L’Etat encore sur ses gardes à la place des blocs !

Depuis quelques jours la présence de la police sur la place des Blocs est impressionnante.L’image rappelle les moments de dure répression au temps où un dispositif policier affichait partout son visage dans la ville, à la moindre voix discordante.

 

 

 

Le mouvement du 25 février semble véritablement sonner le tocsin à chaque fois que ses militants mobilisent leurs troupes.Cette place symbolique fait-elle peur au pouvoir de Aziz au point que des consignes fermes de quadriller les lieux sont données.

Ce qui d’ailleurs loin de diminuer la détermination des manifestants ne fait que donner du crédit à ce combat. Et ce n’est pas pour rien que des dispositions draconiennes sont prises pour parer à toute éventualité. Voilà qui montre combien la puissance publique est fragile devant la volonté populaire. Comme le mouvement de la jeunesse du 20 février au Maroc qui fait beaucoup parler de lui au royaume chérifien, contre lequel des messages de diabolisation sont véhiculés par une certaine presse, celui de la fibre contestatrice de certains milieux politiques et sociaux ne laisse pas indifférent le président de la république. On a tenté de voir qui est derrière cette jeunesse sans avancer des preuves suffisantes de nature à retrouver les mains invisibles qui les manipulent. On a accusé ces gens-là -et c’est la mode dans tous les pays arabes – d’être à la solde de lobbies politico-religieux sans en fournir les certitudes. Mais pour qui roulent donc ces jeunes se demande de plus en plus une opinion qui a du mal à trouver des réponses autres que celles qui consistent à pointer un doigt accusateur sur des gauchistes qui cherchent à instrumentaliser les mécontentements des jeunes pour déstabiliser le pouvoir. Que l’Etat soit sur des gardes dénote de la stratégie sécuritaire classique employée dès que « la sécurité publique est menacée ». Mais l’est-elle réellement pour que toute cette force policière s’agite et s’énerve. Ou la peur est-elle plutôt de voir des politiques et des syndicalistes eux aussi mécontents se joindre à ce mouvement pour semer le chaos dans le pays ? Mais l’Etat n’est-il pas, sans se rendre compte, en train de donner plus de légitimité à ces jeunes qui exploitent la situation sociale qui prévaut pour justifier leurs actions. Malgré des tentatives de sape au sein des dirigeants du 25 février, l’élan de revendication n’est pas près de cesser car les motifs de grogne sociale ne manquent pas. Ni les programmes annoncés par le gouvernement pour insérer des diplômés chômeurs dans des secteurs de production, ni les concours ouverts dans les écoles de formation administrative , de journalisme et de la magistrature ne semblent dissuader cette jeunesse à ranger les slogans. N’est-il pas venu le moment d’écouter les meneurs de ce mouvement pour apporter des réponses aux revendications posées loin de toute volonté de politiser le débat et de toute diabolisation de ce phénomène avant tout social et qui ne remet pas en cause les acquis déjà faits si on veut réellement dépasser les faux postulats pour nous situer sur le terrain de la réalité. Il serait incongru de vouloir présenter la situation sociale du pays en rose pour ne pas donner le droit à la revendication et aux critiques. Les temps ayant changé il faut faire évoluer les positions et accepter d’instaurer un dialogue franc et permanent entre les politiques et les populations …

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 29/05/2011

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page