La convention de pêche Mauritanie/chine (Interview)

La Mauritanie et la Chine sont liées par de nombreux accords de coopération, notamment en matière de pêche. Les bateaux chinois opérant en Mauritanie représentent 70% de la flotte nationale et bénéficient des avantages jusqu’ alors réservés aux opérateurs nationaux mauritaniens.

 

 

Les deux pays ont récemment signé une convention de coopération en matière de pêche que les responsables mauritaniens ont considérée comme « la plus importante (convention) jamais contractée par la Mauritanie avec un volume d’investissement de 100 millions de dollars ».
Le journaliste de l’agence de presse Xinhua a interrogé Moahmed Elhafedh Ould Ejiwen, directeur général de la programmation et de la coopération au ministère mauritanien de la pêche, évoquant des questions liées à la coopération entre la Chine et la Mauritanie en matière de pêche, notamment la convention signée avec l’ opérateur chinois Poly Technology inc (PTI).

Xinhua : Quelles relations de coopération en matière de pêche lient la Chine à la Mauritanie ?

Mohamed Elhafedh Ould Ejiwen(MEE): Les liens de coopération en matière de pêche entre la Mauritanie et la Chine sont relativement récents. C’est au début des années 1990 que la présence chinoise est devenue plus significative dans le cadre de la pêche de fond, jusqu’alors réservée aux nationaux. La flotte chinoise a commencé avec 120 navires, dont 80 restent encore en activité.

Xinhua: Que représente cette flotte chinoise ?

MEE : Cette flotte représente 70% de la flotte nationale en activité. Cela marque, sans aucune confusion, l’importance de cette coopération, où la Mauritanie a donné des concessions, jusqu’ alors réservées aux mauritaniens.

Xinhua : Où se situe la grande spécificité ?

MEE : Une dérogation spéciale est faite pour les navires chinois pour pêcher 80% des céphalopodes, généralement réservés aux navires mauritaniens. En plus, il y a des chinois qui ont commencé à s’installer en Mauritanie pour exporter les produits halieutiques. Il faut dire qu’une grande partie de ces pélagiques mauritaniens finissent par être exportés en Chine.

Xinhua : Que pensez-vous de la dernière convention signée avec l’opérateur chinois Poly Handong Fishery de Poly Technology inc ( PTI) ?

MEE : Cette convention signée récemment est très importante à plus d’un titre, car elle constitue un investissement de 100 millions de dollars avec la construction d’un complexe de transformation de produits pélagiques d’une capacité de 100 mille tonnes par an. Ce partenaire chinois va acquérir une flotte composé de 5 chalutiers pour pélagiques, 6 senneurs et quelques navires côtiers. Il va également ofrir, à titre gratuit, 100 embarcations de pêche de type moderne aux pêcheurs artisanaux.

Xinhua : Quelle est votre réaction par rapport aux critiques dont a fait l’objet cette convention ?

MEE : Il s’agit d’un investissement très important, s’élevant à 100 millions de dollars et fournissant 2500 emplois permanents aux Mauritaniens. Elle concerne 80 à 100 mille tonnes de pélagiques par an. Nous avons un potentiel de pélagiques important estimé à un million de tonnes par an, jusqu’à présent exploité par des flottes étrangères et débarqué hors du pays, par conséquent sans valeur ajoutée nationale pour cette ressource. Or, dans notre programme de développement du secteur, nous envisageons, d’ici peu, d’augmenter la valeur ajoutée nationale de 3 actuellement, pour la hisser à 8. En même temps, on va augmenter les emplois du secteur pour les amener de 36.000 à 150.000 emplois.
Ceci dit, cela nous amène à chercher des investisseurs étrangers pour domicilier les captures d’au moins 50% d’espèces pélagiques et 100% des espèces de fond (Demersales).
Ce qu’il faut dire, c’est que cette convention est venue à point nommé, car c’est la première convention à contribuer, de façon efficace, non à l’atteinte de nos objectifs stratégiques, mais aussi à assurer la visibilité d’un investissement important. Elle est surtout contractée avec un partenaire économiquement solide et stratégique au niveau mondial.

Xinhua : Que diriez-vous à ceux qui la critiquent ?

MEE : Parmi des détracteurs de cette convention, chacun y voit son intérêt, car le développement d’une activité de cette taille pourra toujours déranger certains intérêts particuliers. Ce qui est sûr, c’est que, toutes ces tracasseries n’ont pas empêché les pouvoirs publics d’aller de l’avant. J’estime qu’à la fin nous allons constater d’avoir bien fait de contracter un tel accord, avec un tel partenaire.
N’oublions pas que la Chine a toujours investi gratuitement en Mauritanie, voyez le port de Nouakchott, les grands édifices publics, etc…

Source  :  Xinhua via Rim24 le 16/08/2011

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