Futures échéances électorales: La Tayie se reconstitue !

Ceux qui avaient parié sur les deux coups d’état en Mauritanie pour voir disparaître les débris de la Tayie dévorante en auront eu pour leur argent.

 

 

 

Serpent à sonnettes à mille têtes, l’ancien régime se reconstitue inlassablement pendant que les adeptes du Changement s’entredévorent. Dans ce climat politique confus, les roumouz de la Tayie n’ont plus aucune gêne pour assumer leur héritage douloureux.

Si la révolution de palais vécue dans notre pays a bien raté une occasion, c’est bien celle de demander des comptes aux sbires de la tayie et notamment aux dizaines de ministres et certains hauts fonctionnaires convaincus d’enrichissement illicite. L’impunité dont ils ont bénéficié, à l’autel de la préservation de la cohésion sociale, et de l’ouverture d’une nouvelle page, leur octroi aujourd’hui une nouvelle «virginité» politique pour rebondir.

Un goût d’inachevé en 2006
Si le putsch d’août 2006 a constitué le début d’une nouvelle ère politique avec le respect d’une transition de 19 mois avant l’élection d’un gouvernement civil, il y a toujours eu comme un goût d’une entreprise inachevée. Y avait-il des craintes pour les autorités de transition d’être éclaboussées par un passé partagé? Il est probablement vrai que le refus de « la chasse à la sorcière» avait été privilégié du fait des espoirs que faisaient naître cette nouvelle transition politique. La désintégration du PRDS qui a volé en éclats au lendemain du putsch contre son initiateur, devait penser que les chantres de la Tayie s’éclipseraient d’eux-mêmes face à tant d’accusations de dilapidation de deniers publics, de violations de droits de l’Homme et de mascarade démocratique deux décennies durant. Comme on le voit aujourd’hui en Egypte ou encore en Tunisie, le mal ne disparaît pas avec le départ du chef d’orchestre puisque ses serviteurs sont toujours murés derrière un rideau en attendant de sévir. La conséquence directe de cette «impunité » a permis à beaucoup de symboles de cette période d’exception «démocratique » de revenir par la grande porte des élections législatives et municipales anticipées mais aussi à la faveur du reniement de l’ancien président Sidioca qui avait fait de l’éviction de son équipe des tristement célèbres «roumouz al vessad » (Symboles de la gabegie). Promesse qui n’avait pas été tenue et qui s’est soldée par le retour en vrac des mêmes têtes de turc bannies par le premier putsch. Une telle réalité, à certainement conduit à un remake d’un autre putsch en 2008. L’Armée ne semblait avoir d’autres choix que d’intervenir à nouveau pour corriger cette anomalie politique.

Au secours, ils sont de retour
Tanguant à la faveur de leur opportunisme politique, les principaux adeptes de la Tayie avaient, ce laps, adopté le profil bas. Après s’être donc rebiffés, excepté Boidel Ould Houmeid, qui n’a jamais eu de cesse d’assumer son statut de serviteur de la Tayie pure (pire) et dure, voilà venu le temps des retrouvailles des vieux acolytes. Ils avancent aujourd’hui, sans masque, pour prendre leur revanche contre leurs adversaires de toujours. La tayie se cherche une nouvelle virginité avec pourtant toujours les mêmes visages. Loin de constituer une résignation, l’affaissement n’était apparemment qu’une mue en attendant le moment opportun. Ce qui arriva avec la mise en place, après l’élection présidentielle de juillet 2009, du parti Wiam, inscrit à la Coalition de l’Opposition Démocratique et dont les rênes sont confiées à un ancien baron du PRDS, Boidel Ould Houmeid. Le clan sort ainsi petit à petit la tête de l’eau et assume le bilan de son bienfaiteur, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya y compris son passif humanitaire. Jusqu’au ira cette ironie de l’histoire? Plusieurs dizaines d’années au service de l’ancien maître des lieux, ces personnes ont acquis à cette enseigne les moyens de leurs ambitions…pour un retour en arrière. Les futures élections pourraient leur servir de tremplin du fait de la résurgence de leurs forces et de leur désir de reprendre les commandes d’un pays qu’elles ont mis à genou.
 

Jedna DEIDA

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 17/07/2011

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