Célébration de la fête internationale de la Femme : Un changement d’attitude nécessaire

Le 8 mars est une fête internationale dédiée à la femme. La Journée internationale de la femme est l’histoire de femmes ordinaires qui ont fait l’histoire;

 

elle puise ses racines dans la lutte que mènent les femmes depuis des siècles, revendiquant l’égalité des droits, de meilleures conditions de travail et le droit de vote, pour participer à la société sur un pied d’égalité avec les hommes. Elle a été officialisée par les Nations Unies en 1977.

Du coup, cette journée est célébrée par la communauté internationale tous les ans par des groupes de femmes dans le monde entier. Elle est également célébrée à l’ONU et, dans de nombreux pays. Lorsque les femmes de tous les continents, souvent divisées par les frontières nationales et par des différences ethniques, linguistiques, culturelles, économiques et politiques, se réunissent pour célébrer leur Journée, elles peuvent voir, si elles jettent un regard en arrière, qu’il s’agit d’une tradition représentant au moins 90 ans de lutte pour l’égalité, la justice, la paix et le développement. En Mauritanie, comme partout ailleurs dans le monde, c’est une journée de manifestations diverses. L’occasion pour les femmes mauritaniennes de revendiquer l’égalité, de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société. Traditionnellement les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le pays, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition des femmes, fêter les victoires et les avancées. La fête du 8 mars 2010, le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz donnait le ton de l’importance que l’Etat accorde aux femmes en graciant par décret présidentiel, conformément à 37 de la constitution, 4 femmes détenues de droit commun. Selon le texte du décret, ces quatre femmes n’ont pas « commis d’infractions liées au crime de sang, au terrorisme, au viol et au trafic de la drogue ». Faut-il le souligner, le geste était une première en faveur des femmes condamnées pour des délits de droits commun depuis la commémoration de cette journée décidée en Mauritanie en 1970, soit cinq ans avant sa proclamation par les Nations Unies comme fête internationale. En outre, la présence des femmes s’affirme de plus en plus dans tous les domaines de la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays. 20% de femmes au parlement et six ministres au gouvernement dont le poste de ministre des Affaires étrangères, occupée pour la première fois par une femme dans le monde arabe.

Plus d’écoute à leurs doléances

Nul doute que le 8 mars 2011 sera célébré par le département des affaires sociales, de l’enfance et de la famille de Mme Moulaty Mint El Moctar. Célébration essentiellement marquée par une exposition d’art au centre de formation féminine de Nouakchott. Toutefois, il est de bon ton de signaler que la célébration de la fête internationale a perdu de son lustre d’antan. Autrefois bien fêté et gracieusement, la fête du 8 mars 2011 risque de connaître des travers à l’exemple de celle qui l’a précédée. Pour rappel, l’exposition d’art de l’année dernière n’a pas été sereine. Coopératives et associations ont été nombreuses à se plaindre d’injustice du département sur des questions de financement d’Activités Génératrices de Revenus, le manque d’intérêt de l’Etat à leur sort, le favoritisme du département des affaires sociales, de l’enfance et de la famille, les déguerpissements dont elles sont l’objet des endroits occupés illégalement… Cependant, la fête de la femme ne se résume pas qu’à une exposition d’art. Cette journée est aussi mise à profit par d’autres femmes pour faire part de leurs doléances, notamment : l’arrêt de la discrimination envers les femmes, des mutilations génitales féminines (MGF), le mariage d’enfants, la marginalisation politique des femmes des groupes ethniques établis dans le sud du pays et le travail des enfants.
Pour tout dire, cette fête offre l’occasion de penser au rôle crucial que la femme mauritanienne joue dans le développement du pays. Dès lors, elle devrait inspirer une pensée particulière pour toutes celles parmi elles, au prix de nombreux sacrifices et parfois de souffrances, ont contribué à l’émancipation du pays. Elles doivent jouir de l’attention des pouvoirs publics pour toute l’abnégation et le courage qu’elles ne cessent de manifester à chaque instant de la vie, dans nos villes comme dans nos campagnes. Une attention particulière doit être apportée à celles d’entre elles qui souffrent dans leur chair et dans leur âme et pour toutes celles aussi qui perdent la vie en voulant en donner. Raison pour laquelle, en ce jour de fête dédié à la femme, il est plus que jamais urgent pour l’Etat et ses démembrements de s’engager sérieusement à ne plus admettre les tragiques incidents dont certaines femmes mauritaniennes sont victimes au foyer, dans leur lieu de travail et dans la rue. Elles ne doivent plus faire l’objet de discriminations dans les domaines de l’emploi, de la formation, des responsabilités, et des revenus. D’autant que notre culture traditionnelle appelle au respect de la femme. La femme est sacrée, parce qu’elle donne la vie et il n’y a pas d’avenir pour l’homme sans la femme. C’est avec elles que se construira une société juste, équitable et digne pour les enfants et pour toutes les générations à venir. Ne l’oublions pas, elles sont nos mères, nos épouses, nos sœurs, nos filles et nos amies. Par conséquent, faisons en sorte qu’elles prennent toute leur place dans la communauté. Bonne fête !

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 07/03/2011

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