Alors que s’engage depuis vendredi, à Manhasset, aux Etats-Unis, une quatrième rencontre informelle entre les principaux protagonistes dans l’affaire du Sahara occidental, Amnesty International a déploré le refus qu’il lui est opposé par les autorités algériennes (partie concernée dans cette affaire) à une mission d’enquête dans les camps de réfugiés sahraouis.
Les violations des droits humains dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, restés longtemps impunis, pourraient connaître une nouvelle tournure avec l’intérêt que voue désormais, après l’affaire Moustapaha Salma Ould Sidi Mawloud, Amnesty International aux multiples accusations de disparition de prisonniers sahraouis et de pratiques de torture contre les dissidents du Polisario. Cependant, cette volonté d’Amnesty est contrariée par l’attitude des autorités algériennes qui refuseraient, selon Amnesty International, l’accès d’une telle mission d’enquête sur le territoire algérien qui abrite les réfugiés sahraouis.
Affaire Sidi Selma, un nouveau déclic
Refoulé dans notre pays, il y a quelques jours, Moustapha Salma Ould Sidi Mawloud, ancien officier de la Police dans les camps de réfugiés sahraouis, entré en dissidence contre le Front Polisario pour avoir préféré battre campagne pour une solution d’autonomie élargie au Sahara Occidental, continue d’embarrasser la diplomatie algérienne, aujourd’hui épinglée par AI. Son arrestation avait, rappelle-t-on, soulevé un tollé international contre la tentative de le bâillonner. En effet, même pour Amnesty International qui avait milité pour sa libération de l’emprise du Polisario qui le séquestrait pour cette raison, «le soutien pacifique au plan d’autonomie ne doit pas être perçu comme un acte qui justifie les restrictions imposées à la liberté d’expression».
Affaire Moustapha Selma, la partie visible de l’iceberg
Son affaire qui a défrayé la chronique depuis qu’il a été jeté en prison, le 21 Septembre 2010, à la faveur d’un retour dans les camps de réfugiés, intéresse Amnesty International qui souhaiterait mener une enquête sur son cas mais aussi sur d’autres cas de violation des droits humains dénoncés et par les survivants de la torture et par les ayants droits des portés disparus dans les geôles du Polisario. Après l’arrestation de Mustapha Salma le 21 septembre et sa détention au secret par le Polisario pendant plusieurs semaines pour avoir soutenu la proposition marocaine d’autonomie au Sahara Occidental, Amnesty International avait mené campagne pour la libération du dissident. « Le soutien pacifique au plan d’autonomie ne doit pas être perçu comme un acte qui justifie les restrictions imposées à la liberté d’expression », avait affirmé l’organisation internationale.
Nonobstant donc la détermination d’Amnesty International de faire la lumière sur ces pratiques, sa volonté se heurte au refus des autorités algériennes farouchement opposées à une telle investigation d’AI.
Dans une déclaration à ce sujet, Malcolm Smart, directeur chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord d’AI a indiqué «nous ne sommes pas prêts à accepter un accès limité en Algérie », précisant que son organisation souhaiterait «avoir accès à tout le territoire algérien y compris aux camps de Tindouf » contrôlés par le Polisario. Cependant, note-t-il, «le gouvernement algérien nous a informés qu’en raison de nos reproches sur la situation en Algérie, nous ne pourrons pas visiter ce pays pour y mener des recherches». Et le responsable de l’AI de préciser que son organisation «trouve des difficultés à travailler dans ce pays» où l’affaire du Sahara dépasse les indépendantistes sahraouis incapables de s’autodéterminer par rapport aux projections des autorités algériennes elles-mêmes.
Pourtant des crimes abominables et une torture aveugle a émaillé les camps de réfugiés et suscité d’ailleurs, depuis 1987, une révolte sur le territoire algérien, sous administration du Polisario. Qu’ils viennent des villes sahraouis et ou de la Mauritanie, plusieurs centaines voire des milliers d’hommes et de femmes ont été sauvagement maltraités par les tortionnaires du Polisario. Plusieurs parmi les rescapés et les parents des disparus ont fondé des organisations pour réclamer justice et pour une mise à fin au cercle vicieux de l’impunité.
Jedna DEIDA