Les terroristes mauritaniens repentis bénéficient d’une aide financière

Les autorités mauritaniennes veulent aider les jeunes qui renoncent au terrorisme.

 

 

 

Les autorités mauritaniennes ont lancé, mercredi 10 août, une nouvelle initiative visant à réinsérer les anciens prisonniers salafistes dans la société, en leur apportant une aide financière pour se lancer dans une nouvelle vie.

Trente-six anciens détenus, qui avaient obtenu l’an dernier une grâce à l’occasion de l’aïd al-Fitr, bénéficieront de ce que le gouvernement appelle des « opérations d’insertion ». Ce programme vise à faciliter les opportunité d’emplois indépendants et à aider ces anciens prisonniers à trouver les moyens de gagner leur vie.

« Cette aide leur permettra, à l’instar de toutes les couches de la population mauritanienne, de s’insérer en bénéficiant de conditions morales et matérielles acceptables », explique l’Agence nationale de promotion de l’emploi des jeunes (ANAPEJ).

Le groupe qui lance cette opération est issu d’un partenariat passé entre l’Agence nationale de promotion de l’emploi des jeunes (ANAPEJ), le ministère des Affaires islamiques et les Caisses populaires d’épargne et de crédit (CAPEC).

Les projets présentés par les bénéficiaires ont été considérés comme « acceptables », ce qui leur a permis de bénéficier d’une aide financière d’un montant de 3 millions d’ouguiyas (7 500 euros) chacun.

Ahmed Ould Mouhamedou, directeur de la rédaction d’Akhbar Nouakchott, salue cette initiative, affirmant qu’elle est « encourageante en ce sens qu’elle permet à ces gens dont certains ont été détenus pendant longtemps de redémarrer une activité permettant de faire face aux problèmes de la vie quotidienne « .

« Grâce au dialogue avec les oulémas, ces gens ont réussi à reviser leur idéologie. C’est là une bonne chose. Je pense que l’amélioration des conditions de vie peut aider à faire face à l’extrémisme », commente Houssein Ould Medou, le président du Syndicat des journalistes mauritaniens (SJM), ajoutant que les autorités devraient également apporter un soutien aux diplômés sans emploi.

« L’initiative est bonne, mais il faut penser à quelque chose de plus pérenne, mettre en place un système éducatif plus adéquat et être beaucoup plus regardant sur le discours religieux au sein des mosquées », déclare pour sa part Mohamed Vall Ould Oumère, directeur de la Tribune.

Pour Abdellahi Ould Ebouh, porte-parole des anciens salafistes bénéficiaires de ce programme, il s’agit d’une mesure positive, qui vient « en réponse à un engagement pris auparavant par le ministère de l’Orientation islamique de nous donner de l’argent pour nous aider à nous intégrer dans la société après les années de prison ».

« Elle aide de nombreux jeunes qui espèrent créer de petites entreprises à s’adapter à la vie, notamment dans la mesure où la plupart d’entre eux sont originaires de familles pauvres et n’ont aucun moyen matériel », dit Ould Ebouh à Magharebia.

Ould Ebouh ajoute : « Mais l’objectif de cette assistance est de permettre aux prisonniers de compter sur eux-mêmes, après que certains parmi eux aient perdu les entreprises qu’ils possédaient avant d’être envoyés en prison, notamment parce que les chances de certains d’entre eux d’obtenir un emploi après leur sortie de prison sont très minces, certaines personnes se montrant réticentes à l’idée d’employer d’anciens terroristes. »

Ces aides sont destinées à « aider à la réintégration, à l’autodépendance et à la remise sur pied », a-t-il expliqué.

Dans le même contexte, Malek Ould Abdelvettah, un ancien prisonnier salafiste et ancien bénéficiaire de l’aide, dit : « J’apprécie également cette mesure qui vise à nous éviter certaines souffrances, mais pour moi, cela ne suffit pas parce que la prison nous a causé trop de dommages, que ces sommes ne sauraient compenser. Avant d’aller en prison, certains d’entre nous étaient étudiants, d’autres étaient engagés dans une profession et certains encore possédaient des entreprises, et le temps passé en prison a ruiné tout cela ».

« Le plus dur que nous connaissons, c’est le refus de certains proches et parents de nous employer au motif que nous avons été accusés de terrorisme », explique Ould Abdelvettah.

Un autre ancien prisonnier, Mohamed Cheikh Ould Mohamed, qui se fait appeler Cheakh, déclare : « Il ne fait aucun doute que cette initiative est bonne, parce qu’elle apporte un soutien aux jeunes ».

« Mais nous espérions que cette aide incluerait le reste de nos collègues parmi les prisonniers qui ont participé au dialogue et aux examens de jurisprudence qui ont conduit à notre libération, des prisonniers tels que Bachir Sal, Tahar Ould Bi et d’autres. J’espère convaincre le reste des prisonniers salafistes qui maintiennent encore leurs positions », déclare-t-il à Magharebia.

« J’espère qu’ils réviseront leur idéologie et reviendront dans des groupes sunnites modérés, afin de bénéficier de l’amnistie et de cette aide pour repartir dans la vie », conclut-il.

Bakari Gueye et Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 12/08/2011

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