Communiqué de presse conjoint

SOS-Esclaves, l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) et la Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme (LMDH) notent avec indignation le verdict rendu par la Chambre Correctionnelle de Nouakchott contre les militants anti-esclavagistes et défenseurs des droits de l’Homme en Mauritanie.

En effet, le jeudi 6 janvier 2011, la juridiction condamnait Biram Ould Dah Ould Abeid président de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA) et membre de SOS-Esclaves, Cheikh Ould  Abidine et Alioune Ould MBareck Vall à 1 an dont 6 mois d’emprisonnement avec sursis et 500.000 ouguiyas d’amende, à la charge du premier.

Balla Touré Secrétaire Général du Front pour la Lutte Contre l’Exclusion le Racisme et l’Esclavage (FLERE) et membre de l’IRA, Dah Ould Boushab membre de l’IRA et Maouloud Ould Boubi membre de SOS-Esclaves et de l’IRA, écopent de 6 mois avec sursis et d’une amende de 100.000 ouguiyas, à l’exception partielle de Dah Ould Boushab, lequel devra verser 10.000 ouguiyas.

Le verdict fait suite à l’accusation, portée contre eux le 16 décembre 2010, par le Parquet et le Ministère de l’intérieur, pour gestion et appartenance à une association non autorisée, rassemblement illégal et agression aux forces de police. L’affaire trouve sa source dans la dénonciation, par les susdits, d’un cas d’esclavage dont ont été victimes deux petites filles âgées respectivement de 9 ans et 14 ans qui travaillaient chez une dame, cadre de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM).

Une fois de plus, les autorités politiques ont confirmé leur hargne contre les militants anti-esclavagistes et les défenseurs de droits de l’Homme sur la foi d’une loi obsolète. En effet, le texte de 1964 régissant les associations est anti constitutionnel car il va à l’encontre de la constitution Mauritanienne de 1991, révisée en 2006 et des traités internationaux où le pays est partie. L’ensemble de ces instruments consacrent les libertés publiques, y compris la faculté d’association et de réunion.

La qualification de l’IRA, en organisation non autorisée, se trouve abrogée, de fait, par la loi de 2007 incriminant la pratique de l’esclavage et qui régit sa sanction pénale.  

Aussi, le jugement traduit-il la volonté politique d’intimider les militants anti-esclavagistes et les défenseurs des droits de l’Homme, par l’usage abusif d’une justice aux ordres, dont les liens consubstantiels avec les auteurs de tels crimes est avérée. L’absence de la moindre mise en œuvre de la norme de façade et le harcèlement systématique de toute initiative en faveur des victimes relèvent d’un racisme d’autant plus honteux qu’il stigmatise un groupe opprimé sur la base de la naissance et de la couleur de peau.  

Les partenaires de la Mauritanie se doivent d’assumer une position morale dans le seul pays au monde où la dénonciation de l’esclavage constitue un motif de passage en correctionnelle.

Ainsi SOS-Esclaves, l’AMDH, l’AFCF et la LMDH réclament-elles, sans délai ni conditions, la relaxe de Biram Ould Dah Ould Abeid et de ses deux codétenus.

Nouakchott le 14 Janvier 2011

Signataires :

SOS-Esclaves, Boubacar MESSAOUD Président

Association Mauritanienne des Droits de l’Homme, Me Fatimata M’Baye Présidente

Association des Femmes Chefs de Familles Aminetou Mint Ely Présidente

Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme, Me Mine Ould Abdallah Président

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