(Mali). Attentat à l’Ambassade de France : Les certitudes et les hypothèses

Vingt quatre après le premier acte terroriste posé dans notre capitale, les commentaires vont bon train, avec leurs lots de rumeurs, d’exagérations, mais surtout de secrets. La police se tait comme une carpe.

 

L’Ambassade de France botte en touche. Le Ministère des Affaires étrangères vous renvoie au ministère de la Sécurité intérieure qui invoque l’impérieuse nécessité de discrétion. Une situation propice aux contre-vérités ou aux demi-vérités alors qu’en l’occurrence, vu l’extrême sensibilité de la situation, l’exactitude de l’information n’est pas l’alliée du terrorisme et l’ennemi des enquêtes.

Les certitudes : dans la journée du jeudi et dans certains milieux, y compris les plus sélects, des doutes avaient été exprimés sur la nationalité tunisienne de l’assaillant qui a tenté, le mercredi, de pénétrer dans les enceintes de l’Ambassade de France à Bamako. On aura même entendu qu’il était « Touareg ». Les sources policières sont formelles et la seules informations qu’elles consentent à donner porte sur l’identité de l’inculpé. Ainsi, comme l’avait déjà dit, hier soir, notre confrère Nouvel Horizon, le terroriste du nom de Senoun Béchir est né le 05 février 1986 à Tataouine, à un peu de 500 km de Tunis. Il est Tunisien.

L’arsenal du crime est aussi mieux connu aujourd’hui. L’assaillant avait un pistolet à neuf coups. En plus la bonbonne à gaz dont ont fait état, hier, et la police du 3è arrondissement et le communiqué officiel du gouvernement, et qui est la vérité, selon les sources françaises à Bamako, il y avait une grenade à fragmentation. Donc une arme de guerre, ce qui n’est plus tout à fait un jouet d’amateur. Il reste intéressant de comprendre pourquoi l’existence maintenant reconnue de la grenade n’avait été mentionnée officiellement ni côté français ni côté malien. 

La nature de l’acte ne pose pas problème non plus : c’est un acte terroriste isolé ou faisant partie d’un plan d’ensemble, ce qui, le cas échéant, validerait la piste Aqmi pour l’instant pas confirmée et même considérée avec quelques réserves par des connaisseurs de la nébuleuse.

La publicité -dont nous nous serions bien passé en ce moment- faite au Mali est aussi garantie. A 17h 30 hier, la recherche google signalait 123 articles internationaux sur l’affaire. A cela, il faudra ajouter les diffusions en boucle sur les radios et les télévisions pour se faire une petite idée du mal que Senoun Bechir a fait à notre pays, hier, avant de se retrouver derrière les barreaux.

La théorie de l’attaque dirigée contre les intérêts français est inexacte. Toute action de la nébuleuse sur le sol malien qui nuit aux intérêts et à la réputation de notre pays ainsi qu’à la stabilité des voisins et à la sécurité globale est une déclaration de guerre contre le Mali d’abord et mérite d’être prise pour tel.

Les hypothèses, il y en a, au moins deux. La première est de savoir si le terroriste a agi seul, -la thèse de l’autoradicalisation utilisée par les spécialistes- ou s’il exécutait sa partition d’un coup qu’Aqmi nous prépare. Ce sont les auditions du suspect qui permettraient de le savoir. Mais heureusement, elles resteront secrètes car c’est à ce seul niveau que la discrétion participe à l’efficacité des réponses. Quoi qu’il en soit, nous enseigne un spécialiste français, Aqmi revendique toujours ses actes, qu’ils échouent ou réussissent.

La complicité d’autres terroristes, ou en d’autres termes, l’existence dans la capitale Bamako et dans certaines de nos villes du Sud de cellules dormantes d’Aqmi, est évoquée dans les conversations sur l’attentat. Sans que nous ayions pu les recouper, les informations circulent sur l’audition, hier après-midi, de possibles suspects.

Adam Thiam

Source  :  Le Républicain via MaliWeb le 07/01/2011

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