La Mauritanie et l’Espagne ont une longue histoire de relations étroites, dictées par des intérêts communs, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.
Le secrétaire d’Etat espagnol pour la Sécurité, Antonio Camacho, a réaffirmé ces relations étroites lors de sa récente visite en Mauritanie, lors de laquelle il a rencontré le ministre mauritanien de l’Intérieur Mohamed Ould Beilil et le ministre de la Défense Ahmed Ould Di Ould Mohamed Radhi.
Lors d’une réunion organisée le 26 avril à Nouakchott, ces hauts responsables ont parlé de la coopération entre les deux pays dans les domaines de l’immigration clandestine, de la lutte contre le terrorisme et du trafic de stupéfiants.
Le gouvernement espagnol a confirmé son engagement à renforcer la coopération sécuritaire avec la Mauritanie pour contrer la menace d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et répondre aux autres menaces pour la sécurité que partagent les pays du Sahel et de l’Union européenne.
Camacho a parlé des moyens de mettre en place de nouvelles formes d’assistance, bilatérale ou multilatérale, visant à répondre à ces menaces, en soulignant l’importance stratégique que l’Espagne confère à sa coopération avec la Mauritanie.
Les deux parties sont convenues de mettre en place « une équipe conjointe pour la coopération entre les agences de police dans la lutte contre les trafics de drogue ». Selon ce communiqué, elles se sont également penchées sur la possibilité de renforcer les contrôles aux frontières, de promouvoir la coopération et le développement entre les deux pays.
Outre ses rencontres avec les ministres à Nouakchott, le ministre espagnol s’est rendu dans la ville de Nouadhibou, dans le nord du pays, qui est l’un des principaux points de départ des immigrants clandestins vers l’Espagne. Cette visite avait pour but de constater les efforts mis en place pour contenir les flux de harragas vers les îles espagnoles des Canaries.
Cette visite « vient témoigner de l’appréciation des efforts déployés au cours de l’année dernière par la Mauritanie pour empêcher les migrants africains de parvenir en Espagne, un phénomène qui s’est fortement ralenti », a déclaré le journaliste mauritanien Bechir Bebana.
« Mais cette visite constitue également un avertissement pour le gouvernement mauritanien, quelques jours après la publication d’un rapport préparé par une organisation non gouvernementale espagnole travaillant dans le domaine de l’immigration clandestine, qui a confirmé que Nouadhibou comptait actuellement quelque 30 000 migrants potentiels », a ajouté Bebana.
« Les relations entre la Mauritanie et l’Espagne sont fondées sur tout un ensemble d’intérêts, notamment sur le fait que l’Espagne considère la Mauritanie comme un point de transit majeur pour l’immigration clandestine », a expliqué le politologue Said Habib. « Le gouvernement espagnol offre donc à la Mauritanie un soutien sécuritaire et logistique, pour lui permettre d’empêcher des milliers d’immigrants clandestins d’atteindre les îles espagnoles des Canaries. »
Et Habib d’ajouter : « Le gouvernement espagnol souhaite suivre l’évolution de la situation en Mauritanie, en apportant un soutien technique, logistique et militaire pour renforcer les capacités sécuritaires de la Mauritanie, par le biais de cours de formation pour ses responsables, de la mise à disposition d’avions de surveillance et de contrôle, et de la participation au financement des centres d’accueil des immigrants clandestins et à leur retour dans leurs pays d’origine. »
« L’Espagne est reconnaissante envers la Mauritanie qui a réussi à stopper les flux de migration vers son territoire au cours des deux dernières années », a-t-il déclaré. Il a également souligné les fortes relations économiques entre les deux pays, notamment en termes de commerce maritime.
« L’Espagne considère la Mauritanie comme un terreau fertile pour la croissance des mouvements terroristes », a expliqué le journaliste Sayed Ahmed Ould Atefil.
Après l’enlèvement de plusieurs ressortissants espagnols en territoire mauritanien, a-t-il ajouté, l’Espagne a spécifiquement tenu à apporter son soutien à la Mauritanie dans la lutte contre ce phénomène.
Jemal Oumar
Source : Magharebia le 02/05/2011