Post-scriptum : Dictateurs de tous pays méfiez-vous !

Quand les peuples se fâchent, les tyrans se cachent. Zine El Abidine Ben Ali a fini par céder sous la pression de la rue de son pays.

 

Celle-ci réclamait depuis un mois son départ avec une audace si inédite que plus d’un se demandait quelle mouche pouvait bien avoir piqué les tunisiens pour qu’ils se soient spontanément rebellés après avoir vu un pauvre marchand de légume s’immoler au feu en protestation à la saisie par les autorités de son pays de ce qui tenait lieu pour lui de gagne pain….

Triste fin de règne que celle d’un homme qui vingt trois ans plus tôt avait commis un « coup d’Etat médical » en ayant mis à l’écart un certain Habib Bourguiba jugé en état d’incapacité.

Ingrate destinée que celle d’un homme qui vingt trois ans durant a donné l’impression d’être un constructeur infatigable pour une nation dont la capacité de développement a été citée à plusieurs reprises comme exemple dans le continent africain.

Pour sortir de son illusion et passer à réalité, Ben Ali a eu besoin d’un certain Mohamed Bouazizi…Personnalité simple parmi les personnalités qui écrivent l’histoire de leur pays avec leur sang et leur chair sans tambours ni trompettes. Un de ces hommes que l’on peut sous-estimer mais qui peut sortir de leur sommeil dogmatique les tyrans et autres despotes éclairés….

Où sont passés les marchands d’illusions qui faisaient croire à Ben Ali que son peuple est à l’abri de la faim, de la soif et de la maladie et que par conséquent il n’a pas besoin de liberté… Celle dont abusent les gens en France, aux USA, en Italie, en Allemagne…pour un oui ou pour un non…Ils se sont gardés de soutenir le vent de changement avec la spontanéité qu’ils sont en train de mettre en Côte d’Ivoire par exemple.

Ni les grandes avenues scintillantes, ni les infrastructures enviables de leur pays, encore moins les classements aux premières loges des pays performants n’ont dissuadé ces braves tunisiens à réclamer ce dont ailleurs on abuse : la liberté.

Ce qui s’est passé en Tunisie est l’œuvre de ces personnes qui n’ont ni grade ni armes ; qui n’ont été décorés d’aucun galon ; mais qui n’avaient pour seule arme que leur désir de liberté…

Quel Général oserait se targuer d’avoir débarrassé ce peuple de son tyran ; si tant est qu’il faut percevoir Ben Ali comme tel ?

Quelle armée peut se glorifier d’avoir sauvé ce peuple alors qu’il s’est exposé aux balles de la police ?

Le peuple tunisien a donné la plus belle leçon à ceux qui veulent le changement : ce ne sont pas les putschs qui garantiront la démocratie…

Que ceux qui en ont commis et ceux qui en ont encore la tentation se souviennent de la chute chirurgicale de l’homme qui est arrivé au pouvoir par un putsch médical….Un certain 07 novembre 1987…

Kissima Diagana

Source  :  La Tribune N°533 du 17 janvier 2011

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