniers publics à l’occasion de  » services rendus à la Nation ».

Mardi, il était des dizaines de militaires véritablement dans le besoin à crier leur détresse devant le Parlement. Leur tintamarre n’avait pas beaucoup d’écho. Presque au même moment, dans un autre repère à Nouakchott, un cercle restreint de privilégiés, encore nourris à la solde de la Princesse qui leur alloue encore des pensions retraites complètes, se partageait la rondelette somme de neuf cents millions d’ouguiyas, à raison de 50 millions chacun. Un véritable butin de guerre pour l’escouade. Est-ce là l’esprit d’assainissement que le président promettait à ces compatriotes? Beaucoup pense que le Chef de l’Etat reçoit des informations biaisées à dessein. Le pire, c’est quand ceux qui sont censés délivrer au président un message clair sont eux-mêmes soupçonnés de s’adonner à cette activité à travers des sociétés-écrans. La situation risque donc de dégénérer eu égard aux écarts enregistrés et la fausse concurrence qui s’instaure.

L’Etat subventionne-t-il les riches ?

Devant la télévision, mardi soir, lorsque l’on annonçait ce « pot-aux-rose », toute une assistance sursautait de voir que d’anciens budgétivores étaient aux premières loges de la rencontre. Les uns et les autres se pinçaient pour s’assurer que ce n’était pas un rêve…un cauchemar devrait-on dire. Hélas, c’était bien vrai. D’anciens officiers éclaboussés par la gestion des deniers publics se muaient en crève-la-faim pour s’accaparer –encore- indûment des finances publiques. Honteux ! Mais à qui le dire?
La reconversion recherchée par nos « vaillants officiers » est depuis quelques mois maintenant à saper l’activité des acteurs privés. Ces derniers ont d’ailleurs de quoi s’inquiéter en raison des moult tentatives de régulariser d’une « chasse-gardée » au profit d’officiers hors cadre dont le mérite est, pour la plupart, de s’être enrichi au détriment de la collectivité et pas toujours de la manière la plus orthodoxe. Pourquoi donc de telles subventions, l’Opion est en droit de se demander? L’on assiste, d’une certaine manière, à une opération qui ne dit pas son nom. Car, non seulement, les anciens officiers dont tous parlent de leurs richesses acquises reçoivent encore des subsides de l’Etat, mais mieux encore, leur objectif semble être de booter dehors des promoteurs privés qui avaient déjà consenti des investissements énormes et ce, depuis plusieurs années, créant de l’emploi et notamment pour les retraités de la grande muette. 70% des employés embauchés, depuis des années, sont, en effet, issus des retraités des forces armées nationales. L’Union des Sociétés de gardiennage en Activité, qui rassemblement 12 des sociétés privées, est précurseur dans la politique de réinsertion des retraités à laquelle appelait le président de la République. Cet apport social crucial est également conforté par un transfert de compétence en matière de sécurité et des investissements lourds consentis. Ainsi l’USGA a été l’un des premiers regroupements à répondre à l’appel présidentiel pour la réinsertion des retraités de l’Armée. Le Pouvoir en place, avait, en effet, initié la loi 2009/025 du 7 avril 2009, réglementant les activités de surveillance, de gardiennage et de transports de fonds. Un décret d’application de cette loi, N°2011/066 en date du 24 février 2011, a également été pris. Le texte disposait que l’activité était «exclusivement » du ressort de tout ancien membre des forces armées. Si des réserves peuvent être portées contre cette loi (ce n’est point une mission du service public et caractère illégal du monopole), les acteurs privés s’y sont vite conformés en mettant aux commandes de leurs entreprises d’anciens officiers de l’Armée. Ceux-ci sont tout aussi inquiétés par la tournure que tentent d’imprimer leurs compagnons d’arme à cette activité privée, devenue leur gagne-pain (Voir encadré). Les sociétés privées s’étaient pourtant remarquablement illustrées par le soutien à la politique afin de réinsérer les mauritaniens issus des couches défavorisées, leur donnant une nouvelle opportunité de gagner des salaires décents pour assumer leurs charges familiales et sociales.

Un baptême d’argent

Depuis quelques temps, l’appétit venant en mangeant, les anciens officiers supérieurs dont certains ont fait fortune dans la gestion scabreuse des deniers publics qu’ils avaient en charge pendant leur activité, font des pieds et des mains pour s’arroger l’exclusivité des activités de gardiennage et de surveillance dans le pays. Mais aujourd’hui, ils lorgnent encore le beurre et l’argent du beurre. Il faut bien admettre que quelque part des complicités intéressées se font jour avec la dénaturation des activités normalement privées mais dévolues par la loi au monopole des retraités de l’Armée. Mieux encore, la loi étant par essence impersonnelle, la norme éditée l’a été spécialement à cette catégorie de l’ancien personnel « restreint » de l’Armée. Des exonérations sont reconnues dans cette nouvelle disposition, seulement, au profit de sociétés étrangères. Dans cette affaire, quoique les anciens officiers bénéficiant des subventions de l’Etat ne s’en cachent pas, l’objectif ultime est de faire main-basse sur une activité aux dépens des promoteurs privés et de la libre concurrence, grâce à l’argent de l’Etat.
On aurait pu avaler la couleuvre, s’il s’agissait d’anciens officiers démunis. Mais les visages revenus à la Tvm, mardi, restent traumatisantes d’incurie.
Nous y reviendrons
JD

Déclaration
Nous, anciens officiers, sous-officiers et ex-personnel du rang des forces armées et de sécurité travaillant dans les sociétés membres de l’Union des Sociétés de Gardiennage en Activité (UGSA), avons appris le mardi 24 Janvier 2012 à la télévision nationale, que dix huit (18) agréments pour sociétés de sécurité ont été accordés à des ex-officiers.
Pour précision, les sociétés membres de l’USGA sont : COMACOR, MSS, SECURITE PLUS, SOGAPRESS, MANSOUR SECURITE, MACOR, SECURIM, CGS, MGS, EAV, AMATRAS, T.S. Ces sociétés sont gérées par nous ex-officiers et sous-officiers.
Représentant 70% de l’effectif des employés des sociétés de l’UGSA, nous avons de tout temps servi avec efficacité et dévouement dans ce secteur qui nous fait vivre, nous et nos familles.
Est-il besoin de rappeler que le fruit tiré de ce travail nous satisfait et notre espoir est que nos emplois dans ces sociétés soient préservés.
C’est dire que nous nous réjouissons de l’importance et l’intérêt accordés par Son Excellence le Président de la République aux besoins des anciens membres des forces armées et de sécurité qui, pendant longtemps, étaient les parents pauvres des travailleurs en fin de carrière.
En réitérant nos vifs remerciements à Son Excellence le Président de la République, notre espoir est que ces agréments qui viennent d’être accordés n’auront pas de répercussions négatives sur les sociétés qui nous font vivre.

Nouakchott, le 25/01/2012
Les ex-Officiers et Sous-officiers
Gérants des sociétés membres de l’USGA

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 26/01/2012

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