L’interview accordée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz à la rédaction de kassataya est en soi une nouvelle. Assez pour que nous revenions sur le sens et les circonstances –contraignantes- dans lesquelles elle a eu lieu. Nous en sommes repartis un peu frustrés par l’étroitesse de la fenêtre de temps qui nous à conduit à faire l’entretien au pas de charge (sacrifiant au passage bien de sujets).
Pour l’heure, nous vous livrons quelques passages forts de l’entretien. Les manifestations organisées par une partie des mauritaniens -les négro-africains et les haratines surtout qui s’estiment victimes d’exclusion- au sujet de l’enrôlement a été le premier point abordé. M. Mohamed Ould Abdel Aziz a fait un mea culpa- sur la forme- en reconnaissant que « pour l’enrôlement, nous avons peut-être eu de la mauvaise communication ». Il a cependant tout de suite pointé la responsabilité de certains groupes –qu’il n’a pas cités- animés par « des personnes malintentionnées qui ont transformé la réalité des choses pour jeter de l’huile sur le feu … avec des informations fausses ». Pour appuyer son propos M. Ould Abdel Aziz est revenu sur le cas de deux anciens ministres emblématiques issus de la communauté noire qui, selon certaines sources, n’avaient pas pu se faire enrôler : Anne Amadou Babaly -colonel à la retraite, ancien ministre de l’intérieur- et Ba Bocar Alpha –médecin, ancien ministre des finances. Ces deux cas sont régulièrement mis en avant par ceux qui manifestent contre le processus d’enrôlement.
D’autres personnalités –un ancien député, M. Thiam et un ancien ministre M. Soumaré- ont déclaré ne pas avoir pu se faire recenser pour cause de naissance à l’étranger. Le processus ne permet pas en effet d’enrôler, pour l’heure, des mauritaniens nés hors du territoire national. Les services qui gèrent le processus déclarent réserver une autre phase pour ce genre de situations. Pour l’heure, cette information se révèle insuffisante pour dissiper les craintes de tous ceux que le hasard a fait naitre hors des frontières mauritaniennes.
M. Ould Abdel Aziz a déclaré par ailleurs qu’il n’y avait pas de binationaux en Mauritanie. « Nous n’avons reçu aucune demande [de mauritaniens ayant acquis une nouvelle nationalité] pour garder celle d’origine… Le décret est à la discrétion du président ». Les originaires de Mauritanie qui ont acquis une nouvelle nationalité devront aussi se résigner : les frais de visa continueront à être payés. A moins d’obtenir ce précieux décret leur permettant de garder leur nationalité mauritanienne. L’appel est lancé.
Par ailleurs, le président mauritanien nie, « à sa connaissance », l’existence de pratiques d’esclavage. « N’est esclave que celui qui veut l’être ».
Il s’est enfin dit disposé à continuer à convaincre l’opposition de participer aux discussions qui vont s’ouvrir le samedi 17 septembre 2011 à Nouakchott en l’absence d’une partie de l’opposition qui dénonce une absence de garanties et, entre autres, le rejet -par la majorité- des accords de Dakar comme base de travail.
L’interview sera disponible dans quelques heures sur www.kassataya.com
Abdoulaye Diagana et Mariam Mint Baba
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