Insécurité alimentaire en Mauritanie : Vers un accroissement de la pauvreté !

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) estime qu’environ 700.000 personnes, en Mauritanie, sont en proie à une insécurité alimentaire sévère contre 500.000 individus menacés au cours des années précédentes, soit une augmentation inquiétante de 40%.

Une mauvaise nouvelle pour les pouvoirs publics, notamment pour Mohamed Ould Abdel Aziz, dit président des pauvres, qui doit retrousser les manches et agir vite pour sauver son pari de relever le défi de la misère qui frappe aujourd’hui de plein fouet tout le pays.

Plusieurs Etats du Sahel se trouvent dans une situation critique similaire à seule de la Mauritanie. Des préoccupations régionales qui n’ont pas manqué d’attirer hier l’attention des ministres des pays membres du Cilss réunis à Nouakchott, dans le cadre des travaux de leur 47ème session ordinaire.

Puisque le chiffre de 700 mille personnes menacées est significativement plus élevé à ceux qui ont été enregistrés au cours des années antérieures dans le pays, cette situation a suscité des cris d’alarme de l’opposition d’une part et de la précipitation des autorités pour agir à temps avant que la menace n’atteigne des proportions incontrôlables et irréversibles.
Plusieurs centaines de milliers de familles rurales mauritaniennes, puisant leurs ressources de l’agriculture et de l’élevage sont aujourd’hui menacées par le spectre de la sécheresse
Toutes ont actuellement et dans les prochains mois un besoin urgent de nourriture suite à cette sécheresse qui avance à grands pas et qui touche de manière aigue l’Est, le Nord et le centre du pays. Le Sud n’est pas du tout à l’abri puisqu’il a été pris d’assaut par les agropastoraux des zones faiblement arrosées du reste de la Mauritanie, d’où une surconsommation des pâturages. Par ailleurs, l’effectif des familles rurales est susceptible d’augmenter à l’approche de la période de soudure, qui dure, en temps normal d’avril à septembre, mais qui dans le contexte actuelle peut commencer plutôt que d’habitude. .
A propos des autres pays, le PAM qui surveille également la situation dans d’autres pays de la région a fait part de ses inquiétudes au sujet de la situation au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Pour la Mauritanie, cette organisation estime qu’environ 700.000 personnes sont en proie à une insécurité alimentaire sévère.

Quelques indicateurs sur la pauvreté en Mauritanie

La Mauritanie est l’un des pays les plus pauvres au monde. Elle se classe au 153ème rang des 177 pays évalués par l’Indice de développement humain publié en 2006 par le Pnud. L’espérance de vie à la naissance se situe à 40 ans. Près de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable et est analphabète. Environ un tiers des enfants de moins de cinq ans souffre d’insuffisance pondérale. Si la pauvreté a enregistré un certain recul entre 2000 et 2004, des évaluations avaient montré qu’elle était malheureusement perçue de façon plus négative, avec des écarts importants entre les villes et les zones rurales. En effet, plus de 61% des ruraux gagnaient moins d’un dollar par jour, contre environ 25% pour les habitants de la ville. La pauvreté se concentre en milieu rural. Le sud, où se pratique l’agriculture pluviale, est la région la plus touchée. Dans cinq wilaya, plus de la moitié de la population est classée dans la catégorie des pauvres: 51% dans le Trarza, 62% dans le Guidimaka, 64% dans le Brakna, 67% dans le Gorgol et 69% dans le Tagant. De manière générale, en Mauritanie, la personne pauvre est une femme qui vit en milieu rural, dans le sud du pays et pratique la culture pluviale. Elle est particulièrement vulnérable et subit les conséquences de la sécheresse, des invasions acridiennes et de la désertification. Son revenu est très variable. Elle vit dans l’insécurité alimentaire et ses enfants souffrent de malnutrition, souvent chronique. Très souvent, son mari est en quête d’un emploi pendant au moins six mois par an. Cette femme n’accède que très difficilement aux soins de santé, à l’eau et à l’assainissement. Elle est illettrée, tout comme ses enfants. Lorsqu’elle a de la chance, elle peut vivre jusqu’à l’âge de 57 ans.

Md O. Md Lemine

Source  :  Le Rénovateur le 02/11/2011

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