Une cérémonie de passation de témoin a eu lieu aujourd’hui, entre le président sortant de la COD, Abdel Qudouss Ould Abdeidna, président de l’UNAD et son successeur à la tête de la coalition des partis de l’opposition, Mahfoudh Ould Bettah,
président de la Convergence démocratique nationale (CDN) qui a fait l’allocution suivante :
Discours de Maitre Mahfoudh Ould Bettah, président du parti lors de la cérémonie de passation de témoin pour la présidence de la COD, Nouakchott, lundi 24janvier2011.
Messieurs les Présidents,
Cadres et militants de la coordination de l’opposition,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur pour moi de vous accueillir aujourd’hui à la Convergence Démocratique Nationale ; parti dont vous avez assisté à la création et pour lequel vous avez été le meilleur soutien en lui ouvrant vos cœurs avant de lui ouvrir vos portes et en oeuvrant à faire entendre sa voix et transmettre son message, afin qu’il contribue, avec vos honorables formations et dans le cadre de notre Coordination pionnière du combat de notre élite nationale, à concrétiser les aspirations de nos masses populaires, préserver le droit absolu de notre pays à la liberté, a la démocratie et a l’indépendance. Je vous remercie donc en mon nom propre et au nom de mes collègues pour l’appui que vous nous avez apporté et pour vos sacrifices pour le peuple mauritanien que l’histoire seule peut immortaliser.
Cette passation qui nous réunit aujourd’hui, m’offre l’occasion d’adresser mes sincères félicitations et ma gratitude à M. Abdel Quddus Ould Abeidna, président en exercice tournante de la COD et président du parti de l’Union Nationale pour l’Alternance Démocratique, pour son mandat, qui fut plein de rencontres, d’activités et d’événements. Nos félicitations s’adressent également à la direction, aux cadres et militants de son parti, pour l’action qu’ils ont menée tout au long de cette période.
Autant notre parti, la CDN, est fier de se voir confier cette tâche délicate, autant il mesure l’ampleur de la responsabilité de diriger cette coordination politique d’envergure nationale, à un moment où la situation politique du pays se complique et où aucune vision claire pour son avenir ne pointe a l’horizon.
Mesdames, Messieurs,
Jour après jour, il devient évident que le pouvoir issu coup d’état du 6 août 2008 est dans l’incapacité totale d’assurer la gestion des affaires du pays dans un contexte délicat au plan à la fois interne et externe, dans lequel la bonne gouvernance et la préservation de l’intérêt général de manière sincère et patriotique ne doivent pas être que de simples slogans.
Ne voyez-vous pas, mesdames et messieurs, comment la vie chère s’est installée au cours de ce mandat de misère, comment les diplômés chômeurs et travailleurs manuels s’entassent portant le taux de chômage à son plus haut niveau ? Ne voyez-vous pas comment les politiques économiques et sociales échouent les unes après les autres et comment les instances gouvernementales ne sont même plus en mesure de payer les salaires des fonctionnaires ? Et ne voyez-vous pas aussi comment la tyrannie s’installe et comment le chef du régime exerce tout seul tous les pouvoirs et en toutes choses, délestant ainsi tous les fonctionnaires et agents de l’Etat de leurs prérogatives ?
Mesdames, Messieurs,
L’un des plus graves préjudices subis aujourd’hui par notre pays, est la non réalisation d’un rêve longtemps caressé par tous les mauritaniens et les mauritaniennes, à savoir, une république des institutions et un Etat de droit dans lequel chaque citoyen jouit de ses droits et accomplit son devoir.
En lieu et place des quelques kilomètres de bitume dont se vante le régime actuel, tout le monde préférerait avoir des voies plus larges en matière d’exercice mature d’une démocratie dans laquelle le gouvernant accepte le point de vue contraire, avec un esprit ouvert au lieu de la militarisation et de la gouvernance à sens unique. Tout le monde aspire à des voies plus larges en matière de liberté d’opinion, d’instauration de l’Etat de droit, d’éradication de la pauvreté et de perspectives d’une vie décente pour tous.
Chers frères et sœurs,
La Coordination de l’Opposition Démocratique s’est employée, à travers ses déclarations, conférences de presse, colloques et meetings à donner des conseils à tous, contribuant ainsi à éclairer la voie devant la communauté nationale afin d’éviter au pays les dérives dans les lesquelles sont tombées d’autres nations.
Nous renouvelons aujourd’hui notre appel au pouvoir en place pour s’orienter, de toute urgence, vers un dialogue constructif avec l’opposition, non pas pour partager le pouvoir avec elle, mais pour mettre en place les mécanismes et conditions de nature à préserver le pays et de protéger ses institutions constitutionnelles encore fragiles, en application de l’Accord de Dakar, afin de déterminer les grandes tendances et de dégager un consensus autour de ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas.
Nous mettons ici en garde le pouvoir contre un simulacre de dialogue ; une mise en scène dont l’objectif unique est d’améliorer sa propre image aux yeux des partenaires, sans avoir un impact positif.
Parmi les plus importants sujets de ce dialogue, il y a le fléau des coups d’Etat à régler de manière définitive. Notre armée nationale doit revenir à sa mission première d’armée républicaine qui protège les frontières, renforce la sécurité sous l’autorité d’un pouvoir civil élu, loin de toute politisation.
Mesdames, Messieurs,
La COD, sensible à tout moment aux souffrances et aux espérances du peuple dont elle se tient aux premières lignes du combat, invite l’ensemble des mauritaniens et en particulier les élites nationales et les avant-gardes de jeunes, à assumer leur responsabilité et à ne pas se complaire dans l’apathie et l’insouciance des affaires publiques. Elle les exhorte à accorder davantage d’intérêt aux menaces qui pèsent sur le pays, alors que les défis internes et externes s’accroissent, en concomitance avec l’incurie du pouvoir et sa mauvaise conduite des affaires du pays, la dilapidation des richesses nationales et la perturbation par lui de la marche de développement, ainsi que la mystification constante des citoyens au moyen d’un discours populiste et démagogique creux.
La prochaine étape est une phase cruciale ; elle est même porteuse de développements imprévisibles, au vu des dangers auxquels nous sommes confrontés. La COD, considérant la délicatesse de la période, mettra l’accent sur l’éclairage de l’opinion publique à travers des réunions, des débats et des conférences de presse qui présentent la réalité de ce qui se déroule, afin que cesse la tromperie et la mystification, pour que les gouvernants ne puissent plus continuer à se jouer du destin du pays.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi enfin de m’adresser au régime en place pour lui dire, en toute clarté et en toute honnêteté : « Le peuple mauritanien n’accepte plus le pouvoir personnel parce qu’il en a fait l’expérience et en a goûté à l’amertume. Il ne se laisse plus berner par les slogans de « la Mauritanie nouvelle », ces slogans populistes et grossiers, démentis par les pratiques de tous les jours. Notre peuple ne se laisse plus mystifier par le slogan de la « lutte contre la corruption », qui est sans contenu, ni par « la présidence des pauvres » qui n’a servi qu’à rendre ces derniers encore plus pauvres. »
Le peuple mauritanien vit aujourd’hui un état de désespoir sans précédent, dont a été victime, malheureusement, le regretté Yacoub Ould Dahoud à la famille duquel je présente, en votre nom à tous et en mon nom propre, mes condoléances attristées, en souhaitant qu’Allah le Tout-Puissant lui inspire patience et accueille le défunt en son Saint Paradis. Je demande qu’on observe un minute de silence à la mémoire du défunt (Fatiha).
L’état de désespoir qui habite aujourd’hui tout un chacun conduira, inéluctablement, à une colère dévastatrice qui pourrait tourner, elle aussi sous la pression de la crise généralisée, en un soulèvement populaire conduit par une jeunesse qui en a assez du chômage et de la marginalisation ; un soulèvement dont les instigateurs seront des familles affamées et un peuple traumatisé.
La révolution tunisienne bénie – et dont nous sommes fiers – a donné la preuve de la fragilité des pouvoirs personnels et montré clairement que le peuple vaincront, inévitablement, la tyrannie s’ils se départissent des tergiversations, prennent l’initiative et s’arment de la volonté d’émancipation, comme l’a si bien dit Abu al-Qasim al-Shabi, repris en écho par le peuple tunisien rebelle.
Si le peuple décidait un jour de vivre, Le destin répondra forcément oui, La nuit se dissipera Et toutes les chaînes seront brisées
Vive la Coordination de l’Opposition Vive la Mauritanie libre, démocratique et prospère Tous ensemble pour un avenir meilleur pour tous les enfants de notre peuple
Je vous remercie
Source : CanalRim le 24/01/2011