A qui profite la croissance ?

« En dépit d’un contexte international difficile, le gouvernement a mis en place une politique économique favorable à la croissance.

 

Le taux de croissance du PIB hors pétrole est estimé à 5,6% en 2010, contre -1,1% en 2009, la position extérieure du pays a été améliorée et l’inflation a été stabilisée autour de 5% en glissement annuel. L’activité économique a été soutenue grâce notamment à une expansion du crédit, une amélioration notable des exportations et un rebond de l’activité industrielle. En matière de finance publique, le déficit budgétaire a été ramené de 3,8% en 2009 à 3% du PIB hors pétrole en 2010 grâce, d’une part aux efforts soutenus de recouvrements des impôts et, d’autre part à la maîtrise des dépenses publiques.  

Par ailleurs, la lutte contre la pauvreté a été, au cours de l’année écoulée, au centre de l’action du gouvernement comme je m’y étais engagé devant cette  auguste assemblée il y a juste un an. Le troisième plan d’action du Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté a été élaboré. Ce cadre, qui porte sur la période 2011-2015, a fait l’objet d’une large concertation et sera adopté très prochainement. »[1] Voilà un  extrait de l’intervention du Premier Ministre  devant le sénat  la semaine passée. Il en découle que la dimension projective de la politique gouvernementale  s’éloigne, en grande partie,  de toute  programmation quantifiable fiable. La vérification des impacts socio-économiques demeure, à cet égard, péniblement mesurable, sauf  éventuellement  la mise en œuvre effective, de la part de l’actuel pouvoir, d’un cadre logique  de lutte contre la pauvreté  et la   finalisation d’un plan d’action  de dépenses à moyen terme.  Ce dernier est, selon le premier ministre, un  outil de programmation.  Il permettra, pour ainsi dire,  de lier l’allocation des ressources aux objectifs de développement tout  en   constituant  «  un élément fondamental de la politique de rupture avec la reconduction systématique des crédits, notamment les dépenses de fonctionnement ».  (Sic) 

Et le premier  ministre de poursuivre «les dépenses publiques sont passées de 374.620.410.000 UM en 2010 à 382.541.400.000 UM en 2011, soit une augmentation de 2.11%. Le budget au titre de l’année 2011 se caractérise par l’intérêt qu’il accorde à la réduction de la pauvreté et à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement, conformément aux directives du président de la République, et au troisième plan d’action du Cadre Stratégique pour la Lutte contre la Pauvreté. Cet intérêt s’illustre par le volume des ressources allouées aux secteurs de l’aménagement du territoire, aux infrastructures structurantes et aux ressources humaines, absorbant 107 milliards d’ouguiyas, soit 63.5% des dépenses d’investissement qui seront consacrées à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, à l’extension et à l’entretien du réseau routier et à l’amélioration des conditions de vie dans le milieu urbain. Ces ressources englobent également les efforts consentis pour relever le niveau de l’enseignement, l’accès aux services de santé et de nutrition, et les programmes favorisant l’emploi d’une importante main d’œuvre. » (Idem)  

Sur ce point, le taux de chômage qui est de 32%, représente toujours  un handicap majeur. Le gouvernement, selon toute vraisemblance, s’engage-t-il, prochainement pour une politique quantifiable permettant à la fois de réduire le chômage et la pauvreté (celle-ci  avoisine depuis belle lurette les 46%) ?  

Etant donné le ‘manquement’ de programmation pour la relance économique par l’emploi,   Je m’en doute.    

Quant à  l’inflation  qui est  d’après  les données officielles de 5%, elle reste  difficilement justifiable. 

 En tout état de cause,  les  prix  ‘ chez nous’ progressent de plus en plus et le pouvoir d’achat  du simple citoyen continue  sa tendance régressive qui risque si ce  n’était  pas déjà le cas  de faire ‘disparaitre’ toute  une classe moyenne. Ce qui sous-entend, bien sûr, à qui profite la croissance du PIB national ?  

Mohamed Fouad Barrada

Source  :  La Tribune via barrada.unblog.fr le 10/01/2011

 

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