A l’instar où le monde entier est confronté à une crise financière internationale qui a mobilisé et apeuré toute l’humanité, il semble très opportun voire même prépondérant de s’interroger sur les conditions des individus qui sont installés dans ce marché.
Ils sont là prés de deux décennies, sous l’attente des promesses des autorités qui ne sont jusqu’ici tenues. Le marché est occupé à l’intérieur par des vendeuses de poissons et des légumes, et à l’extérieur des commerçants de poulaillers, sans oublier les artisans de fourneaux et de marmites qui passent tout leur temps à produire des vacarmes. Mais, si les travailleurs de ce lugubre lieu se sont habitués à la situation, il n’est pas rare d’apercevoir des piétons mêmes les plus hâtifs se boucher le nez au passage. Ce qui fait que ce marché n’est visité que par les moins nantis pour ne pas dire pauvres. C’est de la même manière que les individus issus de la classe moyenne côtoient les grands marchés de la ville. C’est une évidence qui reflète la réalité sociale.
Exposés à tous les dangers des lieux connus pour être le fief de tous les rebuts de la ville, les commerçants de toutes les générations confondues passent des longues journées dans ce milieu vestibule aux odeurs nauséabondes en entendant probablement les éventuels clients. Comme on le constate, le marché est envahi par les ordures, ce qui fait qu’il est plus connu par un plus célèbre nom à savoir : Marché «EFF», faute de ses allures. Il s’agit là d’un environnement vraiment inaccessible. Avec tout, l’on voit encore des femmes vendre aux alentours, malgré les déplacements qui se font jour par jour.
Ces gens sont ceux que l’Etat a fait tourner du marché de l’Arrêt Bus, en passant par celui du Sebkha et qui ont finalement atterri dans cet étroit lieu soumis à des problèmes éternisés entre eux et les autorités.
A cela, il faut ajouter, les va et vient, c’est-à-dire les perturbations quotidiennes des autorités, qui leur décaissent avec le paiement des impôts. Bref, le rêve des commerçants d’ici, semble être brisé.
Par conséquent, nous avons entrepris un reportage relatant entre autres, les réalités que sont confrontés les différents commerçants.
Néné a commencé dans le commerce des poissons, il y’a de cela 25 ans, mais avant de s’installer au marche des jardins, elle avait commencé par le marché de l’Arrêt bus en 1982 nous confie t-elle. Elle fût déplacée avec de nombreuses commerçantes, c’était en 1989 en pleines émeutes souligne t –elle, cette fois au marché de Sebkha. Aujourd’hui, elle bénéficie à peine d’un hangar qu’elle a même construit depuis son installation, il y a de cela 5 ans à peine.
« Au début de mon travail, j’ai été soumise à des maintes difficultés, mais avec l’aide d’ALLAH, j’ai pu surmonter quelques problèmes qui risquaient à me mener à la faillite. Je procède à l’achat des caisses de poissons à la mer que je revends à mes clients. Le transport coûte 300 Um par caisse, tandis que, les prix sont tributaires des côtes, parfois, c’est accessible, comme ça peut être cher.
Par ailleurs, les étrangers achètent plus que les Mauritaniens, car la majorité d’eux sont des propriétaires de restaurants, quant à nos parents, ils paient généralement que les provisions quotidiennes. Cependant, le problème qui nous guette fréquemment, demeure le harcèlement des quémandeurs des impôts, qui nous obligent de verser chaque matin une somme de 500 Um, malgré les problèmes que le commerce rencontre de nos jours. ».
A l’heure ou elle n’a pas terminé de répondre à notre questionnaire, quelques éléments de la sécurité demandaient les impôts. A notre grande surprise, ils n’étaient pas accompagnés d’un agent de la mairie comme, il est édicté dans les textes juridiques. Et l’on sait que ce travail n’engage que les auxiliaires des Communes. Donc nous avons compris qu’il y a un véritable harcèlement qui est imposé à ces pauvres commerçants à la quête de quoi nourrir leurs familles. Sous cette contrainte arbitraire, de la part des policiers sur place, Néne téléphonait à une tiercé afin de chercher une intervention extérieure. Mais hélas, comme sa voisine a versé, elle sera obligée de le faire bon gré mal gré. Ici encore, ajouté aux pressions des policiers, la crise financière que traverse le monde est ressentie dans la mesure ou d’après les propos de Néné, elle a commencé de constater des repercurssions, car, la cliente fait défaut. Mais, ce qui déçoit plus notre dame, c’est que malgré qu’elle verse chaque année une somme de 20 000 um, elle n’est pas encore propriétaire de la place . Et, pourtant, cette somme répond à ces critères.
Selké était auparavant au marché Maroc avant de s’installer sur cette place qu’elle occupe provisoirement. Elle a passé presque toute sa vie dans ce maigre commerce pas loin de trente ans. Selké ne vend rien d’autres que des légumes que les gens achètent rarement. Avec cette petite entreprise, elle nourrit quand même nous confie t-elle une grande famille qui loge à Basra l’un des quartiers périphériques de la ville. Ayant piété d’elle nous l’avons questionner de savoir comment vous gagner votre vie, elle nous répondus sagement : « Tout dépend de que Dieu me permet de gagner, quant à moi, je ne fais qu’attendre, car des fois la situation de famille se complique de manières qui sont peu normales. Mais, avec la Volonté d’Allah, je surmonte avec mon petit commerce. ». Ici, loin de ce que le travail puisse apporter à savoir la liberté et la dignité de l’individu, l’au-delà, mieux encore l’autre invisible reste le seul recours.
Il faut dire que lorsque, l’injustice gagne un domaine et qu’il devient de plus en plus imposition insupportable, il n’est pas rare de voir surgir des révolutionnaires, qui par conséquent deviendront les bouches des sans bouches. Le cas de Mariam et de Khoudy en est bel exemple. Ces deux femmes ne mâchent pas leurs mots, et dévoilent ce qui se trame en bas, elles nous ont livrés les secrets de ce marché. C’est-à-dire, les invectives et querelles qui entretiennent quotidiennement avec quelques éléments de la police dépêchés sur place. Somme toute, un véritable calvaire, car comme tous les locataires du marché, elles payent chaque jour des impôts qu’elles commencent en avoir trop.
« Au départ, on nous a promis qu’une fois avoir versé une somme de 20 000 Um, nous occuperons définitivement cette place, ce qui n’a pas été le cas. Donc, on nous a trompés, mais le problème ne se limite pas uniquement de cette duperie. Pire encore, les autorités continuent de dépêcher chaque jours des agents qui nous forcent de verser une somme de 500, sinon nos articles se voient confisquer. Nous pensons que ces réactions constituent une pure injustice. Et après tout, des gouvernements se sont succédés sans pour autant réagir à nos doléances. Donc, il n’y a que nous pauvres qui payent les pots cassés, alors que devons de plus nourrir des grandes familles. Tout le monde ici a le même sort. »
Sur ce, nos deux braves dames lancent un appel très urgent aux nouvelles autorités afin de leur aider dans l’amélioration de leurs conditions de travail. Elles demandent avant tout, le droit de propriété après le versement des toutes les exigences c’est-à-dire de tous les dus.
Deuxièmement, elles veulent que le harcèlement que certains policiers leur imposent en l’absence de tout auxiliaire de la commune relevant de cette zone, cessent.
Si la junte se réclame le gouvernement des pauvres, elle doit s’orienter vers ces misérables commerçantes à la recherche de survie et arrêter toutes pressions soumises à leur égard.
Bâ Sileye
Source : Essirage le 28/02/2011