Malaise social : Le Gouvernement ménage les susceptibilités

L’Etat manifeste depuis ces derniers jours une attention décuplée à tout malaise politique ou social susceptible ; d’être récupéré par les manifestants du groupe des jeunes du 25 février, pour grossir les rangs de la grogne

 

et caresser l’espoir très cher à certains cercles politiques et socioéconomiques, se présentant comme des exclus, pour faire trembler le régime en place, à défaut de le forcer à la sortie prématurée, à l’instar des révolutions qui se sont produites en Tunisie, en Egypte et En Libye.

C’est assurément pour anticiper toute insurrection et toute solidarité des potentiels foyers de contestation que Premier ministre, Dr. Moulay Ould Mohamed Laghdaf avait annoncé, la veille d’une manif, la mise sur sur pied dans les six prochains mois des grands projets dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, garantissant l’absorption de 17.000 demandeurs d’emploi non qualifiés. Un discours improvisé fait sur des sites récemment aménagés à des fins d’affectation à l’habitat décent au profit de centaines de familles déplacées des quartiers périphériques suivi quelques heures après par une réouverture des inscriptions des ménages non recensés, alors qu’auparavant, l’opération d’enregistrement était déclarée arrivée à terme. Dans cette même allocution, le chef du gouvernement a joué de tous les décibels pour convaincre une opinion désabusée et lassée des promesses sans lendemain. En effet, la fermeté du pouvoir d’améliorer les conditions des populations à faible revenu est une volonté officielle qui n’arrive pas à se matérialiser sur le terrain de la réalité, pour des habitants aujourd’hui témoins de la force des peuples à prendre leur destin par eux-mêmes. Reste à savoir jusqu’à quand peut tenir la patience des mauritaniens selon lesquels ces actions n‘arrivent pas à calmer la rue qui est de plus en plus occupé par des frustrés, dénonçant la négligence de l’administration, la flambée des prix …

Si du moins, au niveau politique, le président de la république vient de montrer le bon exemple en donnant des instructions fermes au parti-Etat de ne pas ériger le système despotique en nommant ses proches aux postes clés dans cette formation, conduisant du coup au limogeage de son gendre ; ce qui est une décision politique sage ; le pouvoir doit veiller aussi pour ne pas être emporté par les torrents des milieux déterminés à jeter l’huile sur le feu.
Il s’agit des partis politiques qui appelant régulièrement au dialogue peuvent se révolter contre cette attitude anti-démocratique et tâter toutes les autres pistes, telles que le droit de grève, de manifester pour réclamer cette part du multipartisme que la constitution leur garantit.
Déjà des voix s’élèvent au sein de la majorité pour revendiquer ce dialogue dont le régime en place a plus intérêt aujourd’hui que l’opposition, pour se maintenir.

L’autre danger qu’il y a lieu de prendre au sérieux, c’est les cercles privés qui, contrairement à la politique prônée par les autorités visant à anticiper tous les malaises politiques et socioéconomiques, avaient décidé d’augmenter le prix du pain de 10 Um à compter du 1e mars courant. Une mesure tout à fait contradictoire à l’action gouvernementale visant à juguler les prix, conduisant des lycéens et des élèves d’Aioun à manifester dans les rues. A ce rythme, avec des manif dans la capitale et à l’intérieur du pays, il faut agir vite pour calmer les mécontents et pour contenir les malaises qui en grandissant mènent souvent à des débordements et par conséquent à des provocations qui peuvent être fatales pour le pouvoir.

MOML

Source  :  Le Rénovateur le 02/03/2011

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