Le Président mauritanien répond aux critiques

Dans une initiative rare, le Président mauritanien a répondu directement aux questions des citoyens, à leurs besoins et à leurs préoccupations.

 

 

Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a marqué le deuxième anniversaire de son investiture en offrant aux électeurs la possibilité de lui poser directement des questions.

« Cette manifestation est pour moi l’occasion de faire une rencontre directe avec le peuple, sans intermédiaire. C’est pour parler des questions politiques, économiques, sociales, de santé et de sécurité », a déclaré le Président Mohamed Ould Abdel Aziz lors de cette intervention, qui a eu lieu le vendredi 5 août.

Les Mauritaniens ont eu la possibilité de téléphoner et d’interroger le chef de l’exécutif sur leurs préoccupations. En réponse à une question sur le danger que pose al-Qaida, le chef de l’Etat a répondu que « actuellement, la situation sécuritaire a changé en notre faveur ».

« Nous avons multiplié des dizaines de fois nos capacités en matière d’hommes et de matériel. Sur le plan de la mobilité et de la logistique, les choses ont beaucoup changé. Et nous disposons d’une aviation qui n’existait pas et qui nous permet maintenant d’intervenir hors de nos frontières. Nous faisons tout pour sécuriser le pays car sans la sécurité, rien ne sera possible ; et nous n’accepterons jamais de subir le diktat des terroristes », a-t-il déclaré.

De plus, le Président a réfuté les accusations d’un parti de l’opposition selon lequel la guerre contre al-Qaida était menée pour le compte de la France.

« Cette guerre a pour objectif de défendre notre patrie et notre peuple. Cette guerre est financée par nos fonds propres, pas ceux de la France, même s’il est vrai que la France est un pays ami », a-t-il précisé.

Sur la question du tourisme, fortement affecté par la menace d’al-Qaida, Ould Abdel Aziz a déclaré : « Dans le nord, il y a maintenant une base militaire aérienne à Lemraya, qui couvre la zone de Lemgheity, Meshiya et Chegatt. Tous les trafics qui avaient lieu dans cette région sont maintenant arrêtés. Et toute la zone derrière Atar, Chinguetti et Ouadane est sécurisée. »

Le Président a également abordé le sujet très controversé des prisonniers salafistes récemment transférés vers une destination inconnue. « Il s’agit-là de dangereux criminels qui en prison sont restés en contact avec al-Qaida et continuaient de planifier des attentats. Ce sont eux qui ont commandité les attentats de Nouakchott, en envoyant deux véhicules chargés de 3 tonnes d’explosifs et l’attentat de Nema avec 1,5 tonne d’explosifs », a affirmé Ould Abdel Aziz.

« Les parents de ces terroristes condamnés à mort devraient plutôt s’apitoyer sur le sort des victimes du terrorisme », a souligné le Président.

Quant aux demandes des jeunes, Ould Abdel Aziz a souligné que « la jeunesse exige la liberté, des réformes de l’économie, de l’éducation, de l’emploi… Je suis entièrement d’accord avec elle. Mais la situation en Mauritanie n’est pas comme celle de la Tunisie ou l’Egypte. Nous n’avons pas de problème de liberté d’expression ni de libertés individuelles. »

Concernant la situation en Libye, le chef de l’exécutif a déclaré qu’il est « nécessaire de trouver une porte de sortie », ajoutant que « c’est le peuple libyen qui doit avoir le dernier mot ».

Les réactions à cette conférence de presse du Président varient largement, certains Mauritaniens espérant qu’il ferait plus pour l’économie, d’autres se disant impressionnés par le fait qu’Ould Abdel Aziz ait répondu à des questions sur des sujets délicats.

Pour le journaliste Mohamed Ould Limam, les réponses du Président n’ont apporté « rien de nouveau ». Il a souligné les mauvaises conditions de vie de la plupart des Mauritaniens, et expliqué que les récentes évolutions ne se reflètent pas dans la situation économique de la population.

« Quelles que soient les réponses du Président sur les problèmes économiques, j’ai été intéressé par l’aspect sécuritaire », a expliqué le professeur Salimou Oul Naji. « Il nous a rassuré face aux groupes terroristes, lorsqu’il nous a garanti la disponibilité des forces armées à prévenir toute attaque potentielle par des terroristes, et nous savons que la sécurité est une condition indispensable à la stabilité économique ».

Brahim Ould Dah, cadre bancaire, a déclaré à Magharebia qu’il avait apprécié « le courage et les réponses apaisantes » du chef de l’Etat.

« J’ai conclu de ses réponses qu’il est sérieux en matière de lutte contre la corruption dans ce pays, mais nous devons reconnaître la difficulté de cette tâche dans un pays où la corruption était monnaie courante depuis des décennies », a-t-il dit. « Pour moi, le fait que le Président ait accepté de parler et de répondre à toutes les questions prouve qu’il n’a pas peur d’affronter la vérité et que donc, il est sérieux concernant la résolution des problèmes, et que nous devons lui donner l’occasion de le faire. »

Salek Ould Mouloud, chômeur, a expliqué que ce dialogue « avait été frustrant pour nous, les jeunes, qui souffrons du chômage et de la pauvreté, parce qu’il n’a apporté aucune réponse à nos problèmes ».

« Je ne connais rien à la politique, la seule chose que je sais, c’est que le coût de la vie est encore élevé pour nous », a commenté Mariem Mint Imigen, vendeuse ambulante à Nouakchott. « Le blé, le millet et le maïs sont chers, et ils sont la source de mes revenus, et d’autres comme moi, à Nouakchott. Nous attendions du Président lors de ce dialogue qu’il annonce l’intention du gouvernement de réduire les prix ».

Bakari Gueye et Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 08/08/2011

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