Le premier ministre tunisien démissionne

Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, le 17 janvier.AFP/FETHI BELAIDLe premier ministre tunisien par intérim, Mohamed Ghannouchi, a annoncé dimanche 27 février sa démission. « J’ai décidé de démissionner de ma fonction de premier ministre », a déclaré M. Ghannouchi, qui avait pris les rênes d’un gouvernement de transition après la chute le 14 janvier du président Ben Ali, chassé par la pression de la rue.

Cette décision intervient après plusieurs journées de contestations et de violences dans la capitale tunisienne. Parlant devant la presse, M. Ghannouchi a déclaré: « Je ne serai pas le premier ministre de la répression ». « Je ne suis pas le genre de personne qui va prendre des décisions qui pourraient provoquer des victimes. Ma démission fournira une meilleure atmosphère pour la nouvelle ère », a expliqué Mohamed Gannouchi. Il a ajouté: « Ma démission est au service du pays ». Depuis samedi, des affrontements qui ont fait au moins trois morts et des dizaines de blessés ont opposé des manifestants et la police dans le centre de Tunis.

Mohammed Ghannouchi, 69 ans, est un économiste mesuré et bon négociateur, qui a effectué toute sa carrière politique dans l’ombre de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali. Tentant de redorer son blason, il affirmait n’avoir été qu’un simple exécutant sous Ben Ali, tenu à l’écart des décisions importantes, dans une interview télévisée le 21 janvier, disant avoir eu « peur, comme tous les Tunisiens » de son ancien maître.

PREMIER MINISTRE DEPUIS 1999

Mais depuis sa nomination comme premier chef du gouvernement de l’après-Ben Ali, il n’a pratiquement pas eu un jour de répit depuis la chute et la fuite de l’ancien président le 14 janvier. La première équipe qu’il avait formée, avec notamment des poids-lourds de l’ancien régime, n’a pas tenu deux semaines. Au bout de cinq jours de manifestations sous ses fenêtres, il avait jeté l’éponge le 27 janvier et formé une nouvelle équipe expurgée, tout en sauvant sa tête.

Premier ministre sans interruption depuis le 17 novembre 1999, il était à l’origine entré au gouvernement comme secrétaire d’Etat auprès du ministre du plan en septembre 1987. Un mois plus tard, fin octobre, il devenait ministre délégué chargé du plan auprès de M. Ben Ali, alors premier ministre, soit quelques jours avant l’éviction du président Habib Bourguiba, le 7 novembre et la prise de pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali.

M. Ghannouchi, qui n’est devenu membre du Bureau exécutif du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir) qu’en 2002, est connu dans les milieux internationaux pour avoir participé à de nombreuses négociations avec des institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne. Souvent actif dans les instances internationales, partisan du renforcement de la coopération entre les pays du Maghreb, il était généralement le porte-parole fidèle de M. Ben Ali pour annoncer d’importantes mesures ou les remaniements ministériels. Cet homme marié, père de deux enfants, avait déjà donné des gages à la contestation populaire de son gouvernement provisoire, en démissionnant de ses fonctions du RCD et en promettant de prendre sa retraite à la fin de la transition.

Source: Le Monde

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