Affaire DSK : les mensonges de la femme de chambre

nafissatou-dialloSelon les procureurs, l’accusatrice de Dominique Strauss-Kahn a menti sur son emploi du temps juste après le viol supposé, mais a aussi dissimulé une partie de son histoire personnelle aux autorités américaines dans sa demande d’asile, alors qu’elle était sous serment.

C’est ce qui ressort du courrier adressé par le procureur de New York aux avocats de DSK. Voici le document, mis en ligne par le New York Times et traduit par Rue89. (Téléchargez la lettre en anglais)

Télécharger la lettre du procureur de New York aux avocats de DSK.« Dans sa demande d’asile datée du 30 décembre 2004, la plaignante a fourni au service de l’immigration et des naturalisations du département de la Justice des Etats-Unis des informations factuelles sur elle-même, son parcours et ses expériences dans son pays d’origine, la Guinée.

Des violences imaginaires en Guinée

Ces renseignements ont pris la forme d’une déclaration écrite attachée à un formulaire, et ont été soumis comme base de sa demande d’asile. Dans le formulaire, elle a certifié sous peine de parjure que sa déposition écrite était exacte.

En substance, la déclaration de la plaignante affirmait qu’elle et son mari avaient été persécutés et harcelés par le régime dictatorial alors en place en Guinée. La plaignante a notamment déclaré que la maison qu’elle partageait avec son mari avait été détruite par la police et des soldats agissant sur ordre du régime, et qu’ils les avaient battus.

Un faux visa

Quand son mari a tenté de retourner à ce qu’il restait de leur maison le lendemain, elle a déclaré qu’il avait été à nouveau battu, arrêté et emprisonné par la police et les soldats. Elle a affirmé qu’elle avait été également battue quand elle avait tenté de lui porter secours. Dans sa déclaration, elle a expliqué ces violences par le fait que le couple était opposé au régime. Elle a déclaré que durant son incarcération, son mari avait été torturé, privé de soins médicaux et qu’il était finalement mort des suites de ces mauvais traitements.

Après sa mort, selon elle, elle a commencé à dénoncer le régime et a finalement fui le pays. Craignant pour sa vie, elle est entrée aux Etats-Unis en juin 2004 pour y trouver refuge (elle a déclaré aux procureurs qu’elle avait utilisé un faux visa).

Elle a répété ces déclarations par oral au cours de l’examen de sa demande d’asile. Dans des entretiens liés à l’enquête sur l’affaire en cours, la plaignante a admis que les renseignements factuels qu’elle avaient fournis dans sa demande d’asile étaient faux.

Une version apprise sur cassette

Elle a déclaré qu’elle avait mis au point cette déclaration avec l’aide d’un homme qui lui avait fourni un enregistrement sur cassette des faits évoqués […]. Elle avait mémorisé cette version en écoutant l’enregistrement de manière répétée.

Au cours de plusieurs entretiens avec les procureurs, elle a réitéré ces mensonges quand elle était interrogée sur son histoire et son parcours, et elle a affirmé qu’elle avait agi de la sorte pour rester cohérente avec la déclaration effectuée lors de sa demande d’asile.

De plus, lors de deux auditions avec le procureur adjoint chargé de l’affaire, la plaignante a déclaré qu’elle avait été victime d’un viol en réunion par le passé dans son pays natal, et fourni des détails sur cette agression. Au cours de ces auditions, la victime a pleuré et semblait visiblement bouleversée en racontant cet événement.

Lors d’auditions ultérieures, elle a admis que ce viol en réunion n’avait jamais eu lieu. A la place, elle a reconnu qu’elle avait menti sur le fait qu’il avait eu lieu et inventé tous les détails, et que ce faux incident faisait partie du récit qu’on lui avait recommandé de mémoriser lors de sa demande d’asile. Actuellement, la plaignante affirme qu’elle est prête à certifier qu’elle a bien été violée dans le passé dans son pays natal, mais dans des circonstances différentes de celles qu’elle avait décrites.

“La plaignante a par la suite admis que ce récit était erroné”

Dans les semaines qui ont suivi l’événement décrit dans l’acte d’accusation, la plaignante a déclaré à plusieurs occasions aux enquêteurs de police et aux services du procureur qu’elle s’était enfuie, après avoir été agressée sexuellement par l’accusé le 14 mai 2011 dans la suite 2806, dans une zone du couloir principal du 28e étage et qu’elle avait attendu là, jusqu’à ce qu’elle constate que l’accusé avait quitté la suite 2806 et le 28e étage en prenant l’ascenseur.

C’est après cela qu’elle a raconté l’événement à sa supérieure hiérarchique, qui est arrivée au 28e étage peu après. Elle a déclaré que, dans l’intervalle entre l’événement et l’arrivée de sa supérieure, elle était restée au même endroit du même couloir du 28e étage, là où elle s’était réfugiée.

Une chambre voisine nettoyée avant de donner l’alerte

La plaignante a livré ce récit des événements lorsqu’elle a été interrogée par le Grand Jury sur ce qu’elle avait fait après les événements intervenus dans la suite 2806.

La plaignante a par la suite admis que ce récit était erroné et qu’après l’événement survenu dans la chambre 2806, elle avait nettoyé une chambre voisine puis qu’elle était retournée dans la suite 2806 et qu’elle avait commencé à la nettoyer, avant de raconter l’événement à sa supérieure.

De plus, la plaignante a indiqué que pendant les deux dernières années fiscales, elle a déclaré avoir à sa charge l’enfant d’une amie en plus du sien, dans le but d’obtenir un avantage fiscal supplémentaire. Elle a également admis avoir dissimulé des revenus dans le but de conserver son logement.

Enfin, au cours de cette enquête, la plaignante s’est montrée peu sincère avec les services du procureur à propos de divers sujets supplémentaires touchant à son histoire, son environnement, les circonstances présentes, et ses relations personnelles.

N’hésitez pas à nous contacter pour toute question.

Sincèrement,

Johan Illuzzi-Orbon, District Attorney Assistant

John (Artie) McConnell District Attorney Assistant »

Traduit par Mathieu Deslandes, François Krug et Pascal Riché.

Source: Rue89

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