Mauritanie : le difficile pari de la croissance économique pour le

A partir du 1er septembre prochain, le SMIG mauritanien passera à 30 000 ouguiya soit une hausse de 43 pour cent avec une révision tous les 2 ans. Par ailleurs, les employeurs seront soulagés  en 2012 avec un allègement de la taxe sur les salaires fixé à 39 pour cent.

 

 

C’est ce qui ressort d’un accord tripartite cette semaine à Nouakchott entre le gouvernement, le patronat et les syndicats sauf la CGTM qui appelle à une renégociation  de cette convention collective. Les observateurs s’interrogent sur ce nouveau coup de pouce du pouvoir d’achat  des travailleurs qui ne règle pas pour autant la pauvreté qui ne cesse d’augmenter d’année en année dans un pays désertique à 90 pour cent.

Les mauritaniens ont cette fois-ci leur cadeau pour la fin du Ramadan 2011 puisque le panier de la ménagère va passer à 30 000 ouguiya soit une augmentation de 9 000 ouguiya du SMIG . Ainsi en ont décidé cette semaine à Nouakchott, le gouvernement, le patronat et les syndicats sauf la grande centrale CGTM( Confédération générale des Travailleurs de Mauritanie) qui n’a pas été associé aux négociations à cause d’une non reconnaissance officielle qui commence à perdurer depuis l’avènement au pouvoir du président Ould Aziz en juillet 2009.

Cet accord tripartite sera révisé tous les 2 ans.  Ce coup de pouce au pouvoir d’achat que la CGTM qualifie de clopinettes par rapport à la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité( blé, riz, sucre, lait, thé)  touchera également les employeurs seulement à partir de 2012 qui verront diminuer de 39 pour cent
les taxes sur les salaires. L’intention pour le gouvernement de Ould Laghdaf de relancer la machine économique ne règle pas les problèmes de fond avant tout structurels dans un pays où plus de la moitié  de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté. La croissance   de 5,3 pour cent du PIB hors pétrole escomptée cette année ne pourra pas profiter à cette majorité fragile à cause des résultats médiocres du secteur agricole dont la production couvre à peine les besoins alimentaires d’une population qui ne cesse d’augmenter d’année en année. Ce qui explique la faible participation de ce secteur à la croissance qui continue d’employer une forte main d’œuvre mais pauvre.

Au final c’est le contribuable qui a déboursé cette année près de 93 millions de dollars pour venir en aide tous les démunis. Cette politique d’assistanat grève lourdement sur le budget et fragilise toute initiative volontariste notamment en matière de création d’emploi. La formation professionnelle reste depuis des décennies le parent pauvre du système éducatif avec 300 000 jeunes non qualifiés. Ce qui constitue un lourd handicap aux petites et moyennes entreprises et aux secteurs de
services à la recherche de compétitivité. Et près de 65 000 jeunes sortent chaque année diplômés et se retrouvent sur le marché du travail. Ce chômage élevé qui sévit partout est un frein à la bonne gouvernance du couple privé-public essentiel à la réduction de la pauvreté. La situation actuelle de l’évolution de la production du minerai de fer incite à l’optimisme avec 12 millions de tonnes par an avec une perspective de 20 millions en 2014 et si l’on sait que la SNIM est une grosse pourvoyeuse d’emploi avec près de 5000 salariés et participant à hauteur de14 pour cent au PIB .De même le cuivre se porte bien avec 36 000 tonnes en 2010.La société des Mines de cuivre de Mauritanie emploie aujourd’hui près de 1300 personnes. Enfin l’espoir renaît avec la découverte récente d’un important gisement d’or au Nord du pays par la société TASIAST. La production est estimée à 2,3 millions d’once. Les autorités de Nouakchott ont intérêt à renouveler leur adhésion à l’Initiative sur la Transparence des industries extractives pour ne pas échapper à la surveillance des marchés et de la communauté internationale.

Un atout pour la Mauritanie de disposer d’un environnement économique viable pour attirer les investisseurs et les bailleurs de fonds
Depuis 2010 l’Ouguiya connaît de sérieuses dépréciations entraînant des dégâts collatéraux malgré un stock de réserves de change estimé à 287 millions de dollars soit l’équivalent de 2 mois et quelque d’importation. Pour l’Etat d’abord, la hausse des importations en céréales plus de 70 pour cent des besoins alimentaires et en hydrocarbures pénalise la balance de paiement du pays .Pour les consommateurs ensuite, l’envolée des prix rend inaccessible les denrées de première nécessité aux couches les plus démunies encore moins les fruits et légumes  produits de luxe pour elles tandis que la classe moyenne fait face de plus en plus à la hausse du prix de l’essence et du gaz. Cette tendance inflationniste va persister jusqu’ en 2012. Ce qui devrait conduire le gouvernement de Ould Laghdaf à baisser les dépenses
publiques et à augmenter les recettes fiscales au profit d’investissements publics. En définitive, l’augmentation du SMIG  ne va pas sans d’autres
mesures d’accompagnement et d’incitation du privé à la concurrence loyale pour lutter contre le chômage des jeunes et la fracture sociale. A défaut ce bol d’oxygène  risque d’être considéré comme un rachat de la paix sociale et une démarche purement électoraliste en dépit d’un éventuel report des législatives et municipales.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 25/08/2011)

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